Première
banque publique à l’être L’UIB à 52 %
propriété de la Société Générale
•
Prix de la
cession : 102,7 MDT pour 28,2 DT l’action
• Que va faire
la SG ? il est trop tôt pour aller plus loin nous commente-t-elle
• La SG devra
s’engager à conserver 52 % des actions et droits de vote dans le
capital de l’UIB, pendant une durée de 5 ans
• la signature
du contrat aura lieu le mardi 5 novembre prochain
Banque
publique depuis 39 ans (créé le 9 décembre 1963), l’UIB (Union Internationale
de Banques) vient d’être privatisée. La banque française Société Générale
vient en effet de remporter l’appel d’offre international pour l’acquisition
des 52% du capital de l’Union internationale des banques (UIB), jusqu’ici
détenus par l’Etat et des entreprises publiques, a annoncé mercredi 9
octobre la Société Générale dans un communiqué, en même temps que le ministère
du développement et de la coopération internationale.
La
privatisation de l’UIB s’inscrit dans le cadre de la politique de désengagement
progressif de l’Etat Tunisien des secteurs d’activité concurrentiels.
La banque française se trouvait, pour ce dossier, face à la Caisse d’Epargne.
Elles ont été les deux seules banques à soumissionner.
On
sait cependant que les 52 % du capital et qui représentent un total de
3 640 000 actions du capital de l’UIB, ont été vendus au prix de 28,220
DT par action, ce qui représenterait la somme d’environ 102 720 800 dinars
tunisiens (soit environ 75,5 millions d’euros).
A noter que le cours le plus haut de l’action UIB qui avait prix un coup
de fouet depuis mardi 8 et était réservée à la hausse, a été de 29,720
DT en 1995 et de pas plus de 14,830 DT en 2001. Au plus bas, l’action
de la banque avait même touché le fonds des 8,500 DT.
D’un
montant de 70 MDT, le capital de l’UIB était à 57,03 % détenu par des
entreprises publiques et semi étatiques (selon les documents qui nous
ont été remis par la banque) dont la CNSS (13,75 %), Tunisair (25 %),
la BTEI (12,35 %) et l’ETAP (5,93 %). D’autres entreprises publiques telles
la STB et l’ONH (Office National de l’Huile) étaient encore dans le capital
de l’UIB.
La partie du capital vendue par l’Etat tunisien à la banque française
“Société Générale” englobe des parts de l’ETAP, de la
CNSS, de la BTEI, de la SNDP, de la STIR, de l’ONH, de l’Office du Commerce,
de l’assurance STAR, de la STB, de la BTL et de la COTUNACE. Il semblerait
ainsi que toutes les entreprises publiques ne soient pas totalement sorties
du capital de l’UIB. Des entreprises comme Tunisair qui y avait 25 % et
qui n’en a cédé que 13,157 %, sont restées dans le capital.
D’autres parts du capital de l’UIB sont restées entre les mains de privés
tunisiens dont Aziz Miled (tourisme et transport aérien notamment), Moncef
Mzabi (représentation automobile et tannerie notamment) et de la société
SFBT représentée par Mohamed Bousbiaa.
A noter aussi que “la transaction ne sera effective qu’une fois
le contrat d’acquisition signé et les différentes autorisations réglementaires
obtenues“, selon un communiqué de la Société Générale. Ce processus
pourrait aboutir avant la fin de l’année 2002 selon des sources financières.
L’une de ces autorisations devrait être celle du CMF, en vertu de l’article
6 de la loi relative au marché financier. Celui-ci stipule que “les
projets d’acquisition (…) d’un bloc de contrôle dans une société faisant
appel public à l’épargne doivent faire l’objet d’une demande adressée
au CMF qui se prononce sur la demande“. On sait cependant, de
source sûre, que la signature du contrat aura lieu le mardi 5 novembre
prochain.
Par cette opération, la banque renforce en tous cas son dispositif en
Afrique du nord où elle est déjà présente au Maroc, avec la Société Générale
Marocaine de Banques et la société de crédit à la consommation Eqdom,
et en Algérie avec la Société Générale Algérie.
Dans un communiqué de presse qui nous a été envoyé par la Société Générale,
la banque précise que “cette opération significative s’inscrit
dans le cadre du développement des activités de la Société Générale dans
la banque de détail hors de France“. Elle fait suite aux acquisitions
de la Banque Roumaine de Développement (Roumanie), de l’Expressbank (Bulgarie)
en 1999, SKB (Slovénie) et Komercni Banka (République Tchèque) en 2001.
La banque et son nouveau partenaire :
Quid
L’UIB est une banque universelle, née en 1963 de la fusion de la SFTBC
(Société Franco-tunisienne de Banque et de crédit) et de la filiale tunisienne
du crédit lyonnais. Avec 93 points qui se divisent en 78 agences (9 %
des agences bancaires tunisiennes), 7 bureaux permanents et 8 box de change
et 26 guichets automatiques. L’UIB compte 1450 employés (8,6 % des salariés
du secteur), elle est la 6ème banque locale en termes de total de bilan,
avec environ 8% de parts de marché sur les crédits et dépôts, derrière
la STB (4 milliards DT), la BNA (3,3 milliards DT), la BIAT (2,6 milliards
DT), la BH (2,7 milliards DT) et l’Amen Bank (1,8 milliards DT). Forte
d’environ 200.000 clients particuliers et 14.000 clients commerciaux,
l’UIB est implantée à Tunis et dans l’Est du pays. A la fin de l’année
dernière 2001, l’UIB possédait 312 000 comptes ouverts au nom de ses clients
(une moyenne de 3 670 comptes par agence) à qui elle a distribué 25 300
cartes de crédit.
Son
bilan s’élevait à 1,7 milliard de dinars pour l’année 2001 et des fonds
propres estimés à 129 millions de dinars. L’UIB a réalisé un résultat
net de 18,2 millions de dinars selon les chiffres de 2001. Pour le premier
semestre de cette année, le total net de bilan était de plus 1,6 Millions
DT et le bénéfice net était de 6,3 MDT.
L’UIB possède des participations dans plusieurs sociétés essentiellement
financières et de services bancaires. On en retiendra 7 qui sont la société
d’intermédiation boursière “Intermédiaire International S.A”
dont elle détient 52 %, la totalité du capital de ‘Internationale de Recouvrement
S.A, Une Sicar dont elle détient 30 %, l’Arab International Lease
où elle a 20 %, 83 % de la Clinique Ettaoufik en privatisation et 8,55
% dans la société Monétique de Tunisie, 6 % de la société de Télécompensation
et 10 % de la société de transport de fonds “Interbancaire l’Inter
Bank Services”.
La
Société Générale quant à elle est une le 6ème groupe bancaire de la zone
euro. Avec 80.000 personnes dans le monde, son activité se concentre autour
de trois grands métiers :
La
banque de détail qui compte 13,4 millions de clients en France et à l’international,
la gestion d’actifs où le Groupe est n°3 parmi les banques de la zone
euro par le montant des actifs gérés (298 Md EUR fin 2001) et la banque
de financement et d’investissement où la Société Générale est n°4 de la
zone euro de par son produit net bancaire.
Présentant
en février dernier les résultats du groupe pour l’année 2001, le PDG du
groupe Daniel Bouton disait notamment que “en 2001, le Groupe
Société Générale a dégagé un Résultat net de 2,15 milliards d’euros. Obtenu
dans un environnement difficile, ce résultat en baisse de 20 % par rapport
à une année 2000 exceptionnelle, démontre la solidité du Groupe“.
Questionnée
par courrier électronique sur les perspectives de développement de ses
activités en Tunisie, la Société Générale nous répond par le biais de
sa relation presse que “pour l’instant, il est trop tôt pour aller
plus loin, la signature n’étant pas effective“.
Nous savons cependant que l’Etat tunisien avait insisté, dans le cahier
des charges de l’opération sur au moins quatre points que le partenaire
de l’UIB se devait de respecter :
–
La pérennité et le développement de l’activité bancaire de l’UIB.
–
L’assistance technique et le transfert de savoir-faire.
–
Le maintien, pendant un délai minimum de 3 ans.
La
banque partenaire devra s’engager à conserver 52 % des actions et droits
de vote dans le capital de l’UIB, pendant une durée de 5 ans.
Reste
alors que le prix de l’action cédée à la SG est de plus de 28 DT, il se
négocie actuellement à la bourse autour de 16 à 17 DT. Certains intermédiaires
rappellent à ce propos l’article 7 de la loi sur le marché financier.
Celui-ci énonce que “lorsqu’une personne, agissant seule ou de
concert, vient de détenir un nombre de titres de nature à lui conférer
le contrôle majoritaire en droits de vote, dans une société faisant appel
public à l’épargne, le CMF peut lui ordonner soit de procéder à une OPA,
soit de se soumettre à une procédure de maintien des cours (…)“.
Ces intermédiaires pensent qu’une telle procédure préserverait mieux les
intérêts des petits porteurs, d’autant plus que la SG n’a fait encore
aucun commentaire sur sa stratégie d’avenir pour l’UIB.