Le
gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Ennabli, a
déclaré, vendredi 8 juin, que “la décision de nommer ou de limoger le gouverneur
de la Banque centrale, qui intervient sous proposition du président de la
République et du chef du gouvernement, doit être adoptée par l’Assemblée
nationale constituante (ANC) conformément à la loi sur l’organisation provisoire
des pouvoirs publics”.
Lors d’une conférence de presse, qu’il tenait, vendredi à Hammamet, en marge du
congrès annuel de l’Association des économistes tunisiens (AET), le gouverneur
de la BCT a fait remarquer que “les propos avancés par le président de la
République pour expliquer son éventuelle destitution constituent “une première”
“grave” qui rappelle les pratiques de l’avant révolution où les décisions
étaient centralisées”.
“Le président a dépassé les prérogatives de l’ANC à laquelle revient, à elle
seule, l’autorité d’approuver ou de refuser la décision de révocation”, a
indiqué Ennabli en réponse aux déclarations du président de la République
concernant son intention de le destituer de ses fonctions et de le remplacer par
un nouveau gouverneur à la tête de la BCT.
Marzouki avait déclaré, la nuit de jeudi 7 juin, lors d’une émission sur une
chaîne tunisienne de télé privée, “qu’il a l’intention de limoger Ennabli malgré
son obtention du “Prix du meilleur gouverneur d’une Banque centrale en Afrique”,
expliquant sa décision par “le besoin de mettre en place une politique
économique sous le contrôle du peuple et non celui de n’importe quelle autre
partie”.
Mustapha Kamel Ennabli a précisé que la loi sur l’organisation provisoire des
pouvoirs publics vise à assurer l’autonomie de la BCT et de l’écarter de tous
conflits politiques, relevant que “le travail de la BCT en matière de
gouvernance de la politique monétaire accompli par ses fonctionnaires ne prend
en compte que l’intérêt national et que toute atteinte à l’égard de cette
institution n’est, en réalité, qu’une atteinte à la dignité de ses
fonctionnaires”.
M. Ennabli a démenti l’existence de désaccords entre le gouvernement et la BCT,
faisant état, au contraire, d’une coopération continue entre les deux parties.
“Je n’ai pas eu la chance de rencontrer le président de la République malgré les
demandes renouvelées que j’ai exprimées”, a fait remarquer le gouverneur de la
BCT. Et d’ajouter “personnellement, je ne suis pas avide d’autorité et j’ai
accepté de diriger cette honorable institution rien que pour servir la Tunisie
et son économie”.
“Les déclarations du président de la République ne sont pas une atteinte directe
à ma personne mais plutôt à une institution (BCT) qui doit continuer à jouer son
rôle loin de toutes pressions”.
Pour lui, “la Constituante a la prérogative de demander des comptes au
gouverneur de la BCT”, se félicitant de la décision de la Commission de la
planification, la finance et le développement, de tenir, le 19 juin 2012, une
séance d’audition qui sera consacrée à l’évaluation de la politique monétaire et
bancaire et à la note souveraine de la Tunisie.
WMC/TAP