De
quoi 2004 sera-t-il fait ? Par :
KhaledBoumiza
2003 est presque finie. L’actualité c’est maintenant l’année 2004 et les
documents qui vont en tracer les grands contours, économiques et financiers,
circulent déjà et seront bientôt sous la loupe des députés.
Le premier de ces documents est le budget économique pour l’année 2004. Un
document qui trace déjà le schéma de développement pour l’année prochaine.
Ce schéma repose sur quatre grandes priorités :
1. Confirmer et conforter la reprise enregistrée dans des secteurs tels que
le tourisme et le transport.
2. S’approcher des objectifs du 10ème plan, pour le taux de croissance et
l’emploi, en boostant notamment l’investissement.
3. Se préparer à faire face aux mutations internationales de l’année 2004,
notamment en ce qui concerne l’élargissement de l’Europe, le démantèlement
des accords multifibres, l’approche de l’ouverture des frontières et
l’instauration de la zone de libre échange.
Pour cela et pour atteindre ces priorités nationales, le schéma de
développement s’est fixé six grands objectifs :
* La réalisation d’un taux de croissance de 5,6 % à prix constants, contre
5,5 % prévus pour 2003. Ce chiffre repose sur un taux de croissance,
attendu, de tous les secteurs (hormis l’agriculture et la pêche) de 5,9 %
contre 3,6 % en 2003.
* Réaliser un taux de croissance des investissements de 9,7 %, pour en
accroître la part dans le PIB à 24,5 %.
* Augmenter les créations d’emplois à 70 400, contre 65 000 pour l’année en
cours.
* Maîtriser les équilibres extérieurs, à travers le maintien du déficit
courant au niveau de 2,8 % du PIB et cela grâce à une croissance attendue de
8,6 % des exportations et de 8,2 % pour les importations.
* L’amélioration des ratios de l’endettement (47,3 % pour 2004, contre 50,3
%) et du service de la dette (15,5 % pour 2004).
* Maîtriser le financement de l’économie, à travers le renforcement des
ressources propres, sans que la pression fiscale ne dépasse les 20,9 %. Mais
aussi, juguler le déficit budgétaire dans les limites de 2,5 % et augmenter
de 7,5 % le financement de l’économie par le secteur bancaire Tunisien, tout
en veillant à une bonne gestion de la liquidité et au maintien de
l’inflation au niveau de 2,5 %.
Un budget de 12730 MDT
Pour la réalisation de ces objectifs, le montant global du budget économique
pour l’année 2004, a été fixé à 12 730 MDT (dont 9 195 en hors remboursement
du principal de la dette). Un montant en augmentation de 6 % par rapport aux
prévisions actualisées de 2003.
Un montant qui va nécessiter aussi la
collecte de 8 458 MDT en ressources propres et 4 272 MDT en emprunts. Ce
dernier montant des emprunts a été fixé sur la base des besoins de 3 535 MDT
en remboursement du principal de la dette et de 737 MDT qui constitueront le
déficit budgétaire pour 2004.
Ces prévisions, tablent sur un montant de revenus fiscaux égal à 7 303 MDT,
en augmentation certes de 8,4 %, mais sans incidence aucune sur la pression
fiscale qui restera au niveau de 2003, c’est-à-dire 20,9 % du PIB.
L’Etat
table aussi sur la mobilisation de 1 155 MDT en revenus non fiscaux, dont 125
MDT en produits de la privatisation. Ce dernier chiffre prévu en forte
croissance, par rapport aux 1,2 MDT prévus pour l’année en cours, on devrait
donc s’attendre, pour 2004, à une forte accélération du programme de
privatisation.
L’emploi de ces ressources, devrait se répartir entre le paiement du service
de la dette publique (4 550 MDT) et les dépenses de gestions et de
développement ( 8 180 MDT)
Comment financer le budget ?
Mis à part les ressources propres (revenus fiscaux, directs et indirect), le
financement de ce budget se fera par le recours à l’emprunt sur les marchés
financiers, local et international. 928 MDT des besoins en crédits, se
feront ainsi en emprunts qui seront lancés auprès du marché financier local
et à 75 % par le biais des BTA et des BT à cours terme.
Le reste, 3 344 MDT, sera mobilisé à l’extérieur. Ce montant est en hausse de
246 MDT par rapport à 2003 et ce malgré la hausse attendue des avoirs en
devises, qui devraient atteindre les 3 mois d’importation, et la maîtrise à
2,8 % du déficit budgétaire. La cause en est les 300 MDT de l’emprunt
japonais échu.
1 200 MDT, des ressources extérieures, seront ainsi mobilisées sous forme
d’emprunts publics par le biais de la coopération bilatérale et
multilatérale, 150 MDT en dons notamment de l’Union Européenne et 1 280 MDT
en IDE et participations.
Les crédits financiers et commerciaux qui seront mobilisés sur les marchés
internationaux atteindront le montant de 714 MDT, dont 450 MDT le seront sous
forme de crédits sur les marchés financiers pour le compte de l’Etat.
Les gisements
de la croissance
Au détail donc, la Tunisie devrait réaliser un taux de croissance de 5,6 %.
Ces prévisions tablent donc sur une reprise de la croissance d’autres
secteurs, en dehors de l’agriculture, dont notamment le tourisme et le
transport. En dépit des prémices de la saison pluviale, les « profiler’s »
du budget prévoient une baisse de la participation, dans cette croissance,
de l’agriculture et de la pêche de seulement 0,5 % et ce, malgré une
croissance, attendue, de 7 % de la production agricole (hormis les céréales
dont la campagne 2004 ne devrait pas rapporter plus de 17 millions de
quintaux contre les 28 de cette année).
La participation la plus importante,
devrait provenir du secteur des services (2,8 %) alors que celle des
industries manufacturières devrait drastiquement baisser (1 % contre 6,1 %
prévus pour 2003).
Les prévisions comptent aussi sur une relance à la hausse de la demande
interne (5,6 % contre 5,1 pour cette année) et de consommation (4 % contre
3,7 % pour 2003) pour soutenir la croissance et ce en relation avec
l’amélioration attendue des revenus. Les projections tablent en effet sur un
produit national brut disponible par habitant, pour l’année prochaine, de
3 358,6 dinars, un revenu national brut disponible, par tête
d’habitant, de 3 539,8 dinars et un montant de consommation privé, par
habitant, de 2 176,4 dinars.
Les analystes comptent aussi sur une
amélioration de l’épargne qui devrait atteindre le taux de 22,2 % au lieu
des 21,7 de l’année en cours et des 21,5 de l’année dernière 2002.
Investissement, mon cher souci !
Autre moteur de la croissance, l’investissement. Celui-ci, malgré une
perceptible augmentation au cours de 2003, est resté en deçà des prévisions.
Le manque est aussi bien dû au secteur public, suite aux décisions de
révision de certains investissements des entreprises publiques et de
certains grands projets publics, mais aussi du secteur privé qui reste
encore dans l’expectative. A cela s’ajoute la saturation remarquée dans
certains secteurs traditionnels et la forte concurrence que connaissent les
autres secteurs à valeur ajoutée, les secteurs innovants et les secteurs
d’exportation.
Le schéma de développement prévoit néanmoins une croissance des
investissements, pour 2004, de 9,7 % et un montant de 8 565 MDT Le schéma
compte aussi sur une participation à 56,8 % du secteur privé.
A plus de 52 %, les investissements prévus pour 2004, devraient l’être dans
le secteur des services. On évoque ici surtout le secteur de la téléphonie
et l’amélioration de la capacité de connexion, par le recours à la
sous-traitance au privé, le secteur de la poste (23 MDT) et le secteur de
l’habitat (une augmentation de 140 MDT). Autre volet de l’investissement,
celui étranger. Le schéma compte là sur un montant de 1 280 MDT, en IDE et
participations étrangères, contre les 800 MDT de 2003.
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