Les résultats des différents sondages à la sortie des urnes pour les législatives de 2014 sont concordants dans les grands équilibres de la prochaine Assemblée des représentants du peuple. Nidaa Tounes prend donc la tête de peloton, suivi par Ennahdha, puis un tiercé composé de l’UPL, du FP et d’Afek Tounes avec des différences que les résultats finaux de l’ISIE départageront……
Mais il faut, d’ores et déjà, dire que ce tiercé (3ème, 4ème et 5ème positions- sera celui qui décidera de la nouvelle coalition que le Mouvement Nidaa Tounes devra composer pour gouverner. En effet, avec environ 80-84 sièges, le parti de Béji Caïd Essebsi –BCE comme on le nomme affectueusement- devra trouver entre 15 et 29 voix pour obtenir la majorité de 109 nécessaires pour gagner le vote de confiance du Parlement.
Gros dilemme! Car, l’UPL, qui n’est pas du tout en odeur de sainteté chez Nidaa Tounes, et dont le patron est en concurrence avec BCE pour la présidentielle, peut être gourmand et placer la barre trop haut pour accepter de s’allier à Nidaa. Et en excluant l’UPL, Nidaa devra compter sur les voix du Front Populaire et d’Afek Tounes qui, d’après les sondages actuels, ne peuvent pas totaliser plus de 25 députés.
Mais le Parti de BCE peut aussi compter sur le parti Moubadara de Kamel Morjane, et essayer par ailleurs d’amadouer quelques députés indépendants à qui certains sondages donnent presque le quart de sièges de l’Assemblée. Et nous pensons que le “salut“ de Nidaa Tounes et de son président réside, peut-être, cette “corbeille“ qui ne pourrait former un groupe parlementaire dans la future assemblée des représentants du peuple.
Gouverner dans un régime semi-parlementaire ou parlementaire est toujours un exercice difficile. Les spécialistes tunisiens et étrangers et les politologues de renom avaient, au moment de la rédaction de la Constitution, mis en garde contre les difficultés du régime parlementaire surtout dans une démocratie naissante et sans expérience démocratique (lire notre article: Le “piège“ identitaire dans la Constitution tunisienne!). Les risques pour la stabilité du gouvernement sont visibles dès les premiers pas de la recherche des alliances, et le chef du gouvernement peut se trouver dans une situation de fragilité telle qu’il n’arrive pas à prendre des décisions difficiles. Pourtant, le pays en aura beaucoup à prendre!
Mais qui aurait pensé il y a seulement quelques semaines que Slim Riahi, le “milliardaire“ controversé et le presque inconnu en Tunisie puisse être l’arbitre d’un match entre les deux vieux renards de la politique que sont Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi?
D’autre part, et en dehors de quelques incantations et quelques promesses controversées, l’UPL ne brille pas particulièrement par un programme économique innovant. Avec cela, le programme du Front Populaire et celui de Nidaa Tounes ne sont pas spécialement ni même partiellement compatibles, et les briscards du Front Populaire, du calibre de Mongi Rahoui, Zied Lakhdhar ou Adnan Hajji, vont donner du fil à retorde à leurs alliés quels qu’ils soient…
Alors, Nidaa Tounes a sans doute gagné les élections… Mais les difficultés ne font que commencer.
Bons vents !