Le remaniement annoncé dans la soirée du mercredi 6 janvier par le chef du gouvernement, Habib Essid, a été vivement critiqué par l’opposition dans la mesure où il sert uniquement l’intérêt des composantes de la coalition au pouvoir. L’on regrette, notamment, le fait que ce remaniement ne soit pas accompagné d’un programme de travail pour la période à venir.
Autre reproche, la réduction de la représentativité de la femme qui se limite désormais à 3 ministères (Femme, Tourisme et Culture) alors qu’elle était présente dans 5 secrétariats aux côtés de ces portefeuilles.
Pour Issam Chebbi, porte-parole du parti Al-Joumhouri, cette composition tient compte des équilibres au sein de la coalition au pouvoir, à travers «des réglages opérés à la veille du congrès de Nidaa Tounès».
Ce remaniement a permis au clan dominant au sein de ce parti de conforter sa position dans le gouvernement, a-t-il ajouté, regrettant la faible présence de la femme au sein du gouvernement.
L’annonce de la nouvelle équipe ministérielle n’a pas été suivie de l’annonce de changements des politiques adoptées jusque-là et qui ont échoué dans le traitement des dossiers socio-économiques.
Sur un autre plan, Issam Chebbi s’est dit non convaincu de la suppression du poste de secrétaire d’Etat, malgré le choix de l’austérité.
De son côté, le secrétaire général du Parti des Patriotes démocrates unifié (PPDU), Zied Lakhdar, estime que ce remaniement s’est basé sur les quotas partisans et s’est fait sous la pression pour conforter la position de certaines parties ayant profité de la crise au sein de Nidaa Tounès.
Le secrétaire général d’Al Massar, Samir Taieb, déplore l’absence de programmes et de visions dans le cadre de cette «répartition partisane entre le président de la République et le président du mouvement Ennahdha, les vrais dirigeants du pays».
Le départ du ministre des Affaires religieuses, Othman Battikh, s’est fait sous la pression d’Ennahdha qui n’a pas apprécié son recours à l’application de l’article 6 de la Constitution qui place les mosquées sous la tutelle du ministère.
Samir Taieb a ajouté qu’avec ce remaniement, Ennahdha exercerait son contrôle sur les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Energie, à travers des personnalités proches du mouvement.
Par contre, Abdelfattah Mourou, dirigeant d’Ennahdha, a qualifié de «positif» le remaniement, assurant que les nouveaux membres du gouvernement obtiendront le soutien du Parlement en cas d’accord sur les politiques qui seront adoptées dans divers secteurs. Il a ajouté qu’Ennahdha ne s’intéresse pas au quota partisan et que son souci demeure l’action du gouvernement en termes de programmes et de réformes.