Ce mercredi 2 août, le président du mouvement Ennahdha fait la une des médias tunisiens, toutes catégories confondues. Et pour cause! Lors de son passage sur la chaîne de télévision privée Nessma, il a tiré à boulets rouges sur le Premier ministre et son gouvernement -mais également un de ses prédécesseurs Mehdi Jomaa-, et n’épargnant même le président de la République, Béji Caïd Essebsi.
Rached Ghannouchi estime que Youssef Chahed et son gouvernement d’union nationale (GUN) ont pour mission de relever ‘les défis économiques de la Tunisie et des prochaines échéances électorales au lieu de se focaliser sur l’avenir politique d’un ministre ou d’un chef du gouvernement”. Il poursuit en disant que “le gouvernement ne doit pas se focaliser sur les élections présidentielle et législatives de 2019. Il est appelé à concentrer toute son attention sur les défis économiques et l’administration des élections municipales et locales prévues à la fin de l’année en cours”.
Il va plus loin pour affirmer que “le gouvernement dirigé en 2011 par Béji Caïd Essebsi et celui conduit en 2014 par Mehdi Jomaâ avaient centré tous leurs efforts sur la préparation des élections de l’Assemblée nationale constituante (ANC) en 2011 et des élections présidentielle et législatives de 2014″.
Bien entendu, les réaction des citoyens -pour le moment- n’ont pas tardé, prêtant à Ghannouchi la volonté de se positionner, déjà, sur les échéances de 2019. D’ailleurs, dans une tentative de rassurer les Tunisiens, il assure qu'”Ennahdha est un mouvement solide. Il n’est pas un parti de fer endurci. Il est juste un mouvement démocratique”. Et de poursuivre: “Nous n’appartenons ni à l’Islam politique ni au radicalisme. Nous sommes des musulmans démocrates et une partie intégrante de la société tunisienne”.
Mais le vieux loup de la politique tunisienne a de la suite dans les idées. La preuve? “La Tunisie, qui auparavant avait exclu les islamistes, est devenue aujourd’hui un modèle et une exception qui bannit l’exclusion et la violence, respecte la loi et refuse les diktats extérieurs”, explique-t-il.
Sur cette lancée, Ghannouchi affirme que son parti ne reçoit pas des fonds de l’Etat du Qatar, assurant au passage que son parti présente ses comptes financiers à la Cour des comptes.
A l’analyse de toutes ces déclarations, Rached Ghanouchi se dédit voire confond plusieurs points. Tout d’abord, la situation de Mehdi Jomaâ et celle de Youssef Chahed ne sont pas comparables: le premier avait été appelé pour assurer une transition politique, à savoir organiser des élections libres et transparentes; le second est issu d’un parti qui a gagné les législatives de 2014.
Ensuite, si la Tunisie d’aujourd’hui bannit l’exclusion, cela ne concerne pas que les partis politiques, ça concerne également les personnes. Dans ces conditions pourquoi Ghannouchi demande-t-il à Youssef Chahed de s’exclure des législatives et de la présidentielle de 2019?
In fine, cette sortie de Ghannouchi risque de faire des vagues dans le paysage politique tunisien. Maintenant la question qui se pose est de savoir qu’est-ce qui est derrière? On ne tardera pas à le savoir.