La Wataniya koweitienne revient dans la licence GSM Tunisienne

« Cet accord,
précise Naguib Sawiris, ne sera définitif qu’après l’autorisation des
pouvoirs publics. » En effet, le cahier des charges du contrat de
licence est on ne peut plus clair à ce sujet : toute modification, toute
augmentation, toute ouverture du capital d’Orascom Télécom Tunisie est
tributaire de l’autorisation préalable des pouvoirs publics. Peuvent-ils
refuser cette autorisation ? « Tout à fait, confirme M. Sawiris,
il s’agit là d’une question de souveraineté de l’Etat. ». En tout
état de cause, le retour possible des koweitiens dans la téléphonie mobile
en Tunisie ne s’est certainement pas faite dans le bonheur. En tous cas
pas d’une volonté délibérée des dirigeants d’Orascom. Il résulte en effet
des difficultés financières d’OTT.

Dans
notre article intitulé « Orascom vendra le 23 novembre…sûr et incertain
», Michel Hébert directeur des ventes chez Orascom Télécom Tunisie,
expliquait ces difficultés en disant qu’OTT « comptait sur certains
partenaires étrangers et qui nous ont fait faux bond au moment de la signature
» (du contrat avec le gouvernement Tunisien). Et de rappeler ensuite qu’une
traite d’un montant de 50 MDT, du paiement de la première tranche
du prix de la concession aurait été renégociée et sa date retardée de
2 mois”. Dans le même article, nous annoncions que la situation
financière de l’entreprise semblait en bonne voie d’amélioration et que
des négociations étaient a un stade avancé, pour l’entrée dans le capital
d’OTT d’un partenaire étranger.

La
cession prévue de 50 % d’OTT à Wataniya se fera pour la somme de 113,5
millions de dollars, dont 90 millions payables immédiatement. Le produit
de la cession sera utilisé pour rembourser les emprunts des actionnaires
égyptiens et financer, l’achat du matériel de transmission.

Naguib Sawiris, président d’OTH venu le jour même à bord de son jet privé
(et reparti le même jour d’ailleurs), a déclaré que “ce contrat a pour
la première fois permis à deux opérateurs arabes de gérer conjointement
une licence GSM dans le Monde Arabe“. Et M. Sawiris de continuer
que “Ce partenariat, va contribuer à diminuer la pression financière
du groupe Orascom Télécom, la crise mondiale des télécoms pesant sur tous
les opérateurs téléphoniques, d’autant plus que le projet porte dans sa
totalité sur un investissement de 650 millions de dollars. »
 

Fayçal
Hamad Al-Ayyar, président de Wataniya Télécom, estime de son côté que
« le partenariat entre Orascom Télécom et Wataniya Télécom a naturellement
rapproché deux des plus importants et des plus innovants opérateurs GSM
du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient pour développer la téléphonie
mobile dans un des marchés les plus attractifs de la région », en
l’occurrence le marché tunisien, dont le secteur des télécommunications
est crédité de 18,6 % de croissance en 2006 (prévisions du Xe plan quinquennal
de développement).

« Nous avons
les moyens de dynamiser le développement du marché du GSM en Tunisie grâce
aux excellentes ressources que ce partenariat met en jeu dans toutes les
fonctions de l’entreprise, notamment en termes d’apport financier ou d’expertise
commerciale, d’expertise marketing, de conseil en management… », apprécie
pour sa part Jean-Pierre Roeland, directeur général d’Orascom Télécom
Tunisie, pour qui les plus grands bénéficiaires de l’opération sont «l’économie
tunisienne et les consommateurs Tunisiens ». D’ores et déjà, apprécie
Naguib Sawiris, « l’on peut observer une nette amélioration de la qualité
de la téléphonie mobile en Tunisie, en anticipation de la concurrence
qui va s’établir entre l’opérateur historique national et Orascom Télécom
Tunisie avant la fin de l’année. »

Principale conséquence
de cette opération commerciale qui ne change rien au nom du propriétaire
de la concession (Orascom Télécom Tunisie), Orascom Télécom Holding et
Wataniya Télécom auront les mêmes droits dans la gestion et la direction
d’OTT.
 

Au terme de cet accord,
OTT gardera 35% en tant qu’opérateur de référence (la minorité de blocage
aussi). Wataniya prendra 50 % à prélever sur les 65 % que détenait Carthage
Consortium une société étrangère formée d’investisseurs comprenant des
membres de la famille Sawiris et qui sont aussi les principaux actionnaires
d’OTH. Le Consortium ne sera donc plus qu’à 15% du capital d’OTT.
 

Le conseil d’administration
d’Orascom Télécom Tunisie sera lui composé 4  membres Orascom et
de 4 membres Wataniya. Mais comme à huit membres il est difficile de prendre
une décision en cas d’égalité des votes, il y aurait un président du conseil
d’administration, qui serait une personnalité Tunisienne désignée à ce
poste pour 3 ans. Même sa désignation pourrait être faite, une fois par
l’un et une fois par l’autre des membres des deux pays. Ce qui est sûr,
c’est que l’équipe d’Orascom Tunisie ne changera pas. Ce sera toujours
Jean Pierre Roeland à la barre.

L’autre nouvelle,
et pas des meilleures, qu’apporte cette signature de contrat, l’annonce
par Naguib Sawiris, président d’OTH, que la vente des lignes Tunisiana
ne « commencera pas avant la fin de l’année ». Décryptage : si
les équipementiers se sont engagés à ce que le “first call”
ou le premier appel de test du réseau intervienne autour du 15 novembre,
le lancement commercial n’interviendrait vraisemblablement que dans le
courant du mois de décembre, voire à la fin du même mois. Cela contrairement
aux dernières déclarations du directeur des ventes d’OTT qui le promettait
pour fin novembre. Serait-ce enfin la dernière surprise que nous réserve
Orascom Tunisie?

– Orascom
Télécom Tunisie en bref

– Orascom
Télécom Holding en bref

– Wataniya
Télécom en bref

Khaled
BOUMIZA