Banques : entre concurrence et solidarité
Mercredi
10 septembre 2003, comme à l’accoutumée, le gouverneur de la BCT invitait
les PDG des banques à une réunion de suivi mensuelle des différentes mesures
prises pour moderniser le secteur bancaire.
Au cours de cette réunion, l’accent aurait été mis sur la situation du
secteur bancaire et surtout sur l’esprit de solidarité qui devrait régner
entre les responsables pour trouver des solutions à un secteur, qu’un des
banquiers de la place a qualifié de, “grippé”.
Les chiffres communiqués montrent qu’à fin juin 2003, le
produit net bancaire aurait chuté de 4,2 %, que le résultat net du secteur a
dégringolé de 29 %, alors que les charges opératoires ont augmenté de 7,4 %.
Autre constat qui aurait été fait lors de cette réunion, la dégradation de
la qualité du portefeuille des banques. Les crédits accrochés
représenteraient ainsi 15,7 % de leurs engagements et le taux de ces crédits
par rapport au total des engagements serait désormais de 23 %, contre 20,9%
à la fin du mois de décembre de l’année 2002. Autre indicateur et non des
moindres, le montant des crédits classés aurait augmenté de 561 MDT, par
rapport à son niveau à fin 2002.
Il est à noter que le montant de ces crédits accrochés, avait déjà augmenté
au cours de l’année 2002, de 223 MDT atteignant 3266 MDT, soit 14,8 % des
engagements des banques de dépôt.
Corollaire de cette situation du secteur, les concours des banques à
l’économie nationale n’auraient augmenté, à fin juin 2003, que de 3,8 % et
la courbe de l’évolution des “B.A” (bonne action) du secteur ne devrait pas
progresser de plus de 7 % pour toute l’année 2003. En 2002, ces concours
avaient déjà enregistré une décélération de rythme, ne progressant que de
6,3 % contre 11,2 % une année auparavant.
Au-delà du fait que la réunion se serait limitée au constat et n’aurait pas
essayé d’ébaucher les moyens de guérir cette “grippe”, le gouverneur de la BCT aurait assez longuement évoqué le manque de solidarité des différents
opérateurs face à cette situation.
Selon des sources bancaires, les responsables du secteur ne démontreraient,
en effet, aucun sentiment de solidarité face à la situation de
multiplication des crédits d’un même opérateur, déjà endetté. La concurrence
entre banquiers pour s’attirer les dépôts de gros clients iraient jusqu’à
rémunérer au-delà des taux convenus.
Au cours de la réunion du 17 juin 2003, le Gouverneur de la BCT avait déjà
évoqué la question des crédits accrochés. Il avait alors insisté sur “la
nécessité de réactiver le rôle de la banque chef de file pour qu’elle prenne
en charge l’évaluation et le suivi de la situation financière du débiteur“.
Une note de la BCT indique cependant que les crédits continuent à être
accordés, sans aucune consultation entre les banques. Plus encore, même dans
les cas où l’entreprise recours à un pool bancaire. Cela a aboutit, toujours
selon cette note de la BCT, pour certaines banques à donner leur accord de
crédit en dépit des importants engagements du client auprès d’autres
banques. Et la note de finir que “cela a poussé certains clients (des
banques) au recours incontrôlé au crédit bancaire et à l’utilisation non
efficiente des possibilités financières, entraînant pour elles des
difficultés à rembourser leurs crédits et affecté le portefeuille crédit du
secteur bancaire“.
14-09-2003
Khaled
BOUMIZA
|