Le remaniement opéré par le chef du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed, après une année, est marqué par l’importance du nombre de portefeuilles concernés (13 postes ministériels, 7 postes de secrétaires d’Etat) et la sensibilité de certains ministères touchés par ces changements, à savoir les départements de l’Intérieur, de la Défense, des Finances, de l’Investissement, des Mines…
Le gouvernement s’est étoffé avec un total de 28 ministres et 15 secrétaires d’Etat (contre 26 ministres et 14 secrétaires d’Etat dans le précédent).
Le remaniement est marqué aussi par la création de trois nouveaux ministères, ceux du Commerce, de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises et des Biens de l’Etat et des Affaires foncières, outre l’institution d’un ministère chargé des Grandes réformes.
De même, quatre nouveaux secrétariats d’Etat ont vu le jour: un secrétariat d’Etat à la Diplomatie économique, un secrétariat d’Etat à l’Industrie et aux petites entreprises, un secrétariat d’Etat au Commerce extérieur et un secrétariat d’Etat à la Santé.
D’autre part, le secrétariat d’Etat aux Immigrés tunisiens a été rattaché au ministère des Affaires sociales après avoir fait partie du département des Affaires étrangères. En revanche, le secrétariat d’Etat à la Production agricole a été supprimé.
S’agissant des ministères des Affaires étrangères et de la Justice, ils ont conservé leurs détenteurs, respectivement Khemaies Jhinaoui et Ghazi Jribi; par contre, ceux de l’Intérieur et de la Défense, ils ont changé de main (Hédi Mejdoub a été remplacé par Lotfi Brahem et Farhat Horchani a cédé sa place à Abdelkarim Zbidi qui avait occupé ce poste après la révolution).
Dans la nouvelle composition gouvernementale, 15 ministres ont été maintenus à leurs postes alors que trois ministres avaient occupé les mêmes fonctions ministérielles, à savoir Abdelkarim Zbiri à la Défense, Ridha Chalgoum aux Finances et Hatem Ben Salem à l’Education.
Le nouveau gouvernement compte, d’autre part, 6 femmes seulement (3 ministres et 3 secrétaires d’Etat) alors que le cabinet sortant en comptait 8. Il s’agit de Salma Elloumi (Tourisme), Naziha Laabidi (Femme et Famille), Majdoline Cherni (Jeunesse et Sports), Sonia Cheikh (secrétaire d’Etat à la Santé), Sarra Rejeb (secrétaire d’Etat au Transport) et Saida Ounissi (secrétaire d’Etat à la Formation professionnelle).
Au plan politique, le gouvernement est représenté par la majorité des familles ayant signé le pacte de Carthage. Il compte ainsi dans ses rangs des noms appartenant à Nidaa Tounes (qui a eu la part du lion), au mouvement Ennahdha, Afek Tounes, Al Joumhouri, la Voie Démocratique, ainsi que des figures proches de l’UGTT et de l’UTICA.
Nidaa Tounes s’est déclaré, par la voix de Khaled Chawket, “satisfait du remaniement”, en faisant valoir qu’il a “préservé les équilibres ayant présidé à la formation du gouvernement d’union nationale sur la base du pacte de Carthage”.
Ce parti politique avait incessamment réclamé que sa représentation dans le gouvernement “reflète sa position de parti vainqueur des élections”, alors que le parti Ennahdha s’était prononcé par un remaniement partiel pour combler les vacances.
Pour leur part, le mouvement Machrouu Tounes et le Bloc démocratique avaient mis en garde contre les quotas partisans imposés au chef du gouvernement, appelant pour une équipe gouvernementale formée de compétences.
Youssef Chahed a défendu, mercredi 6 septembre, après avoir rendu compte au président de la République du bilan du gouvernement après une année de sa formation, “la nécessité d’opérer ce remaniement partiel” après avoir évalué les pas accomplis par rapport aux objectifs fixés par le pacte de Carthage issu de l’initiative du président de la République de former ce gouvernement élargi.
Il a souligné qu’il a assuré les partis formant le gouvernement d’union nationale et les organisations nationales signataires du pacte de Carthage que sa nouvelle équipe “sera un gouvernement de guerre contre le terrorisme et la corruption et pour le développement, l’emploi et la lutte contre la disparité régionale”.
Le chef du gouvernement devrait se concerter avec l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sur la date de la tenue de la plénière pour le vote de confiance des députés.
Les nouveaux membres du gouvernement doivent obtenir la majorité des voix des députés, soit 109 voix au moins, rappelle-t-on.