Comme tout le monde ou presque, je regarde, abasourdie, le paysage politique secoué par des crises internes et externes provoquant des diarrhées verbales et écrites lors de débats télévisuels inter-“minables“, d’écrits journaleux et facebookesques, qui ne faisaient que rendre la situation encore plus opaque et surtout incompréhensible… On se demande pourquoi en est-on arrivé là. Un pays qui a traversé des moments délicats, qui a réussi à réunir les forces vives de la nation autour d’un quartet, réussi des élections et surtout atteint le firmament du NOBEL.
Et si on se remémore les événements des cinq dernières années depuis ce fameux jour où ZABA est allé se terrer dans son désert saoudien, on ne peut que constater que la vie n’est pas si rose et que les dérapages se suivent et ne se ressemblent pas, et que dans un environnement géopolitique de plus en plus complexe, les voies du seigneur sont de plus en plus impénétrables.
J’ai essayé un tant soit peu de reconstituer le cours des événements de toute cette période:
– Le 14 à 17h ZABA n’est plus là et il y a vacance de pouvoir; puis, après une valse-hésitation entre les A56 et 57, le président de l’Assemblée s’installe à CARTHAGE et appelle BCE pour former le gouvernement. La raison est simple: BCE n’était d’accord ni avec ZABA ni avec BOURGUIBA …
– BCE organise les élections, lesquelles de l’aveu de tous ont été les plus transparentes de la TUNISIE même si elles ont servi à installer ENNAHDHA au pouvoir: première fleur que fait BCE au GOUROU. A noter au passage que BCE et GHANNOUCHI, ces deux frères ennemis depuis plus d’un quart de siècle, sont aujourd’hui comme les deux faces d’une pièce de monnaie. BCE, le côté qui symbolise l’ETAT et ses symboles, et le gourou, le côté où est inscrite la valeur de la pièce, symbole de tout l’argent que son parti a reçu de tous bords. Il paraît que le montant dépasse largement celui des largesses que s’est permis l’ancien régime du 13 janvier.
– Mais, il y a toujours un mais, ENNAHDHA, dès son arrivée et ne voulant jamais être sur le front, installa un sacré zèbre à CARTHAGE avec le seul objectif de démolir l’image de l’ETAT, ensuite enfonce le clou en plaçant à son sommet des gens totalement incompétents. Cependant, ces «pôvres» bougres se sont trouvés confrontés à une société civile solide comme du béton dont les armatures sont mes chères compatriotes et aussi à un syndicat qui a su s’opposer à toute infiltration nahdaoui…
– Cette triste période fut marquée par des assassinats politiques dont on cherche toujours les auteurs, par la curieuse apparition du terrorisme de montagne qui est allé se nicher dans les anciennes cachettes du FLN, le développement du marché parallèle mettant l’économie dans le coma, dans un environnement marqué par la guerre infligée à la LIBYE et les gens de MORSI au CAIRE, alors que le GOUROU et son équipe de démolisseurs prenaient tout leur temps pour rédiger la nouvelle Constitution avec tous les clowns de service qui défilèrent au palais du BARDO…
– La société se mit à bouger et se retourna encore une fois vers BCE qui regroupa un peu tous ceux qui ne voulaient pas du GOUROU et de sa clique; BCE réussit un miracle malgré les gens du FRONT que j’appelle “les NO-NO“ dirigés par l’opposant de service que vous reconnaissez tous et qui, aujourd’hui, s’habille comme une star!
– Et là se passe un épisode mystérieux où deux principaux hommes politiques décidèrent de se rapprocher –l’un qui n’avait rien à perdre et l’autre tout à gagner- et ce fut la réunion de PARIS tenue en présence d’un extra-terrestre qui avait fait son beurre sous d’autres cieux. Que se sont-ils promirent, que se sont-ils dit? DIEU et ces 3 hommes le savent; mais le résultat est là: le GOUROU retira ses troupes et céda la place à une équipe neutre qui allait mener le pays à l’élection présidentielle où, curieusement, il n’avait pas de candidats à la magistrature suprême, et jeta en pâture le ZOUKI de service qui, encore une fois, ne bénéficia pas de la bonté divine malgré le coup de pouce tardif du gourou. Mais que faire contre un tsunami féminin qui voulait sauvegarder les acquis du pays? Ce que femme veut …
– On passe alors à la deuxième phase: installé à CARTHAGE, BCE commence à ne pas choisir un membre de son parti pour diriger le gouvernement. Est-ce une première concession faite au GOUROU? Peut-être, mais peut-être elle est restée insatisfaisante comme l’attestent les deux attentats qui, encore une fois, visaient un important secteur de l’économie et pas n’importe lequel: l’énorme caisse de résonance qu’est le tourisme.
– Parallèlement, l’environnement géopolitique se dégrade: La LIBYE tombe dans l’anarchie, l’ALGERIE subit le prix du pétrole, DAECH prospère, et malgré cela, le gouvernement ESSID commence à marquer des points, ce qui ne semble guère plaire, c’est alors qu’un troisième avertissement toucha le cœur du pouvoir, en l’occurrence la garde présidentielle, comme quoi personne n’était à l’abri de rien…
Et ce dernier rappel à l’ordre eut comme effet secondaire l’explosion de NIDAA alors que, sans que cela ne soit visible, ENNAHDHA a, elle aussi, implosé: NIDAA a perdu son aile gauche constructrice et NAHDA son aile droite destructrice! Cela peut expliquer l’allusion au couple volant faite par le gourou à SOUSSE, gourou qui continue à souffler le chaud et le froid, à avoir plus d’un tour dans son sac et surtout peut-être avoir tapis dans l’ombre des troupes fin prêtes à se sacrifier pour accéder au paradis et jouir des 80 vierges.
Là, encore une fois, le gourou est devant un dilemme: hormis les structures de l’Etat déjà mises à mal mais qui résistent, viser la population cela aura pour effet direct de perdre les élections municipales et comme pour rester dans le circuit –vu le refus de la société civile- voilà qu’aujourd’hui le gourou propose des listes communes avec ce qui reste de NIDAA! Ce monsieur c’est véritablement le MESSI sur le terrain de la politique!
Par ailleurs -et ce n’est pas pour arranger les choses-, l’étranger a deux réactions contradictoires liées à la nature de ses relations avec notre pays: la France, en pleine débandade intérieure, ne sait plus où donner de la tête, les engagements d’OBAMA en fin de mandat perdent de leur valeur, il ne reste que l’Allemagne qui reste sûre… mais pour combien de temps.
Essayez de mettre tout cela sous forme d’équations, essayez de sauver le pays et de ménager ce qui peut l’être, d’éviter les affrontements qui ont coûté 10 ans et 200.000 vies à nos voisins algériens, et vous comprendrez la réaction de BCE: ménager la chèvre, le choux, le berger, la bergère, le pot au lait, le loup, l’agneau, le fils et le saint esprit ainsi que toute cette bassecour politico-médiatique, il y a de quoi attraper le tournis comme celui que je viens d’attraper en rédigeant ce long papier… sans pourtant se faire un sang d’encre. Espérons qu’il ne sera pas écrit avec le sang comme cherche à éviter BCE à tout prix…
Alors messieurs les facebookers, ménagez cet homme qui, malgré ses 90 ans, continue à servir sans se servir…