Les députés ont adopté, mercredi 26 juillet en plénière, le projet de loi organique n°60-2016 relatif aux violences faites aux femmes à l’unanimité des 146 députés présents.
Comportant 43 articles, ce projet de loi établit les dispositions permettant d’éradiquer toutes les formes de violence basée sur le genre social afin de réaliser l’égalité homme-femme et de préserver la dignité humaine.
Il adopte une approche globale qui va de la prévention aux poursuites pénales, les sanctions ainsi que la protection et l’assistance des victimes.
Démarré depuis vendredi 21 juillet, l’examen de ce projet de loi s’est étalé sur trois séances plénières qui ont connu des débats houleux entre les députés.
Durant ces séances, les députés ont relevé certaines lacunes dans ce projet de loi dont essentiellement la question relative à la majorité sexuelle fixée à l’âge de 13 ans.
Ils ont estimé que cette question telle qu’elle a été définie dans le texte représente “un crime contre l’enfance et une violence du code des droits de l’enfant”, étant donné qu’il est “inadmissible”, selon eux, de “parler de consentement sexuel à cet âge précoce”.
L’article 227 bis, qui prévoit d’arrêter les poursuites judiciaires à l’encontre de l’agresseur si ce dernier épouse la victime, a été également critiqué par certains députés qui ont estimé que ce projet est une “humiliation à l’encontre de la femme” et vient “légitimer le viol”.
Par ailleurs, d’autres députés ont salué ce projet de loi qui, selon eux, représente une “révolution législative”. Ils ont souligné dans ce contexte qu’il est en harmonie avec la Constitution et les accords internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.
Ils ont, à cet égard, mis l’accent sur la nécessité de surmonter les divergences politiques et idéologiques afin de préserver la femme, l’enfant, la famille et la société tunisienne dans son ensemble de toutes les formes de violence.
Pour certains députés, si l’adoption de ce projet de loi est importante, il n’en demeure pas moins que cela reste insuffisant pour protéger les droits des femmes. Ils ont appelé, à ce propos, à la nécessité d’intensifier les campagnes de sensibilisation dans les régions intérieures et rurales afin de lutter contre les mentalités misogynes.
Ils estiment que le budget octroyé au ministère de la Femme (137 millions de dinars au titre de 2017) reste faible pour mener des campagnes de sensibilisation et d’information pour mettre en œuvre cette loi.
La Commission des droits, des libertés et des relations extérieures à l’ARP avait adopté à l’unanimité le rapport sur ce projet de loi, le 10 juillet 2017.
Il comprend un résumé de ses travaux sur ce dossier et des auditions de l’ensemble des parties concernées: Ministères de la Femme et de la Justice, société civile, Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT), Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), l’association Parlementaire pour la Famille, la Ligue des Electrices Tunisiennes, l’association Voix de l’Enfant, la commission de la Femme à l’Instance Vérité et Dignité ainsi que plusieurs experts dans ce domaine.