L’inflation maîtrisée et les devises à
86 j Par
Khaled Boumiza
Dans le communiqué faisant suite à la réunion mensuelle, le 13 novembre
2003, de son Conseil d’Administration, la Banque Centrale de Tunisie attire
l’attention sur la multiplication des signes de reprise de l’économie
mondiale, « une évolution accompagnée par un raffermissement progressif de
la demande internationale et, partant, du volume du commerce mondial,
entraînant une hausse des cours des matières premières industrielles » note
le communiqué.
L’incidence étant directe sur l’économie ouverte de la Tunisie, ceci
pourrait expliquer le développement contrasté (entre accélération et
décélération) de certains ratios de l’économie Tunisienne. Il en ainsi du
commerce extérieur, qui décélère et améliore pourtant le déficit commercial.
Il en est ainsi aussi de la hausse des prix qui n’a aucune influence sur
l’inflation, les nuitées touristiques qui diminuent et les rentrées en
devises du secteur qui remontent ou encore l’amélioration de la liquidité
bancaire et le financement de l’économie qui n’augmente même pas de 1 %.
L’inflation à 2,4 %
Selon les membres du Conseil d’Administration, « l’économie Tunisienne
continue à bénéficier, notamment, des résultats du secteur de l’agriculture
et pêche, soutenus encore par les perspectives favorables de la nouvelle
saison agricole ». Notons ensuite qu’en dépit de la hausse des prix de
certains produits alimentaires durant les derniers mois, l’inflation
continue à être maîtrisée. Elle se situe, contrairement à ce qui a été
annoncé par un organe de presse local en langue française, à 2,4% pour les
dix premiers mois de 2003 contre 2,9% au cours de la même période de l’année
écoulée.
Légère reprise
industrielle
En ce qui concerne le secteur industriel, le communiqué de la BCT rapporte
que « la progression de la production enregistrée depuis le mois d’avril
2003 a décéléré en août en se situant à 0,8% contre 2,3% en juillet. Pour
les huit premiers mois de 2003, la baisse de l’indice de la production
industrielle s’est limitée à 0,3% ».
Du côté du tourisme, on notera la baisse de 2,5% des nuitées globales, au
cours de septembre/octobre. Une baisse qui intervient après une augmentation
de 11,1% sur la période juillet/août. Au terme des dix premiers mois de
cette année donc, la baisse des nuitées s’est limitée à 2,2%.
Maigre
consolation ! Cela n’a cependant pas empêché une augmentation, en septembre
2003, de 1,5% des entrées touristiques, contre 14,9% en août 2003. Au terme
des neuf premiers mois, ces entrées se sont quasiment maintenues à leur
niveau de la dernière année (+0,3%).
86
J d’importation en devises
Parallèlement, les recettes en devise du secteur touristique ont, après deux
mois successifs de progression, accusé un repli de 4,3% en octobre 2003.
Pour les dix premiers mois de l’année en cours, la baisse de ces recettes se
situe à 3,8%. Cette diminution a été, néanmoins, contrebalancée par la
progression de 4,3% jusqu’à fin octobre des économies sur salaires
transférées par les Tunisiens résidents à l’étranger.
Au total, les avoirs nets en devises du pays et en provenance de tous les
secteurs d’activité, se sont enfin élevés à 3.326 MDT au 31 octobre 2003
contre 3.018 MDT à la même date de l’année précédente, soit respectivement
l’équivalent de 86 et 81 jours d’importation. Au 10 novembre 2003, ils se
sont situés à 3.375 MDT, soit 86 jours d’importation.
Exportation
: repli de la croissance
Pour ce qui est des échanges commerciaux, et en relation avec la conjoncture
dans les principaux pays partenaires, les exportations et les importations
ont accusé, en octobre 2003, des replis respectifs de 2,3% et 10,6%. Nous
rappellerons ici, cette remarque faite au début du communiqué de la BCT
parlant d’une évolution accompagnée par un raffermissement progressif de la
demande internationale et, partant, du volume du commerce mondial,
entraînant une hausse des cours des matières premières industrielles.
Les replis ont ainsi concerné, pour les exportations, l’agriculture, les
industries agroalimentaires et les textiles, habillement et cuirs. Pour les
importations, les replis ont touché l’alimentation et les produits
énergétiques.
Au cours des dix premiers mois de 2003, la progression des exportations et
des importations est revenue à 8,5% et 3,2% respectivement. Il en est
résulté une réduction du déficit commercial de 10,1% et une amélioration du
taux de couverture de 3,6 points de pourcentage pour s’élever à 75,4%. Ces
évolutions ont permis de réduire d’une manière significative le déficit
courant, au terme des dix premiers mois de l’année, pour le ramener à 2,1%
du PIB contre 2,7% pour la même période de 2002.
Hausse de dépôts et de l’épargne
Au niveau des affaires financières, les concours du secteur bancaire à
l’économie ont connu, en septembre 2003, une augmentation de 0,7%
représentant un volume de 158 MDT. Cette petite hausse porte certes
l’accroissement de ces concours, au terme des neuf premiers mois, à 4,2%.
Elle reste quand même loin de l’objectif annuel révisé à 6,6%.
S’agissant de la liquidité bancaire, la BCT fait état d’une légère
amélioration en octobre. Un élargissement de 39 MDT, dû essentiellement aux
effets de l’accroissement des dépôts et notamment d’épargne. En conséquence,
le volume moyen du refinancement des banques auprès de la Banque Centrale
est revenu à 246 MDT contre 285 MDT le mois précédent.
Côté change, le dinar a accusé des légers replis vis-à-vis de ces deux
monnaies, soit 0,3% par rapport à l’Euro et 0,4% pour le dollar. Ce
mouvement, porte la marque de l’évolution du rapport Euro/dollar sur les
marchés des changes internationaux au cours du mois d’octobre. Depuis le
début de l’année et jusqu’au 11 novembre, le dinar aura enregistré une
baisse de 4,5% par rapport à l’Euro et une hausse de 4,7% vis-à-vis du
dollar US.