Ce n’est
un secret pour personne (les hôteliers ne le cachent d’ailleurs pas eux
même, sauf lorsqu’il s’agit des montants individuels) le tourisme a été
fortement touché par la conjoncture internationale et il est maintenant l’un
des secteurs les plus endetté. Avec une moyenne de 20% de baisse du trafic
aérien mondial, une baisse de 20 % du taux moyen d’occupation, une
considérable régression du marché allemand, une pression accrue des TO et
une baisse inconsidérée (de l’aveu même de la fédération) des prix
pratiqués, ils n’ont pas été gâtés.
De source bancaire digne de foi, nous croyons savoir que les engagements du
secteur hôtelier serait actuellement de l’ordre de 3292 MDT. Des groupes
prestigieux du tourisme tunisien figurent sur une liste des cent entreprises
(tous secteurs confondus) les plus endettés.
Certains sont réputés pour être bons payeurs et la profession en est fière.
D’autres, ne le sont pas et la profession en dégage sa responsabilité et
demande aux banques de faire leur travail. “Nous défendons ceux qui, au
31 décembre 2001, étaient en règle avec leurs banquiers” nous dit M.
Mounir Ben Miled président de la FTH (Fédération Tunisienne de
l’Hôtellerie). Et le patron des hôteliers de poursuivre par un appel aux
banques “Agissez contre ceux qui dégagent un RBE positif et qui ne payent
pas“.
Le fait est cependant, que ce secteur totalise actuellement 806,6 MDT
d’impayés. Il s’agit là bien sûr des dettes échues, de l’ensemble des 3292
MDT d’engagements, et qui n’ont pas été payées. Ont peut s’attendre donc que
ce montant des impayés augmente avec l’arrivée à terme des échéances. Dans
tout cela, il y a les cas des nouveaux promoteurs du secteur. Ils sont 60 et
représentent une enveloppe de 180 MDT d’impayés.
Le 27 juin dernier, le Président Zine El Abidine Ben Ali présidait un
Conseil ministériel consacré à l’examen de la marche du secteur du tourisme.
Les questions de l’investissement, du financement et de l’endettement
étaient à l’ordre du jour.
Consigne avait été alors donnée de veiller à parachever les programmes qui
ont démarré et d’appeler les investisseurs à étudier, au cas par cas, les
nouveaux engagements. Pour ce qui est de l’endettement, le Président de la
République avait souligné la nécessité de traiter cette question au cas
par cas et ordonné la constitution d’une commission chargée d’examiner
l’endettement du secteur et de présenter des propositions pratiques.
Deux réunions, au moins, se sont tenues entre hôteliers, ONTT, banquiers et
ministère des finances, dont la dernière le 12 septembre de cette année.
Les hôteliers y “sollicitent, selon l’expression de M. Ben Miled, deux
faveurs“. La première serait de faire supporter
les intérêts aux trois opérateurs économiques que sont les banques, les
entreprises hôtelières et l’Etat; au tiers chacun. Ceci, tout
en reportant le principal à la fin du parcours, comme si c’était un crédit
complémentaire. La seconde faveur serait d’annuler
les pénalités de retard pour les dettes des années 2002 et 2003 avec une
consolidation de tous les crédits, échus et non échus, dans un même crédit
supplémentaire étalé sur une période de 12 à 15 ans, avec 3 ans de franchise
et un taux d’intérêt, toujours selon le président de la FTH, raisonnable.
Dans le communiqué sanctionnant sa dernière réunion périodique avec les PDG
des banques, le gouverneur de la BCT y fait référence et souligne “la
nécessité de veiller à l’application des recommandations du conseil
interministériel consacré à l’étude des problèmes des unités hôtelières en
difficultés, de manière à consolider les efforts des différentes parties
visant le soutien de ce secteur pour qu’il retrouve son cycle normal
d’activité“. Les hôteliers auront-ils leurs faveurs, comme dans le cas
il y a bien des années, du tourisme saharien ? Ce qui est certain, c’est que
la directive d’agir au cas par cas, issue du conseil ministériel de juin,
sera appliquée.