Selon des informations concordantes et presque certaines, Mabrouk Korchid, secrétaire d’Etat chargé des Domaines de l’Etat et de la Propriété foncière, sera promu, à la faveur de l’imminent remaniement ministériel, au rang de ministre. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, serait particulièrement satisfait du rendement de ce dynamique avocat de formation originaire du sud du pays, plus exactement de Médenine.
Pour les proches de ce nationaliste arabe de première heure, Mabrouk Korchid, fort de sa formation juridique, de son expérience politique et de sa bonne connaissance du pays et spécialement des communautés du sud du pays, a été un proche conseiller efficace du chef du gouvernement pour la résolution d’affaires délicates et complexes.
Nous en rappelons pour mémoire quelques-unes: l’affaire des oasis de Jemna et leur dépossession de l’Etat par des milices proches de certains partis politiques, les affaires de fermeture des vannes de pétrole et de gaz à Kamour (Tataoauine) et à Fawar (Kébili) par des jeunes -plus “politisés“ que “demandeurs d’emploi“, la récupération sur tout le territoire du pays de milliers d’hectares de terres domaniales agricoles exploitées et squattées pendant le règne de la Troïka par des personnes malintentionnées. Pour en avoir une idée, quelque 68.000 hectares, soit deux fois la superficie de l’île de Malte, sont à récupérer par l’Etat.
Vers l’institutionnalisation de la lutte contre la malversation
Mabrouk Korchid, dont le département gère déjà en partie le délicat dossier des “biens confisqués et mal acquis“ au temps de Ben Ali, a le mérite de transcender cette étape gérée dans l’urgence et à penser sérieusement à l’institutionnalisation de la lutte contre l’enrichissement illicite et la malversation.
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Son département travaille actuellement sur un projet de loi sur l’institution de ce qu’on appelle “la confiscation civile”, à l’instar de ce qui est pratiqué dans de nombreux pays, comme la France.
“Dans des affaires de terrorisme, de contrebande, du grand banditisme, de malversation ou de haute trahison, une décision de confiscation est pleinement justifiée. Nous planchons actuellement sur un projet de loi dans ce sens”, a-t-il dit à maintes reprises.
Korchid a également à son actif ce geste courageux mais combien symbolique. Il a pris la décision d’étrenner l’ancien luxueux local du RCD au centre de Tunis et d’y installer ses bureaux. Avant lui, personne n’avait osé le faire.
Il a le mérite aussi d’avoir mis de l’ordre dans son département. Il a entamé le titanesque recensement des domaines de l’Etat, chose qui n’a jamais été faite depuis l’indépendance, et de l’assainir des hauts cadres corrompus -cas de la poursuite en justice de l’ancien rapporteur général du scandaleux dossier de la Banque franco-tunisienne (BFT).
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Ce qui fait la classe et le charme de ce haut commis de l’Etat, c’est qu’il a été révolutionnaire et fidèle aux objectifs du soulèvement du 14 janvier 2011.
Mabrouk Korchid, un révolutionnaire selon la pensée économique innovatrice
Dans cette optique, son initiative de faire accéder à la propriété des centaines de milliers d’exploitants agricoles locataires de terres domaniales depuis les années soixante et d’habitants résidents dans des logements construits sur des terres de l’Etat est le moins qu’on puisse dire avant-gardiste et pionnière. Elle ne manquera d’impacter, à moyen terme, et le micro-investissement, et l’amélioration de conditions de vie de personnes démunies et l’ouverture de nouveaux horizons pour les sans-emploi.
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Dans une étude sur le Printemps arabe, le célèbre économiste péruvien, Hernando De Soto, classé parmi les six premiers innovateurs du monde en la matière, relève que “les révolutions arabes ont été déclenchées par des micro-entrepreneurs comme Bouazizi qui avaient consenti le sacrifice suprême (immolation, suicide) par crainte d’être expropriés d’un espace qu’ils ne possèdent pas”.
Les informels interrogés, dans le cadre de cette étude, ont été, selon lui, unanimes pour révéler qu’«ils ne disposaient pas des instruments légaux pour protéger leurs biens et s’associer en vue de se développer», le secteur dans lequel ils évoluent étant par définition un secteur où prévalent l’anonymat, l’anarchie, l’inexistence de documents de propriété, les transactions en cash, l’évolution dans des sphères de non droit et de fraude fiscale.
C’est dans ce contexte de pensée économique innovatrice que s’inscrit l’accès à la légalité de la proprité proposée par Mabrouk Korchid. Cette perspective s’inscrit la véritable lutte contre l’informel qui représenterait 50% de l’économie du pays.
C’est pourquoi, nous pensons que, au regard de la qualité intellectuelle et pragmatique des réalisations accomplies, la promotion de Mabrouk Korchid au rang de ministre serait amplement méritée.