Economie Tunisienne : Inflation maîtrisée, chômage réduit et croissance du PIB à 4,9%

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Inflation
maîtrisée, chômage réduit et croissance du PIB à 4,9%

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Rapport annuel 2001

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Lettre de présentation

 

bct180702p.jpgLe
gouverneur de la BCT et l’état de santé de l’économie Tunisienne en 2001

:
Présentant dernièrement au chef de l’Etat, le président Zine El Abidine
Ben Ali, le rapport
de la Banque pour l’exercice 2001
, le gouverneur de la Banque Centrale
de Tunisie Mohamed Daouas a retracé, dans la
lettre de présentation
de ce rapport
qui donne en pareille période de chaque année l’état de santé de l’économie
tunisienne, les points forces et faiblesses de l’économie tunisienne dans
ses divers secteurs.

Mais il a et surtout donné l’ordonnance des principales mesures à prendre
pour que cette économie émergente puisse continuer son « petit bonhomme
de chemin » dans la sérénité et sans trop se soucier des chocs qui pourraient
secouer son environnement tout en tirant profit de ce qu’il pourrait offrir
en opportunités.

 

En
dépit de la conjoncture internationale difficile et de la persistance
de conditions climatiques défavorables, pour la troisième année consécutive,
l’économie tunisienne a enregistré, en 2001, des résultats probants avec
un taux de croissance du PIB de 4,9%, une meilleure maîtrise de l’inflation
et une réduction du taux de chômage, portant la marque des réformes structurelles
de la décennie écoulée.

 

Néanmoins,
la conjonction de chocs externes et internes, devenus récurrents et de
plus grande amplitude, appelle au renforcement de l’appareil de production
et à sa diversification afin de maintenir un rythme de croissance compatible
avec l’absorption de la demande additionnelle d’emploi et l’affirmation
de la tendance baissière du chômage ; ceci d’autant que l’année 2001 a
été marquée au niveau de la distribution du crédit par une prolifération
des crédits à la consommation et à la promotion immobilière.

 

Dans
ce contexte, le déficit courant, quoique finançable, s’est situé, pour
la seconde année consécutive, à un niveau assez élevé sous l’effet, notamment,
de la récurrence de certains aléas défavorables, ce qui incite à renforcer
la compétitivité de l’économie nationale pour préserver la “soutenabilité”
des comptes extérieurs surtout que les paiements courants risquent de
subir de nouvelles pressions en raison du prolongement des retombées des
événements du 11 septembre, la timidité de la reprise économique dans
l’Union Européenne et la persistance de la sécheresse.

 

A
cette fin, le déficit de la balance des biens d’équipement qui représente
encore plus de 60% du déficit commercial mérite un suivi attentif en vue
d’optimiser l’utilisation des capacités de production existantes et d’améliorer,
ainsi, l’efficacité du capital
. En particulier, certaines branches
de l’industrie manufacturière souffrent de surcapacités de production,
exerçant des effets négatifs aussi bien sur les paiements extérieurs que
sur la situation financière des entreprises.

 

De
même, l’élargissement du déficit énergétique induit, entre autres, par
la baisse de la production pétrolière et la volatilité des prix du brut,
requiert l’approfondissement des réformes du secteur, notamment par un
ajustement sélectif des prix pour rationaliser la consommation et une
plus grande diversification des sources d’énergie
. A cet effet, une
évaluation des programmes d’économie d’énergie et de développement des
énergies renouvelables peut contribuer à identifier les forces et faiblesses
des actions entreprises en vue de leur conférer davantage d’efficacité.

 

Par
ailleurs, l’accord d’association avec l’Union Européenne, entré dans une
phase cruciale, s’est accompagné de l’accroissement des importations de
biens de consommation destinés au marché local. Cela incite à redoubler
d’efforts pour accélérer l’application des mesures visant une meilleure
intégration du secteur offshore
et la promotion des produits locaux
en améliorant leur rapport qualité-prix et en intensifiant les actions
de sensibilisation en leur faveur.

 

Grâce
à l’amélioration de l’environnement de l’entreprise et la diffusion de
la culture de l’exportation, la Tunisie est parvenue, durant la dernière
décennie, à tripler le volume de ses ventes à l’étranger. Il convient,
toutefois, de poursuivre les réformes engagées afin de consolider la position
du secteur exportateur et relever ainsi les défis qui se profilent à l’horizon,
dont au premier chef le démantèlement des accords multifibres et l’adhésion
de la Chine à l’Organisation Mondiale de Commerce. La recrudescence de
la concurrence qui en résulterait invite à améliorer davantage la compétitivité
des produits à travers l’accélération de la réalisation du programme de
mise à niveau et son extension à tous les secteurs. Les nouveaux programmes
devraient mettre l’accent sur l’investissement immatériel, l’amélioration
de l’encadrement et de la qualité, facteurs incontournables pour le renforcement
de la compétitivité qui demeure le premier objectif recherché. Le relèvement
de la valeur ajoutée des exportations et la sauvegarde de nos parts de
marché sont aussi tributaires d’une participation plus efficace des services
de transport, notamment, maritime, de fret et de manutention portuaire,
domaines dans lesquels un déficit de compétitivité persiste par rapport
à la concurrence internationale.

 

Parallèlement,
la part du secteur des services dans les exportations gagne à être affermie
en promouvant les secteurs porteurs notamment ceux liés à l’ingénierie
et aux nouvelles technologies de l’information et des communications où
la Tunisie dispose d’avantages comparatifs. Quant au secteur du tourisme,
il requiert une évaluation approfondie pour réduire, autant que possible,
sa sensibilité aux chocs externes et augmenter sa contribution à l’effort
d’exportation. A cet égard, mettre l’accent sur la qualité totale des
prestations du secteur et l’intégrer davantage dans l’industrie du tourisme
mondial par le biais de partenariats de référence
, peuvent constituer
des axes stratégiques appropriés pour son développement. Il est, par ailleurs,
indiqué d’adopter les politiques de prix qui, tout en recherchant une
meilleure compétitivité, doivent également privilégier l’image de marque
du secteur.

 

Le
rapatriement des économies sur salaires de la communauté tunisienne établie
à l’étranger, effectué pour plus du quart sous forme notamment de matériel
roulant, devrait être davantage mis à contribution en engageant la réflexion
sur les mesures à même de stimuler les transferts financiers et d’augmenter,
de surcroît, le potentiel d’exportation des industries mécaniques et électriques
dans le cadre du mécanisme mis en place avec les constructeurs étrangers.
S’agissant des IDE et en dépit de leur volume croissant au cours des dernières
années, ils demeurent en deçà des capacités d’accueil. Compte tenu du
rôle important que jouent ces investissements dans la création d’emploi,
la maîtrise de l’endettement et l’apport technologique, il est essentiel
d’approfondir les réformes afin d’appuyer l’attractivité du site tunisien
pour mieux rencontrer les besoins de l’investisseur étranger.

A
cet égard, l’extension des opportunités d’investissement étranger au secteur
des services à haute valeur ajoutée, l’offre d’espaces industriels intégrés
et en nombre suffisant et l’adaptation du profil de la ressource humaine,
sont autant de moyens susceptibles d’insuffler à l’IDE une nouvelle dynamique.
En outre, l’amélioration significative de l’environnement général, particulièrement
administratif et judiciaire, et la célérité dans le choix des opportunités
offertes, devraient renforcer les atouts de la Tunisie dans ce domaine.
De même, l’arrivée à terme des premières exonérations fiscales accordées
aux entreprises totalement exportatrices, incite à envisager, dès à présent,
les mesures à prendre pour continuer à fidéliser l’investisseur étranger
.

 

La
conduite rationnelle de la politique monétaire a contribué à une meilleure
maîtrise de l’inflation tout en assurant un financement de l’économie
compatible avec le rythme de croissance et l’équilibre du système financier.
La poursuite d’une telle politique devrait aider à renforcer le rôle du
taux d’intérêt en tant qu’instrument privilégié et à créer les conditions
propices au développement de l’épargne et à une plus grande adéquation
entre les ressources et les emplois des banques. En particulier, le cadre
de conduite de la politique monétaire a été enrichi en 2001 par de nouveaux
instruments permettant de mieux satisfaire le besoin de liquidité des
banques et de favoriser l’émergence d’une courbe de rendement.

 

Ces
instruments leur offrent également l’opportunité d’améliorer la gestion
de leur trésorerie et à l’Institut d’Emission de mieux réguler la liquidité
bancaire. Dans le même sillage, la poursuite d’une politique de taux
de change flexible et réaliste visant le maintien de la stabilité réelle
de la monnaie nationale, a permis une évolution du dinar en harmonie avec
les équilibres fondamentaux et la compétitivité extérieure. Cette politique
a mis la monnaie nationale à l’abri des perturbations qui ont affecté
celles d’autres pays émergents
. En ce qui concerne les finances publiques,
des progrès importants ont été enregistrés, notamment en matière d’amélioration
du rendement de la fiscalité. Le maintien du déficit budgétaire dans des
limites tolérables, appelle toutefois à la persévérance dans l’effort
de recouvrement fiscal et d’assainissement des entreprises publiques.

 

Il
invite, par ailleurs, à la maîtrise des dépenses, particulièrement celles
liées aux charges salariales, à l’accélération du processus de privatisation
et à un meilleur ciblage des avantages fiscaux et financiers. D’autres
progrès en matière de renforcement des équilibres interne et externe,
et de l’assise financière du secteur bancaire, permettront à la Tunisie
d’améliorer son risque ; d’autant que, malgré le climat d’instabilité
sur la scène internationale, les principales agences de rating ont confirmé
la notation souveraine et les marchés de capitaux sont restés réceptifs
aux émissions de la Tunisie à des conditions satisfaisantes.

 

Le
processus de libéralisation et d’intégration à l’économie mondiale dans
lequel le pays s’est résolument engagé, interpelle le système bancaire
pour améliorer sa compétitivité et hisser ses
prestations à un palier de qualité supérieur pour occuper une place de
choix dans l’échiquier régional. Dans le cadre de l’action de remodelage
du paysage bancaire national, marqué par l’absorption des banques d’investissement
et la « dépublicisation » de certaines banques, la loi de juillet 2001
est venue offrir aux établissements de crédit un espace de plein exercice
et étendre leur domaine à d’autres services financiers, montrant par-là
même, la voie aux banques de développement mixtes
.

 

Comme
corollaire à cette libéralisation, la transparence de l’information financière
a bénéficié quant à elle d’un intérêt particulier. Emboîtant le pas à
la nouvelle norme comptable conforme au standard international et à l’adoption
successive du nouveau Code des sociétés puis de la loi sur les groupes,
les nouvelles règles prudentielles sur la division des risques et l’exigence
d’états financiers certifiés comme condition d’accès au crédit bancaire,
devraient conduire à établir de nouvelles bases dans la relation banque-client.
A titre de référence, l’adhésion de la Tunisie au programme des Normes
Spéciales de Diffusion des Données «NSDD» atteste, déjà, d’une volonté
de renforcer davantage la transparence des statistiques publiques.

 

L’action
de ce point de vue étant globale et permanente, il est nécessaire de persévérer
dans cette voie afin de réduire de manière significative la part des
actifs classés et le recours excessif au crédit bancaire en améliorant,
notamment, la culture du crédit.
Par ailleurs, le renforcement des
fonds propres de l’entreprise et la diversification de ses modes de financement
par un recours plus important au marché financier sont à même de développer
la transparence recherchée à ce niveau et de créer de nouvelles opportunités
d’activité pour les banques dans les domaines du conseil et de l’assistance
financière.

 

Au
titre de la qualité des services, enfin, la refonte des systèmes de paiement
et la dématérialisation des supports de crédit, ont constitué une avancée
notable soutenue par l’adoption d’un programme cohérent pour la mise en
place d’une architecture informatique moderne et sécurisée. Ceci devrait
se traduire par une réduction des délais et des coûts et une simplification
des procédures.

 

L’instabilité
chronique qui caractérise, aujourd’hui, l’environnement international
et l’adversité des conditions climatiques laissent entrevoir les fragilités
contre lesquelles la Tunisie doit se prémunir pour préserver ses équilibres
tant interne qu’externe. La maîtrise du déficit courant et son financement
sain pourraient constituer, dans ce cadre, un défi majeur
. Certes,
la couverture de ce déficit a été, à ce jour, assurée en grande partie
par des ressources extérieures autres que d’emprunts ; ce qui a permis
d’éviter une quelconque pression sur la position extérieure et de sauvegarder
les paramètres de l’endettement. Néanmoins, la poursuite du développement
de l’économie nationale et l’amélioration du niveau de vie du citoyen
amèneraient à observer à l’avenir un amenuisement additionnel des ressources
bilatérales, au moment où les disponibilités auprès des organismes multilatéraux
atteignent certaines limites. Dans ces conditions, l’ensemble des politiques
macro-économiques devraient concourir à relever ce défi.

 

07.2002

Khaled
Boumiza


Kabou@planet.tn