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Nouvelles Technologies > 15-09-2003 à 08:00
Tout ce qui est dette n’est pas endettement !
L’homme
n’est pas un nouveau venu sur la scène touristique. C’est un investisseur de
la première heure, après un passage marqué au sein de l’ONTT et quelques
unes de ses plus prestigieuses représentations à l’étranger. A l’âge de 59
ans, il y croit encore, développe et n’a pas peur des de l’importance de ses
engagements auprès du secteur bancaire, pour investir dans des endroits
aussi ” touristiquement ingrat” que la ville de Kairouan.
Avec ses 10 unités hôtelières, M. Adel Bousarsar est ce qu’on pourrait
appeler un “vieux routard” du secteur. Il n’en est pas moins aussi jaloux
qu’un jeune entrepreneur. Loin d’avoir la langue dans la poche, il le défend
“bec et ongles” contre ceux qui accusent le secteur du tourisme de mauvais
payeur ou de bradeur. Interview
Ce qu’on appelait la haute saison de l’année touristique 2003 est presque
fini. Avec le recul et votre expérience de voyagiste et d’hôtelier, comment
jugez-vous ce début de saison ? A-t-il été au niveau de vos espérances ?
Présage-t-il d’un reste de saison normal ?
Après un premier semestre difficile et au vu de la conjoncture
internationale particulièrement difficile, nous avons entamé, depuis
quelques semaines déjà, la reprise. Une reprise certes, mais qui ne
permettra pas de récupérer le manque à gagner du secteur sur le premier
semestre 2003.
Une saison prépare ou présage une autre. Comment voyez vous, à partir des
éléments dont vous disposez actuellement, la saison 2004 ? L’amorce de la
reprise est-elle définitive et est-ce que 2004 sera meilleure que 2003 ?
On est certes optimistes, mais rien ne nous permet actuellement d’affirmer
que la reprise soit réelle et définitivement amorcée. Il faudra pour cela
attendre les premiers éléments de la programmation aérienne, le démarrage
des réservations et les brochures des TO pour l’année 2004.
Ces marchés, vous y êtes allé, vous en avez “pris le pouls” lors des
différentes manifestations internationales. Comment se comportent déjà nos
principaux marchés, sont-ils en position de reprise ou encore en position
d’attente de stand by ?
A mon avis, la reprise est là. Les premiers signes de cette reprise, sont le
volume du booking pour l’arrière saison et qui semble être plus important
que l’année dernière. Rien ne permet cependant encore d’être définitif.
Toute cette conjoncture dont vous parliez et cette situation que vit
actuellement le secteur touristique tunisien a certainement laissé des
traces financières dans les bilans des entreprises du secteur. Quelle est
cet impact ?
Les difficultés financières sont réelles, surtout pour les années 2002 et
2003. Malgré cela, les emplois ont été maintenus. La CNSS nous aidé pour le
rééchelonnement des cotisations et nous avons trouvé des solutions avec les
banques qui ont permis de reporter certaines échéances. Il n’en demeure pas
moins que le besoin de restructuration se fait de plus en plus sentir pour
les nouvelles unités qui n’arrivent pas à avoir le RBE nécessaire au
remboursement de leurs dettes.
Comment jugez-vous l’endettement du secteur touristique ? Est-il
tellement lourd pour réellement handicaper l’avenir du secteur ? Les
hôteliers sont-ils bons payeurs ?
Je pense d’abord qu’il faut relativiser cette notion d’endettement. Il y a
d’abord l’endettement qui est réalisé par des professionnels ou des
promoteurs sérieux, dans la transparence et qui honorent leurs engagements.
Celui-là est un endettement qui ne pose aucun problème et qui contribue même
au développement du secteur. Ceux là ont jusqu’ici et plus précisément
jusqu’en 2001, assuré les services de la dette dans les meilleurs
conditions. Il nous semble alors normal, lorsqu’ils rencontrent des
difficultés passagères en 2002 et 2003, qu’ils aient droit à un peu plus de
considération et d’écoute de la part des banquiers.
Il y a ensuite ceux qui étaient endettés, bien avant 2002 et qui n’étaient
déjà pas en règle avec les banques. La responsabilité de ceux-là en revient
aux banques qui ont continué à leur accorder des crédits.
Le secteur touristique pâtit actuellement de l’image de mauvais payeur.
C’est un fait qu’on ne peut pas occulter dans cette question d’endettement.
Comment croyez-vous que l’on puisse corriger cette image ?
C’est vrai que cela représente un grand problème pour nous. Cela dit, je
répète qu’il ne faut pas généraliser et les banques n’ont qu’à appliquer la
loi. Les banques ont certes eu beaucoup de mérite à promouvoir le secteur,
mais elles se doivent aussi d’appliquer la loi et respecter les règles de
jeu. Elles ne sont pas les seules à être lésées dans cette affaire. Les
entreprises sérieuses et correctes aussi ! Conséquence, les mauvais payeurs
bradent les prix et font du tort à toute la profession.
Il y a aussi, derrière ce bradage de prix avec les TO, la forte
concurrence locale !
Ce n’est pas général et ceux qui le font sont connus sur le marché. On peut
être quelques fois amenés à faire des promotions pour des périodes limitées,
mais pas de réduction de prix. Le bradage est une politique de fuite en
avant, qui se fait au dépend de la qualité et qui réduit aussi les bénéfices
et les recettes du pays.
On a beaucoup critiqué le choix du tourisme de masse et plusieurs fois
évoqué la nécessité de passer à un niveau plus haut. Croyez-vous cela
possible avec la qualité d’infrastructure qui existe maintenant ?
D’abord, le choix du tourisme de masse est un choix réel et tous ceux qui
ont ciblé une autre clientèle, y sont revenus. Ensuite, avec plus de 200
mille lits à 70 % de types 2 et 3 étoiles, notre capacité en lits est faite
pour ce genre de clientèle. A la limite, je dirais que cette question n’est
plus d’actualité. Il s’agit d’avoir un tourisme diversifié qui peut aller du
standard au standing et d’avoir notre part de chaque segment de clientèle.
Avec la participation des parties concernées, nous avons mis au point une
politique de valorisation du produit tunisien et nous sommes entrain
d’élargir notre cible, de la clientèle standard vers des cibles de clientèle
élevée et particulièrement valorisante comme le golf, la thalasso, le
tourisme incentive ou tourisme de congrès.
C’est bien sûr dans ce cadre que s’insère votre dernier accord avec le
groupe TQ3 !
Nous sommes en effet les représentants de cette enseigne en Tunisie. Une
multinationale qui a pour vocation d’apporter aux entreprises des solutions
de gestion des dépenses de voyages globales et innovantes.
En Europe, TQ3 Travel Solutions représente le premier réseau avec un volume
d’affaires de 7,2 milliards d’euros et une implantation dans plus de 38 pays
qui ne cesse d’évoluer.
Cet accord avec la firme allemande de tourisme d’affaires, et il n’est pas
le seul exemple puisque nous en avons d’autres, entre en effet dans le cadre
des efforts de notre groupe, comme le font par ailleurs d’autres
professionnels tunisiens, pour diversifier sa clientèle. Depuis l’année 2000
le marché du tourisme d’affaires s’est beaucoup développé. Il s’est certes
tassé après la chute due aux événements du 11 septembre, mais il commence
maintenant à reprendre et nous travaillons déjà sur des événements à
organisé en Tunisie en 2004 et 2005.
Votre activité de voyagiste est née en 1981 avec “Tunisie Voyages”.
Est-ce par simple souci d’intégration que vous avez lancé cette agence, ou
est-ce une autre conception de l’activité touristique ? En quoi le concept
Tunisie Voyages est-il différent des autres ?
TV est une agence réceptive basée sur la qualité et la diversité des
produits. Nous représentons en Tunisie quelques uns parmi les plus grands TO
du monde et entretenons avec eux un courant exemplaire de partenariat. Nous
assurons le réceptif de plus de 600 000 clients et organisons et assurons
tout leur séjour et lui procurons l’assistance nécessaire.
Ce qui peut nous différencier, c’est que grâce à la qualité de nos
relations, nous avons pu amener nos partenaires à commercialiser d’autres
régions de la Tunisie que le balnéaire classique. Nous avons aussi développé
des circuits multiformes, culturels de premier niveau, des circuits de
découverte et beaucoup développé le département incentives pour drainer le
tourisme d’affaires. Les bonnes notations que nous accordent nos partenaires
étrangers, démontrent en tous cas la réussite de cette stratégie et nous
confortent dans nos choix.
Nous travaillons beaucoup aussi, depuis plus de 10 ans, sur le tourisme
arabe et réalisons de très bons résultats, grâce à notre capacité
d’adaptation aux besoins spécifiques de cette clientèle, tant en produit
qu’en qualité de service. Le taux de retour que nous enregistrons le prouve.