Tunisie/Energies renouvelables : Le projet de TUNUR verra-t-il le jour?

energie-20012012-art.jpgAnnoncé pour la première fois en 2009, le projet de production d’électricité
propre dans le Sud-ouest de la Tunisie –en l’occurrence à Rjim Maatoug- destinée
au marché européen verra-t-il le jour? En tout cas, en stand-by depuis plus
d’une année, le dossier est de nouveau –plus que jamais pourrait-on dire- à
l’ordre du jour.

En effet, à l’occasion du séminaire récemment organisé –avec l’aide de
l’ambassade du Royaume-Uni à Tunis et de UK Trade And Investment-, en vue de
mettre en exergue les aouts et l’impact positif du projet sur la Tunisie, Nur
Energie Ltd et sa filiale tunisienne, Tunur, ont réussi à initier un nouveau
round de discussions avec les autorités tunisiennes et, plus précisément, avec
le gouvernement issu des élections du 23 octobre 2012.

«Nous sommes en train de discuter avec le gouvernement et nous allons bientôt
lui remettre un dossier pour lui permettre de soutenir le projet», indique une
source proche du promoteur.

Nur Energie Ltd, qui se propose de mobiliser près de 10 milliards d’euros
d’investissements –selon la formule du “finance project“- sur cinq ans, avait
entamé les études de faisabilité en 2009 et les contacts avec le gouvernement en
2010. Mais l’initiateur de ce méga projet de production d’électricité propre
–quinze
centrales CSP (solaire thermique à concentration) d’une capacité chacune
de 133 gigawatts, soit un total de 2000 GW- s’est trouvé face à un premier
obstacle en voulant ouvrir une filiale en Tunisie: l’exportation d’électricité
n’y est pas encore agréée. Cette société est contrôlée à parts égales par la
société britannique et ses deux partenaires tunisiens: Fethi Somrani, patron du
groupe Top Oil, et Chérif Ben Khelifa, un homme d’affaires tunisien vivant en
France (Glory Clean Energy).

Nur Energie Ltd a contourné cet obstacle en domiciliant sa branche tunisienne au
Royaume-Uni.

Lors des récentes discussions, le ministère de l’Industrie a promis notamment de
soumettre le dossier à l’appréciation du conseil des ministres et, s’il est
validé, d’amender le Code des investissements pour y introduire l’activité
d’exportation d’électricité. Pour remporter l’adhésion des autorités, le
promoteur du projet met en avant l’importance de l’investissement envisagé et
son impact sur la région où il devrait être implanté –le Sud-ouest en
l’occurrence.

Selon l’un des associés, le projet permettrait de créer entre 15.000 et 20.000
emplois directs et indirects. Car Nur Energie Ltd prévoit le déploiement autour
du site d’une série d’unités industrielles pour fabriquer tous les équipements
–à l’exception des turbines qui devront être importées- nécessaires à la
construction des centrales, parmi lesquels les panneaux solaires, les câbles,
les roulements, les supports, 825.000 miroirs, etc. qui devraient être produits
sur place par des industriels européens et américains avec lesquels Nur
Energie
Ltd est en train de négocier pour les convaincre de venir s’installer à Rjim
Maatoug. Et «certains sont prêts à venir», assure notre interlocuteur.

Ce qui, le cas échéant, permettrait à la Tunisie –«qui ne peut prétendre
fabriquer des avions ou des voitures»- de maîtriser les technologies liées aux
énergies renouvelables, un secteur encore à ses débuts à l’échelle mondiale; et,
«pourquoi pas, d’en devenir exportatrice», défend un homme d’affaires.

Autre défi auquel sont confrontés les promoteurs du projet: garantir un coût au
kw/heure le plus bas possible pour pouvoir vendre l’électricité propre –encore
plus chère que celle produite par des moyens classiques. A cet effet, Nur
Energie Ltd table sur un taux d’intégration dans l’industrie locale de 60% et
espère que la «rémunération» de l’Etat tunisien «n’alourdira pas trop le coût de
production».

Jusque-là, c’est le modèle de la redevance –calculée sur la base du prix de la
location de la terre sur laquelle devrait être érigé le projet –qui est le plus
répandu dans le monde. Les promoteurs du projet de Tunur semblent, eux, préférer
payer en électricité en accordant à la Tunisie –si cette formule est acceptée–
la production d’une seizième centrale CSP à réaliser à Rjim Maatoug.