Conformément
à la décision prise lors de sa quatrième réunion, le CCG s’était réuni, les
17 et 18 février 2003 à Accra au Ghana, pour examiner l’évolution de la
situation dans le pays hôte (le Côte d’Ivoire) et donner des orientations
définitives au Conseil d’administration concernant la relocalisation
temporaire des opérations de la Banque à son agence temporaire de
relocalisation (ATR) sise à Tunis.
Cette réunion prenait appuie sur le plan d’urgence préparé auparavant par la
banque et mise en place suite à la déclaration par les Nations Unies, le 5
février 2003, de l’entrée en vigueur de la Phase IV du niveau de sécurité
sur l’ensemble du territoire de la Côte d’Ivoire.
On retrouvera une meilleure explication de ces deux notions d’ATR et de plan
d’urgence, sur le site de la BAD, dans une rubrique de dialogue avec ses
employés. On y lit à cet effet que ” le Plan d’urgence et de continuité
des activités est un plan préparé depuis 2000 et examiné en février 2001. Il
visait la création d’un site d’urgence pour la continuité des activités de
la Banque et de la reprise, post-sinistre, des opérations. La “Relocalisation
temporaire” des opérations de la Banque est une décision prise le mercredi
19 février 2003 à Accra, au Ghana. Le but en était de “maintenir la mission
de développement de la Banque dans toute la mesure du possible”, en
transférant les opérations et, par voie de conséquence, le personnel de la
Banque, à l’Agence temporaire de relocalisation (ATR) de Tunis”.
La décision de relocalisation
temporaire du personnel à Tunis semble donc être une initiative post-crise
mûrement réfléchie. Elle remplace ainsi la décision antérieure de mise en
œuvre du « Plan d’urgence et de continuité des activités » et devrait avoir
plusieurs conséquences. La première a certainement été cette note mise sur
le portail de la BAD : Les opérations de la Banque Africaine de
Développement sont temporairement relocalisées à Tunis (Tunisie). Vous
pouvez contacter la Banque africaine de développement à l’adresse suivante :
angle des trois rues du Ghana, rue Pierre de Coubertin, rue Hédi Nouira.
290 agents à la
BAD-Tunis, à la cherche de plus de locaux
Le
communiqué qui a sanctionné la réunion du 17 février, donne plus de détail
sur cette relocalisation et ses objectifs. Dans ce communiqué Omar Kabbaj,
président du Groupe de la Banque, indique qu’ ” environ 400 membres du
personnel ont été dépêchés à Paris et à Tunis pour assurer la continuité des
activités et maintenir les fonctions essentielles de la Banque”.
Le président Omar Kabbaj précise
ensuite que ce ” personnel permettrait seulement à la Banque d’assurer
les fonctions de gestion essentielles et de gérer les projets en cours, sans
quoi la Banque ne serait pas en mesure d’entreprendre de nouvelles
opérations de prêt ni de lancer de nouvelles initiatives“. Plus encore,
l’objectif était en définitive de “freiner l’érosion de la capacité
institutionnelle de la Banque et lui permettre de s’acquitter efficacement
de sa mission de développement”. Le CCG a d’ailleurs insisté à cet égard sur
la nécessité pour la Banque de “reconstituer ses capacités dans les plus
brefs délais afin de pouvoir s’acquitter de sa mission de développement”.
Kabbaj a aussi indiqué que cette opération de relocalisation devrait en fin
de compte concerner environ 600 membres du personnel additionnels à l’ATR.
De suite, 400 membres du personnel, comme l’indique O. Kabaj, sont “envoyés
en mission”, selon le terme administratif. Le reste du personnel recruté sur
le plan international est mis en situation de «congé administratif» et
rapatrié dans les pays d’origines.
Les 400 agents ont été subdivisés en deux groupes : environ 110 ont été
dépêchés au site de reprise des opérations de Sungard, un site situé dans la
banlieue parisienne. L’objectif de Sungard est de permettre à l’entreprise
victime d’une brutale interruption de ses activités de maintenir ses
activités à court terme. L’équipe de SUNGARD assure actuellement des
fonctions critiques telles que le programme d’emprunt, la gestion des
placements et des liquidités, les décaissements de prêts, la paie, les
prestations au personnel, les missions, les marchés, le paiement des
factures. Les 290 sont restés sur le site de l’ATR de Tunis avec pour
mission, selon le communiqué du CCG, “de préparer le site de l’ATR pour
consolider et compléter les fonctions critiques au-delà de celles couvertes
par Sungard“.
A présent, selon les réponses données sur le site de la BAD aux questions de
son personnel, “la Banque est en train d’identifier plus d’espaces à usage
de bureaux, de négocier de nouveaux baux, de commander des meubles et
équipements de bureau, de conclure des contrats d’installation informatique,
de services de nettoyage et de sécurité”.
Remise en cause tous
les 6 mois, en attendant la décentralisation
Selon le site de la BAD, “le régime de mission actuellement en vigueur
devrait bientôt être remplacé par un régime de relocalisation temporaire ».
Décodage ; le personnel en « congé administratif » sera invité à rejoindre
le site ATR. Ceci devrait donc porter le nombre d’agents de la BAD à Tunis,
de 290 actuellement à 400, puis à 600 en fin d’action de relocalisation.
Selon le site de la BAD qui invite son personnel à ne prendre aucun
engagement à long terme, “cette décision peut intervenir à tout moment”.
Pour l’instant, le CCG a convenu que le siège de la Banque reste à Abidjan
et que toute mesure prise concernant la relocalisation des opérations doit
être considérée seulement comme temporaire. “La décision de la
relocalisation serait réexaminée dans les cent quatre-vingt jours au plus
tard et par la suite, tous les six mois, en vue d’évaluer les conditions du
retour à Abidjan. La décision définitive devrait être fondée sur
l’appréciation du rétablissement des conditions nécessaires au
fonctionnement harmonieux de la Banque et au retour du personnel” précise le
communiqué.
Un projet de résolution concernant cette relocalisation sera donc soumis aux
Conseils des gouverneurs pour approbation selon la procédure de “vote par
correspondance”. Un autre projet de résolution, concernant le transfert à
Tunis des administrateurs et du personnel qui leur est rattaché, devrait
également être entériné selon la procédure de non objection. En attendant
cette approbation, les Conseils d’administration devraient tenir des
réunions particulières à Tunis afin de conseiller la direction et de
superviser la gestion de la Banque.
Mais beaucoup plus important, cette petite phrase lancée par le communiqué
qui indique que “le conseil a aussi discuté de la possibilité de
décentraliser les opérations de la Banque et a décidé de lancer une étude en
vue de lui faire des propositions avant la fin de 2003”.
Il est à noter, selon le communiqué de la BAD, que le Gouverneur pour la
Côte d’Ivoire s’était opposé à ses recommandations, alors que les
Gouverneurs représentant le Maroc et la Libye se sont abstenus d’exprimer
leur opinion et que le Gouverneur pour l’Afrique du Sud a émis des réserves
sur l’ampleur et le coût de la relocalisation proposée.
Le CCG a à ce sujet “recommandé à la direction et aux Conseils
d’administration de réexaminer le budget de la relocalisation aux fins d’en
réduire les coûts dans la mesure du possible”.