Economie : 2003 entre analystes
financiers et entreprises
Par Khaled Boumiza
Comme une partie des
intermédiaires en bourse, Arab Financial Consulters (AFC) dont l’un des
actionnaires est aussi président de l’AIB, elle publie, également, une revue d’analyse
financière. Particularité de la chose, cet intermédiaire s’est allié à un
analyste financier et confie ainsi cette importante tâche à un
professionnel. Il s’agit du cabinet Axis dont le principal
dirigeant, Ahmed Ben Ghazi, avait été le premier représentant de la première
agence de rating installée à Tunis.
Dans cette revue trimestrielle
dont la distribution pourrait bien devenir payante, l’AFC consacre au moins
9 pages pour une analyse macroéconomique de la situation économique de la
Tunisie pour l’année 2002 et se laisse même aller à faire des prévisions
pour l’année en cours.
Traitant en effet de cette
situation et de l’influence de la conjoncture internationale, Axis estime
que « le creux de la vague est passé pour l’économie tunisienne, qui
confirme sa capacité de résistance au niveau macroéconomique» et que « si
des turbulences subsistent, 2003 sera un meilleur cru que 2002 ». Le cabinet
d’analyse de l’AFC pense cependant qu’« il ne faudra pas compter sur la
zone Euro pour tirer la croissance de la Tunisie en 2003 ».
Affinant par la suite son
analyse, Axis remarque que sur les 15 dernières années, la croissance
tunisienne a été davantage influencée par la conjoncture interne que celle
externe. Il note ensuite que « la variation du PIB agricole a constitué un
facteur majeur dans la variation du PIB global » et pronostique une
participation de 2 points de l’agriculture dans la croissance totale.
Pour les entreprises, Axis s’
attend à une réduction de 10 % des charges financières, des suites des
baisses du taux d’appel d’offre de la BCT. Et bien que l’analyste de l’AFC
prédise que « d’autres sociétés, surendettées et avec des besoins de fonds
de roulement trop lourds, pourraient passer par des turbulences sérieuses et
notamment des crises aiguës de trésorerie », il reste optimiste et souligne
son opinion que la conjoncture, pour les entreprises, ira s’améliorant à
partir du second trimestre 2003.
Pour les entreprises de la cote
(déduction faite de Batam et Tunisair), la Revue AFC nous apprend d’abord
que la masse nette des bénéfices, pour l’année 2002, a été de 245 MDT. Un
chiffre en fait en baisse de 27 % par rapport à 2001 (337 MDT au cours de
cette année). Et malgré des résultats semestriels nettement à la baisse de
ces entreprises, Axis pronostique quand même une fin d’année avec des
hausses des bénéfices. « Les perspectives de croissance des bénéfices en
2003, sont plutôt moyennes, de l’ordre de +5 %, avec des différences
sectorielles » précise-t-il. Des différences comme pour la SFBT ou la
Sotumag, pour lesquelles l’analyste prévoit une augmentation de 15 % des
bénéfices.
Axis se montre cependant moins
optimiste pour le secteur bancaire et financier en général, dont le leasing.
La précision est de taille d’autant que les banques représentent 70 % du
total des bénéfices des sociétés de la cote. Pour les deux secteurs des
banques et du leasing, Axis souligne que « la progression des bénéfices devrait être
faible, sinon en baisse pour plusieurs institutions ». Une personne avisée
en vaut deux ?
4.2 % de croissance
pour l’IACE
Côté chefs d’entreprises, c’est l’IACE (Institut arabe des chefs
d’entreprises) qui publie le rapport de son observatoire de l’entreprise.
Première information et contrairement à tout ce qui a été publié dans ce
cadre, les chefs d’entreprise pronostiquent un taux de croissance de 4,2 %.
« Une croissance proche de la tendance des années précédentes »
explique le rapport qui ajoute que « la contribution du secteur agricole
à la croissance (17.1%) serait substantielle, les autres secteurs
enregistreraient des taux de croissance positifs, mais largement inférieurs
aux moyennes des années passées ».
Dans tous les cas et
contrairement à Axis, l’IACE ne semble pas trop compter sur le secteur
agricole pour insuffler la force d’entraînement suffisante capable de
booster la croissance économique globale en Tunisie. Les entrepreneurs
croient plutôt en la force du « cordon ombilical » avec la zone Euro. « Pour
les mois à venir, explique en effet le rapport de l’observatoire des
entreprises, en dépit d’un marché mondial encore indécis, beaucoup
d’indicateurs annoncent une reprise de la croissance ( … ) aux USA et dans
la zone Euro. Pour la Tunisie, compte tenu des délais que l’on enregistre
entre la reprise en Europe et son impact sur ses partenaires, on peut
prévoir pour la fin de trimestre ( en septembre, si l’on sait que ledit
rapport est sorti en juillet) une reprise légère des commandes industrielles
» indique l’observatoire.
L’IACE s’attend aussi à une évolution de la consommation des ménages (4.4 %)
en 2003 serait supérieure à celle du PIB (4.2 %) et explique cela par les
bonnes performances du secteur agricole et la libéralisation des
importations et des biens de consommation.
Les chefs d’entreprises semblent
donc confiants, évoquent de meilleures intentions d’investissement, des
indices précurseurs pour la reprise, une « bonne tenue et la soutenabilité
de l’économie tunisienne qui dénote la réussite des politiques économiques
de la dernière décennie ». Ils s’attendent cependant, pour l’année 2003, à « une légère augmentation de la pression fiscale et de la dette de l’Etat ».
Ils estiment aussi que cette soutenabilité de la croissance nécessite la
poursuite des réformes, la consolidation des secteurs bancaires et financiers
et le rattrapage du retard dans les domaines des NTIC.