Un
contrat cadre d’achat de licences APBT/Microsoft
Le
logiciel libre a beau faire l’objet d’une promotion de plus en plus grandissante,
les produits Microsoft sont très largement utilisés. L’achat des licences
de ce constructeur coûte chaque année, à un pays comme la Tunisie, la
bagatelle de 6 millions de dinars. Il faut dire que les achats de logiciel
en Tunisie sont encore individuels et mal négociés, d’une part à cause
de la situation monopolistique du constructeur américain et d’autre part
à cause de la mauvaise organisation des utilisateurs.
Dans d’autres pays pourtant, comme les USA ou l’Angleterre, d’autres formules
de relations commerciales ont pu être trouvées avec ce géant de l’informatique.
Des formules comme les contrats cadres qui offrent plus d’avantages
à moindre coût.
En Tunisie, le secteur bancaire en a pris conscience et réagit. Des discussions
ont eu lieu entre l’APBT et Microsoft Tunisie. Le dossier APBT (Association Professionnelles des Banques de Tunisie) sera bientôt
transmis à Microsoft Corporation et devrait aboutir à la conclusion de
ce genre d’accord cadre, au moins pour l’instant, pour le secteur bancaire
tunisien qui ne relâche pas pour autant la pression en ce qui concerne
l’utilisation des logiciels libres.
L’affaire
a débuté lorsque Microsoft a demandé aux banques tunisiennes, une à une,
de payer les droits d’exploitation des licences.
Certaines
banques ont, entre-temps, trouvé un accord avec Microsoft et ont donc
payé les droits et régularisé leur situation. Mais les représentants du
secteur se sont quand même rendus compte que la facture était lourde,
une facture de plus de 6 millions DT. Il n’est pas inutile ici de préciser
que les prix d’achat d’une licence individuelle sont exorbitants par rapport
à une licence collective pour 10 000 utilisateurs par exemple.
“Notre
première réaction était de commander une étude pour voir ce qu’on pourrait
gagner à se présenter en front uni ” commente une source bien
informée auprès de l’APBT qui envisage cette démarche comme une action
d’utilité publique. L’étude par droit comparé de différents pays et en
comparaison avec la situation de certaines banques étrangères installées
en Tunisie (en l’occurrence la CitiBank), réalisée par un bureau d’étude
spécialisé, sollicité par l’APBT, a permis de se rendre compte que Microsoft
est lié par des accords cadres, sectoriels et même avec certains Etats
des USA. C’est ces cadres qui régissent les relations commerciales, les
droits d’exploitation des licences et accordent des prix préférentiels.
L’APBT a alors fait appel au représentant de Microsoft Tunisie et lui
a fait part des conclusions de son étude, de ses recherches et de son
avis sur la question. La réaction de Microsoft a été, semble-t-il selon
notre source, positive en affirmant aux représentants du secteur bancaire
qu’il n’y a pas de raison à ne pas faire en Tunisie ce qui a été fait
ailleurs. Il a été ainsi convenu de présenter les doléances de l’APBT
et son désir de négocier l’achat d’une licence collective et à un prix
préférentiel dans le cadre d’un accord cadre sectoriel, auprès de Microsoft
Corporation.
L’on
s’achemine ainsi vers, non pas vers une formule d’achats groupés, mais
d’achats individuels de licences en se référant toujours à l’accord cadre
qui serait ainsi signé avec Microsoft corporation et qui fixerait les
prix et les conditions de vente des licences. “Les premières simulations
de coûts d’un pareil contrat, nous assure la même source, nous ont démontré
un dégraissement énorme des droits que nous payerons et qui passeront
à l’horizon 2005 de plus de 6 MDT à seulement 1,35 MDT“. L’étude
comparative a été distribuée aux différentes banques de la place et le
prochain conseil de l’APBT devrait décider de la politique et de la stratégie
de négociation avec Microsoft. L’exemple de cette discussion et des prochaines
négociations, pourrait aussi être appliqué au secteur de l’administration,
grande consommatrice de licences.
L’APBT n’en
délaisse pas pour autant la piste du logiciel libre. Elle a en premier
lieu organisé un séminaire réunissant toutes les instances bancaires pour
lever une énorme confusion entre libre et gratuit et confirmer que bien
qu’étant libres, des logiciels comme Linux ne sont pas gratuits, au même
titre que Microsoft. La seule différence réside dans la possibilité d’intervenir
sur les programmes sources et d’y greffer d’autres applications.
L’APBT
a d’ores et déjà entamé la procédure de balancement vers les logiciels
libres, par la formation poussée d’une masse critique de cadres bancaires
à l’utilisation de ces logiciels. “Cette
étape est nécessaire et vitale même, commente notre source de l’APBT,
pour que le secteur bancaire ne se jette pas les yeux fermés dans un autre
environnement qu’il ne connaît pas et maîtrise encore moins“.
Cette
étape de formation terminée, il est attendu que les applicatifs de toutes
les agences bancaires tournent sur logiciel libre, ceci étant entendu
que les sièges centraux utilisent déjà des systèmes d’exploitation propriétaires.
Ceci n’empêchera pas, nous confirme-t-on, la dualité d’utilisation des
logiciels libres et des produits Microsoft. “La
question la plus importante reste cependant, le dosage à apporter et de
savoir aussi s’il y aurait, à terme, un renversement de vapeur total
” selon la même source.
Des
tests sont en cours dans certaines banques. On apprend ainsi que la BH
serait en voie de sauter le pas avec certaines de ses agences et qu’un
programme semblable serait à l’étude pour les agences de la BNA.