L’année 2002 aura finalement été une année
difficile pour la Sotuver du groupe Khaled Chahed. Avec une baisse de 9,4 %
de la production, une baisse de 9,5 % du chiffre d’affaires et un résultat
net en baisse de 43 % (0,946 MDT contre 1,677 MDT en 2001), l’année écoulée
ne doit pas être un bon souvenir. Les promesses du prospectus d’introduction
en bourse et celles faites lors de la première réunion avec les
intermédiaires en bourse, l’hiver dernier, en sont loin.
A tout cela, il y a bien sûr des explications. La baisse de la production
est imputable à l’arrêt, pour entretien d’un four, pendant 12 jours. La
baisse du chiffre d’affaires est imputable à la conjoncture qui a aussi
frappé les enlèvements dans les principaux produits que sont les bouteilles
de boissons gazeuses et alcooliques. Mais il y a aussi trois autres facteurs
au moins qui ont jeté leur ombre sur la marche de cette entreprises rachetée
au secteur public.
Trop optimiste ?
Il y a d’abord le décalage de 9 mois de l’entrée en production de la
nouvelle usine de Jbel Oust, dans laquelle dirigeants et actionnaires
plaçaient leurs espoirs. Un décalage qui vaut 3 mois de production et
équivaut à un chiffre d’affaires, non réalisé, de 4,5 MDT. “Au départ, on
était peut-être trop optimiste“, commente le Pdg Hamdane Ben Othmane,
qui nous explique ensuite que “techniquement, on était dans les temps,
mais c’est au niveau des études de génie civil et du béton que le retard a
eût lieu, ainsi que de l’exécution des travaux de charpente par les
entreprises locales“.
Il y a eût ensuite le dépassement (une autre manière pour parler de
mauvaises estimations) du coût final du projet. Un coût total qui passe de
44,8 MDT à 52,3 MDT, d’où un dépassement de 17 % entraînant des surcoûts de
7,5 MDT, rapidement comblés, certes, par des crédits STB et Biat.
Des surcoûts qui se repartissent en 2,5 MDT de
perte de change à cause du glissement du Dinar par rapport à l’Euro, 2 MDT
pour l’achat d’une machine supplémentaire de formage de modèles et 1,5 qui “se
résument en un jeu d’écritures transformant des frais associés et intérêts
intercalaires en investissements” explique encore M.H. Ben Othmane; avec
un langage technique, on dira que c’est la prise en compte des intérêts
intercalaires du fait du décalage de la date d’entrée en exploitation de la
nouvelle usine. A tout cela, il faudra aussi ajouter les 1,5 MDT de surcoûts
en génie civil.
Troisième cause de cette baisse généralisée des résultats et des
performances de la Sotuver, la non réalisation d’une vente d’un terrain dont
la valeur avait été comptabilisée dans le bilan de l’entreprise. Il semble
d’ailleurs peu probable qu’il le soit dans le court et même le moyen terme,
d’autant plus que l’entreprise a réussi à lui changer sa vocation, de
terrain industriel en terrain de construction “avec un CUF de R +6” précise
le Pdg.
2003, une autre année difficile ?
Devant cette
situation, où la direction elle-même ne montre pas trop d’optimisme pour
l’exercice en cours, il nous semble important, et sans tomber dans le
pessimisme, d’attirer l’attention sur certains faits et projections. A ce
jour, l’allumage du premier four de la nouvelle usine, prévu à partir du 15
juillet reste lié et dépendant d’un problème d’alimentation en gaz.
Le chiffre d’affaires global pour les 6 premiers mois de l’exercice 2003,
enregistre une baisse de 15 % par rapport à l’exercice 2002. Cela malgré une
hausse de 57 % (c’est le seul chiffre non approximatif qu’on ait pu avoir de
la Sotuver) du chiffre d’affaires à l’export.
De son côté la production serait baissière
d’au moins 10 %.
Et lorsqu’on évoque l’abaissement de la notation Maghreb Rating à BB- pour
le long terme, avec perspective stable et B pour le court terme, M.Hamdane
Ben Othmane sourit et explique que “cette notation ne tient pas compte de
beaucoup de contraintes, car chaque fois qu’il y a changement par rapport
aux prévisions, c’est pour l’agence un risque“.
Tenant compte de tous ces aléas, certains analystes boursiers ont
réactualisé les prévisions contenues dans le prospectus de la dernière
augmentation du capital. Leurs chiffres montrent certes un CA en hausse,
mais un résultat net déficitaire en 2003 et un retour au bénéfice à partir
de 2004.
2002
2003
2004
2005
2006
Chiffre
d’affaire en MDT
11,6
16
29,1
33,6
36,6
Bénéfice
net en mDT
946
– 1 076
3 919
6 344
7 745
Il y a lieu cependant de noter que la Sotuver reste confiante dans l’entrée
en fonction de son premier four et dans le développement de la bouteille
“one way” (sans consigne) où elle aurait déjà une commande de 15 millions de
cols de l’UCCV et une promesse d’entente pour des commandes de 35 millions
de cols avec les minéraliers. A cela s’ajoutent des intentions de commandes
pour l’année en cours et 2004, de quelque 90 millions de cols de groupes
Algériens, Libyens et Tunisiens, ces deux derniers dans les secteurs de
l’eau et des tomates. A suivre !!