Au cours d’une récente visite à Berlin (Allemagne), le ministre tunisien de l’Energie et des Mines, le franco-nahdaoui, Mongi Marzouk, a affiché, devant la presse spécialisée allemande, une grande foi dans les énergies vertes. Est-ce une évolution dans les convictions du ministre par rapport à ses déclarations antérieures controversées sur les énergies renouvelables? Nous en doutons.
Le ministre, qui rencontrait à Berlin quelque 250 firmes allemandes intéressées par l’investissement dans les énergies renouvelables au sud de la Méditerranée, a déclaré en substance que la Tunisie dispose actuellement d’une capacité de génération d’énergies renouvelables de 148 mégawatts (MW), soit 4% du total des besoins nationaux, formant l’espoir de porter cette capacité à 30%, «c’est-à-dire à un niveau de production de 16 gigawatts (GW)», d’ici l’année 2030.
Maîtrisant parfaitement son sujet, le ministre a avancé même le montant des investissements à mobiliser pour atteindre cet objectif. Ils sont estimés à 7 milliards de dollars (plus de 15 milliards de dinars). Un tel investissement paraît certes énorme mais il a pour conséquence positive de réduire la dépendance du pays de l’étranger en matière d’énergie et de respecter l’écosystème.
Mongi Marzouk ne croit pas aux énergies renouvelables
Cette foi du ministre dans les énergies alternatives contraste bizarrement avec ses propos insolites, à ce sujet, il y a juste un mois à Tunis. Pour mémoire, interrogé par la radio Shems Fm sur le dossier des énergies renouvelables, Mongi Marzouk avait minimisé le potentiel des énergies renouvelables en Tunisie en disant que «les potentialités du pays en matière d’éolien et de solaire, si elles existent -bien si elles existent-, sont très peu développées». Et d’ajouter: «Aujourd’hui, nous partons de très loin car nous avons seulement 3% de production issue des énergies renouvelables dont la majorité provient du vent et un tout petit peu du soleil». Or, à Berlin il a estimé la part des énergies renouvelables à 4%.
Interpellé à Tunis sur les avancées réalisées par un pays comme le Maroc, le ministre avait répondu en ces termes:«Nous n’avons pas le même soleil que le Maroc, on en a un petit peu moins car ils sont plus proches de la zone équatoriale que nous. Même le vent est moins fort car ils (les Marocains) se trouvent sur l’Atlantique». C’est ainsi que Mongi Marzouk avait expliqué le retard qu’accuse la Tunisie par rapport au Maroc dans le développement des énergies renouvelables.
Ses propos ont fait la risée de tout le monde et ont été fortement critiqués par l’opinion publique et par des hommes politiques comme l’ancien président Mohamed Moncef Marzouki.
Le gaz de schiste bientôt légalisé
En dépit des explications données pour atténuer la gravité de ses propos, nous estimons que le ministre et son équipe, particulièrement les PDG de la STEG et de l’ETAP qui s’étaient prononcés publiquement pour le gaz de schiste, demeurent des fervents partisans de l’or gris, en l’occurrence le gaz de schiste lequel e distingue du gaz traditionnel par sa méthode d’extraction plus coûteuse, plus sophistiquée et plus polluante.
Pour preuve, malgré les dangers multiformes que ce gaz pourrait faire encourir à un tout petit pays comme la Tunisie, le ministre et ses collaborateurs, qui emboîtent ainsi le pas à l’ancien ministre qui avait enclenché sans succès, en 2012, cet intérêt pour le schiste, à savoir le nahdahoui Mohamed Lamine Chakhari (un autre nahdhaoui comme par hasard), s’apprêtent à promulguer un nouveau code des hydrocarbures devant légaliser l’extraction de ce gaz à haut risque.
Ce code a toutes les chances de passer au Parlement à la faveur du vote moutonnier attendu de la part des 150 députés de l’alliance «contrenature» et «extranationale» entre les premiers partis du pays (Nidaa Tounès + Ennahdha).
L’espoir est de voir la société civile et tous les patriotes du pays se mobiliser contre ce projet potentiellement dévastateur et pour l’environnement et pour les hommes, d’autant plus que la Tunisie n’est ni les Etats-Unis, ni le Canada, ni la Sibérie… C’est un tout petit pays qui ne peut en aucune manière supporter davantage de pollution et de destruction de son écosystème.