[02/08/2007 15:20:08] PARIS (AFP) Alors que les touristes s’aventurent de plus en plus dans des pays à risque, les assureurs et les voyagistes font preuve d’une grande prudence, en raison notamment d’une loi qu’ils jugent trop contraignante. Afghanistan, Sri Lanka, Yémen et même les pôles: s’ils ne sont que quelques centaines par an, les touristes n’hésitent plus à sortir des sentiers battus. Mais les assureurs et les professionnels du tourisme hésitent à les suivre. “Aucun tour-opérateur digne de ce nom ne doit programmer une destination qui est considérée comme à risque”, résume René-Marc Chikli, président du Ceto, l’association des tour-opérateurs français. Récemment, les principaux tour-opérateurs ont suspendu “jusqu’à nouvel ordre” tous les départs vers le Pakistan, théâtre d’attentats islamistes. Les assureurs peuvent refuser de couvrir certaines destinations qui seront alors retirées du catalogue, la loi obligeant l’agent de voyage ou le tour-opérateur à s’assurer. Pour M. Chikli, “on ne doit pas hésiter à mettre de côté les enjeux économiques au bénéfice de la sécurité”. Jean-François Rial, président de Voyageur du Monde, souligne l’importance du principe de précaution et explique qu’il “n’envoie personne dans le Sinaï”, même si “certains le contestent”. Si les assureurs sont aussi prudents, c’est que la loi de 1992 impose non seulement aux professionnels du tourisme un devoir d’information envers la clientèle, mais fait porter sur eux la responsabilité du voyage. “Les agents de voyage et les tour-opérateurs ont une responsabilité équivalente à celle des parents vis-à-vis de leurs enfants”, regrette Paul-Henri Rastoul, directeur technique chez Axa France, qui souligne que le coût d’un préjudice corporel peut atteindre plusieurs millions d’euros. Pour les assureurs, si le cadre juridique français n’évolue pas, il faudra revaloriser les primes d’assurance et donc le coût des voyages, ce qui pourrait nuire à la compétitivité des acteurs français du tourisme par rapport à leurs concurrents européens. Dans le cas contraire, les tour-opérateurs pourraient finir par ne proposer que des destinations totalement sécurisées. “Le voyage d’aventure serait le premier créneau banni par les professionnels du tourisme”, pour M. Rastoul. Il plaide pour une meilleure répartition de la responsabilité entre les tour-opérateurs et les touristes pour certaines destinations à risques. De leur côté, des cabinets de conseil sont convaincus qu’il est possible d’assurer les touristes dans des pays à risques comme c’est déjà le cas pour les séjours commerciaux et industriels. “Le risque zéro n’existe pas mais on peut se donner les moyens pour offrir le maximum de sécurité à des voyageurs dans un contexte intelligent. C’est de l’artisanat de très haut niveau”, selon Didier Ranchon, du cabinet Geos. Un avis nuancé par M. Rial, qui ironise sur le fait “d’envoyer des gens voyager avec des escortes militaires”. “On n’est pas en train d’exploiter des forages. Le voyage, c’est du plaisir”. |
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