Nous venons d’apprendre que l’ancien ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, Kamel Ayadi, a été nommé par le chef de l’Etat en tant que président du “Haut comité du contrôle administratif et financier“ (HCCAF). Selon nos informations, cette nomination lui donnera droit de bénéficier du rang et des avantages de ministre.
En outre, par cette nomination à la tête d’une aussi importante institution de contrôle peut être considérée comme une reconnaissance de l’expertise de M. Ayadi en matière de bonne gouvernance et de lutte contre corruption. Et par ricochet, son travail remarquable qu’il a accompli en peu de temps à la tête ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. D’aucuns ne manqueront donc pas de voir dans nomination comme une reconnaissance et une réhabilitation de ce grand commis de l’Etat.
Il s’agit sans doute aussi d’un message du président pour dire qu’il mise toujours sur les compétences nationales pour diriger les établissements qui relèvent de la présidence de la République. Ainsi, après Hatem Ben Salem, à la tête de l’INS, c’est au tour de Kamel Ayadi de prendre la direction du HCCAF.
Ce comité occupe une position centrale dans le paysage institutionnel dédié au contrôle et permet à la présidence d’avoir un regard sur la gestion publique. Son rôle consiste à coordonner les interventions des autres corps de contrôle, en l’occurrence la Cour des comptes, les organes qui sont chargés du contrôle général à la présidence du gouvernement et aux ministères des Finances et des Domaines de l’Etat, sans oublier les inspections départementales des différents ministères.
Le Haut comité assure également le suivi des rapports des missions de contrôle et veille à l’application des recommandations, nous dit-on. Il peut procéder à l’audition des gestionnaires ayant enfreint aux bonnes règles de gestion et est censé transmettre les cas de mauvaise gestion à la Chambre de répression financière et même à la justice pénale si cela s’avère nécessaire.
Notons que le Haut comité a été créé par une loi en 1993, et depuis cette création, quatre présidents se sont succédé à sa tête, dont le premier président fut Rachid Sfar (ancien Premier ministre), l’actuel ministre de la Justice, Ghazi Jeribi -qui l’a présidé juste après la révolution et qui lui a succédé l’ancien ministre des Domaines de l’Etat-, Ahmed Addhoum -qui l’a présidé jusqu’à la nomination récente de Kamel Ayadi.
Plusieurs études ont relevé que l’insuffisance du contrôle réside parmi les causes de l’augmentation du phénomène de la corruption. Il se trouve que la Tunisie est dotée des corps de contrôle en nombre et en genre qui, en principe peuvent lui permettre de prévenir la corruption et garantir une gestion saine des deniers publics.
Cependant, les mêmes études relèvent aussi des insuffisances qui limitent l’efficacité de la fonction de contrôle.
Alors, peut-on lire dans cette nomination une manière pour la présidence de miser sur l’expertise et l’enthousiasme dont a fait preuve Kamel Ayadi pour redynamiser le contrôle et contribuer à la réduction du niveau de la corruption, surtout que le document de Carthage s’est fixé cet objectif parmi les priorités du gouvernement d’union nationale?
Rappelons que Kamel Ayadi a montré beaucoup d’enthousiasme pour la réhabilitation du système de contrôle, dont il a fait l’une de ses priorités lorsqu’il était ministre dans le gouvernement Essid.
Qui est Kamel Ayadi ?
Kamel Ayadi possède un diplôme d’ingénieur de l’ENIT et un diplôme d’études supérieures en droit, un diplôme de langue anglaise de l’Université de Cambridge. Il est expert international et formateur certifié par des institutions américaines en transparence, gouvernance d’entreprise, avec une expertise confirmée dans les stratégies de mise en place des programmes de conformité, et de lutte contre le blanchiment d’argent et la Corruption, de l’éthique, culture d’entreprise et responsabilité sociétale…
Il a entamé sa carrière à l’Office national de l’assainissement où il a assumé successivement des responsabilités diverses. En 2001, il a été nommé président de l’Instance nationale des télécommunications (INT), puis en 2004 secrétaire d’Etat à l’Equipement, ensuite membre de la Chambre des conseillers au titre des compétences nationales, avant d’être nommé en janvier 2016 ministre de la Fonction Publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. A ce titre, il a supervisé des études sur la modernisation de l’administration tunisienne, le renforcement de la gouvernance des entreprises publiques et la mise en place de la stratégie nationale d’intégrité.
Il jouit d’une longue expérience associative. Il a été secrétaire général puis président de l’Ordre des ingénieurs de Tunisie de 1992 jusqu’à 2002. Il est actuellement président fondateur de l’Institut mondial de l’éthique et du leadership, et président fondateur du Centre de réflexion stratégique pour le développement du nord-ouest, un think tank qui se donne pour mission d’aider au développement de cette région de la Tunisie.
M. Ayadi jouit d’une grande expérience internationale en tant que président de la Fédération mondiale des organisations d’ngénieurs (FMOI, 100 pays membres) de 2003 à 2009 et est depuis 2007 président fondateur de sa commission internationale permanente pour la lutte contre la corruption.
Il est également conseiller et représentant du Centre International pour la Lutte Contre la Corruption (GIACC) auprès de la région MENA.
Il contribue en tant que membre du groupe de travail chargé par l’Organisation Internationale de la Normalisation au développement de la norme ISO37001 sur la corruption.
Il a contribué de très près au développement de la première norme Anti-bribery pour le compte du British Standard Institute (BS10500).
Depuis 2005, il est à la tête d’un réseau d’experts internationaux dans le domaine de l’éthique et la lutte contre la corruption. Il a contribué en tant que conseiller technique à des programmes internationaux tels que le Programme ACET (Anti-Corruption Education Programme) conduit par le département d’éthique de l’Université du Texas et l’American Society of Civil Engineers. Il a développé et dirigé un Train-the-Trainers programme dans le domaine de l’éthique et de la corruption pour le renforcement des capacités des pays africains. Ce programme a été implémenté dans 20 pays.
Il est membre actif du Global Principes for Professional Conduct committee de l’American Society of Civil Engineers.
Il a animé en Tunisie et à l’étranger plus de 150 formations pour les hauts cadres d’entreprises, des banques et des assurances dans les domaines de l’éthique des affaires, lutte anti-blanchiment la RSE et les systèmes de gestion de l’intégrité.
Il a développé et géré des projets de renforcement des capacités dans le domaine de lutte contre la corruption financés par le PNUD, la Banque mondiale (Global Partnership for Social Accountability), le ministère des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas, le Projet Mondial de la Justice.
Il a reçu à l’UNESCO le prix international George Washington de l’Année 2011, décerné par l’American Society of Civil Engineers, en reconnaissance de son leadership de la communauté internationale des ingénieurs et ses efforts dans le domaine de la lutte contre la corruption.
Kamel Ayadi a présidé, animé et contribué à des groupes de travail au niveau international pour la réalisation de travaux et études pour le compte d’institutions internationales telles que l’ONU (groupe de travail science et technologie), l’UNESCO (rapport international sur l’ingénierie), Projet Mondial de la Justice, Brookings Institutions, l’Alliance Mondiale des Nations Unies pour les technologies de l’information et des communications au service du développement.
Il a contribué de manière active à des évènements de l’ONU dont en particulier le Sommet Mondial sur la Société de l’Information et a été élu en tant que membre du bureau international de la société civile relevant des Nations unies représentant la famille science et technologie .Il est membre de l’American Society of Civil Engineers.
Il est également membre correspondant de l’Académie Pana américaine de l’ingénierie et membre honoraire du forum mondial de l’Innovation. Il a donné plus de 150 conférences dans des congrès et séminaires internationaux dans 70 pays. Il a présidé plus de 40 congrès internationaux en Tunisie et dans d’autres pays (Brésil2008, Kuweit 2009, Argentine 2010, Genève 2011).
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