En 2002, le
chiffre d’affaires du commerce électronique a atteint la somme de 841
Milliards de Dollars. 80 % de ce chiffre représente les transactions “B to
B”, ou le commerce et les échanges entre entreprises. Ce chiffre qui
représente déjà le double de ce qui avait été réalisé en 2001, devra
atteindre cette année 1542 Milliards de Dollars et le commerce électronique
devrait représenter en 2006, plus de 18 % du volume du commerce
internationale.
En Tunisie, les premiers outils de l’arsenal juridique réglementant le
commerce électronique datent quand même de plus de 5 années. La loi
reconnaissant et instituant ce genre de commerce date du 9 août 2000 (1),
précédée de deux mois par l’amendement du code de commerce définissant la
signature électronique. Depuis, il y a maintenant 42 sites de commerce
électronique ou galeries marchandes, en progression de 10 magasins, par
rapport à 2001.
Le rapport de la commission technique du commerce électronique faisait, en
février dernier, l’éloge des différentes réalisations dans le domaine en
citant la galerie commerciale ecom.tn du Cepex, qui présente 11 articles et
produits exportables, le site spécialisé en pâtisserie tunisienne
masmoudi.com.tn qui ne ferait pas, à notre connaissance, de paiement en
ligne et se contenterait de procédures de commandes. D’autres expériences
existent aussi dans le domaine du tourisme, tels que le site de l’hôtel “Les
Orangers” et ereceptif.com, ou le site d’information et de service
hellotunisia.com ou encore le projet Medisys en construction par un ensemble
de privés et le soutien d’un fonds canadien qui cible des créneaux tels que
le tourisme culturel et de cure, le golf, la plongée et le tourisme de
congrès.
Autres secteur, presque pionnier dans ce domaine, l’artisanat avec des sites
tels que soukelweb.com, le mosaïc.com.tn ou encore le site raken.com. Cela
sans oublier la tentative avortée de la Socopa qui présentait une centaine
de produits dans une galerie virtuelle dont les lumières se sont vites
éteintes suite à des difficultés relatives à la distribution et au coût des
envois.
On n’oubliera pas de parler des sites de sociétés nationales comme la Sonede,
la Steg et Tunisie Télécom sur lesquels le paiement ne peut se faire que par
le e-Dinar; qui fait, également, le bonheur de la SNT et d’autres sociétés
privées comme Planet ou Topnet. Des entreprises qui font plus dans le
paiement électronique que dans le commerce électronique, tout comme TTN,
l’enregistrement universitaire, le ministère des finances pour le paiement
du Fisc et d’autres.
Petits résultats et
nouvelles perspectives
Pour ce qui est des résultats, les chiffres diffèrent selon les sources. A
fin 2002 et selon le rapport de la commission nationale du commerce
électronique daté de janvier dernier, le chiffre d’affaire réalisé dans la
cadre de tous les sites qui font du paiement électronique a été de 490 mille
DT, contre 110 000 DT une année auparavant. Un autre rapport du ministère du
commerce et du tourisme daté lui aussi de janvier 2003 cite le chiffre de
692 000 DT réalisé par les deux plateformes de l’ATI et de l’OPT (Office des
postes) et dont 627 000 DT auraient été réalisés par le “e-Dinar” et 65 000
DT réalisés par les cartes conventionnelles de crédit et plus précisément à
travers la STB.
A toutes ces tentatives, manquait le moyen de paiement et la plateforme
idoine pour le faire en toute sécurité. Il semblerait que ce problème aurait
été enfin résolu et que la plateforme de la société Monétique de Tunisie,
certifiée par différents organismes internationaux permettrait désormais
tout genre de paiement par cartes Visa, Master, e-Dinar et virements
électroniques.
Annoncée initialement pour le
mois de juin de cette année, la plateforme de Monétique de Tunisie
souffrirait encore de quelques problèmes de sécurité qui devraient être
résolus d’ici la fin de l’année en cours.
Cette solution ne suffirait cependant pas, selon les professionnels, à
booster cette nouvelle race de commerce. Les professionnels de
l’informatique estiment en effet que la stratégie nationale en la matière
s’est jusqu’à présent trompée de cible. Ils parlent d’abord, non plus de
commerce électronique, mais d’échanges commerciaux électroniques. Ils se
réfèrent ensuite aux chiffres internationaux qui précisent que plus de 80 %
de ce flux sont de type Business to Business et seulement 20 % ciblent le
consommateur. Et ils demandent un certain nombre de mesures de nature à
inciter les entreprises à s’engouffrer dans le commerce virtuel intra
entreprises. Des mesures comme la baisse des prix du haut débit ou la
défiscalisation des opérations de commerce on-line.
Une nouvelle stratégie serait ainsi en construction pour encourager les
entreprises tunisiennes à commercer entre elles et à créer ainsi, par le
volume, le marché dans lequel le consommateur particulier pourrait se
greffer. Wait and see ! Cela ne devrait trop tarder, d’autant que la
décision a été déjà prise de mettre ce dossier sous la tutelle directe du
ministère du tourisme, du commerce et de l’artisanat.