Pour la première fois en Tunisie, un appel d’offres sera lancé incessamment pour la valorisation des déchets. C’est la plus grande entreprise du genre et qui sera réalisée à Djerba. Il s’agit de la gestion des dépotoirs d’ordures, la collecte des déchets, de leur recyclage et de leur transformation en composte pour la production de l’électricité. Des bailleurs de fonds internationaux ont déjà donné leur accord pour l’implantation de cette centrale dans l’île du Lotophage.
«Il ne s’agit pas de paroles en l’air ou de fausse promesses assure Néjib Derouiche, ministre de l’Environnement et du Développement durable, les appels d’offres concerneront des opérateurs nationaux qui seront soutenus par les bailleurs de fonds. Pour nous, c’est non seulement une première parce que grâce à des technologies de recyclage novatrices nous préservons l’environnement car le procédé du compostage permet de retenir et de recycler les éléments nutritifs du sol, mais sa conversion en en biogaz sert à produire de l’électricité. D’un autre côte, nous encourageons les opérateurs nationaux à investir dans ce genre d’activités porteuses, rentables et utiles en même temps. Toutes les opérations qui seront assurées par les opérateurs privés devront correspondre aux normes internationales en matière de traitement des déchets, des technologies de pointe doivent être adoptées. Nous voulons mettre fin une fois pour toutes aux dépotoirs anarchiques».
Rappelons à ce propos les malheureux évènements qui ont eu lieu depuis au moins trois années à Djerba qui a croulé pendant des mois sous le poids des ordures ménagères et usuelles et dont les conséquences ont été de sit-in des marches de protestation et même des altercations avec les forces de l’ordre. Les insulaires exigeant que la décharge contrôlée de Guellala remplace celle de Houmet Essouk. Ce chapitre-là sera définitivement clos grâce à l’implantation du projet de collecte et de traitement des déchets cité plus haut. Un projet qui sera suivi d’autres de la même importance au Grand Tunis et qui sera éventuellement implanté à Borj Chakir en 2016, à l’Ariana et à Ben Arous en 2017/2018. Le montant de l’investissement qui entre dans le cadre du partenariat public/privé est de l’ordre de 25 MDT. Les employés municipaux pourraient être intégrés dans les sociétés privées, assurer le rôle de coordinateurs ou de superviseurs.
Le plus grand projet de propreté jamais réalisé en Tunisie
Le concret du ministère de l’Environnement ne s’arrête pas à ces deux réalisations. Devant l’incapacité des différents services appartenant aux « nombreux » ministères concernés par la propreté des villes, 24 appels d’offres vont être lancés pour choisir des entreprises nationales dont la mission principale sera la propreté des Chefs-lieux des gouvernorats et ce s’agissant des artères urbaines ou interurbaines. « Nous estimons que les opérations de nettoyage des rues et des cités avec les moyens limités des communes ne sont pas efficaces. Désormais les opérations de nettoyage se feront de manière automatisée. Ceux qui participeront aux appels d’offres doivent disposer d’engins tels les camions de balayage ou encore des scooters de balayage. C’est ainsi que l’on procède dans toutes les grandes villes du monde et notre pays mérite plus d’attention et de meilleurs investissements pour que nos concitoyens puissent évoluer dans un environnement sain et profiter d’une meilleure qualité de vie», affirme Néjib Derouiche. Ce projet qui a reçu l’aval du gouvernement suite à un CMR démarrera avec un investissement de 50 MDT valable sur l’année 2016.
Jamais on n’a pris pareille mesure pour pallier aux insuffisances de la gestion des eaux usées dans notre pays. 31 stations de traitement de ces eaux seront implantées sur tout le territoire national dont 26 dans les régions intérieures: «Nous voulons que la discrimination positive par rapport aux régions se traduise par des actions concrètes et je vous promets que l’on ne tardera pas à en voir l’illustration. Il s’agit de restaurer les stations existantes, en créer d’autres, élargie les canalisations et procéder à leur assainissement. Nous nous situons dans la logique de l’obligation des résultats. Nous allons acquérir 50 camions à cet effet et des kilomètres de canalisations».
Toujours dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie des Tunisiens et de sa préservation, décision a été prise pour interdire d’ici le mois de mars l’usage des sacs en plastique. Une mesure qui a suscité l’admiration de nos compatriotes quand elle était entrée en vigueur en Algérie, aujourd’hui, ils peuvent être rassurés puisqu’ils vont être débarrassés de ces déchets de haute portée toxique. Le ministre lance à ce propos un appel aux jeunes créateurs de faire des propositions pour des sachets ou des sacs biodégradables.
Mieux encore les entreprises qui travaillent dans le bâtiment et qui ne gèrent pas les déchets de construction seront sévèrement taxées dorénavant quant à celles qui polluent l’environnement et n’adoptent pas les procédures d’usages pour limiter leur degré de nocivité, eh bien, elles pourraient avoir à s’acquitter d’une amende de 200 MDT au lieu des 50 MDT habituels. «Cette mesure coercitive ne vise à intimider les opérateurs dans ce secteurs mais à les pousser à être plus attentifs et plus soucieux de l’environnement».
Un environnement menacé à tous les niveaux. Un exemple qui illustre parfaitement les abus de certains individus dénués de tout sens civique et citoyen et animé par le gain facile, celui de l’occupation anarchique des zones côtières par des individus qui disposent de permis de bâtir qui ne respectent pas les normes d’usage. «Tous les permis accordés pour exploiter les zones côtières seront revues et réexaminées pour voir s’ils sont dans le respect des lois. Nous prendrons les décisions administratives nécessaires et procèderons au contrôle de conformité au regard des normes du droit de l’urbanisme littoral. Tout un moratoire sera fait à propos des permis abusifs».
La locomotive visant la protection de l’environnement, la propreté et le développement durable a démarré. Espérons qu’elle avancera rapidement et que comme l’a si bien répété le ministre de l’environnement, nous en cueillerons les fruits et ne nous arrêterons pas à la semence.