La liste des 127

Par : Autres

La
liste des 127

Par Khaled Boumiza

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Qu’importe
le moyen ou le responsable, la liste est sortie. Elle comporte, et c’est la
première fois qu’on dispose d’une liste presque exhaustive et techniquement bien
établie des groupes de sociétés Tunisiennes, 127 noms. Elle date du
mois d’avril 2003, mais elle totalisait déjà un montant de plus de 6 890 MDT
d’engagements financiers.

 

Cette liste appelle un certain nombre de remarques :


1- Les engagements sont certes une
autre manière d’appeler les crédits. Mais c’est aussi et surtout une autre
manière de parler d’investissements financiers.
Depuis au moins deux plans de développement, l’Etat ne cesse d’appeler de
tous ses vœux une plus grande part d’investissements du secteur privé.
Celui-ci s’endette donc et investit. Les difficultés de la conjoncture
nationale et internationale, intervenant, le remboursement se fait de
manière plus ou moins difficile pour certains. Il n’en demeure pas moins
vrai que toute dette ne veut pas automatiquement dire surendettement.


2- Que l’homme d’affaire soit Tunisien
ou étranger, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, le crédit est à la base de
tout investissement. Les fonds propres qui sont une composante essentielle du
schéma de financement, ne sont certes pas ce qu’il y a de plus important
dans l’entreprise Tunisienne. Les investissements se réalisent pourtant
bien, créent des entreprises, paient des impôts, créent de l’emploi et assurent couvertures sociales et médicales. Croissance
économique et stabilité sociale sont ainsi assurées.


3- Juridiquement, les banques sont
aussi appelées des établissements de crédits. Elles vivent des commissions et
leur vocation essentielle est donc de fournir des crédits. Il y va de leur
existence même. Combien même viendraient-elles à baisser le montant des
crédits accordés pour financer l’économie, la banque centrale se fera un
devoir de leur rappeler leur devoir, tout en préservant la stabilité
monétaire. Ce ratio compte même parmi les plus importants indicateurs du
degré de soutien du système bancaire à l’économie et la BCT le rapporte dans
tous ses rapports.


C’est aussi le métier des banques de prendre des risques et la casse dans ce
genre de métier existe dans toutes les économies, tous les systèmes
financiers du monde et tous genres d’instruments financiers confondus. Des outils
publics d’aide à l’investissement et à la création d’entreprises, tels que
la BTS, le Foprodi, le Fonapra et autres, ne sont pas exempts d’impayés et
les taux de crédits accrochés y seraient même supérieurs au secteur
bancaire. Ce n’est certainement pas pour cela qu’il faut arrêter de financer
les hommes d’affaires, les promoteurs et la création d’entreprises ?


Ceci dit, il est tout aussi important de noter que nous avons affaire, dans
cette liste des 127, à ce qu’on pourrait aisément appeler la colonne
vertébrale de l’économie Tunisienne. Il suffirait pour cela de calculer le
pourcentage d’entreprises appartenant à ces 127 holdings, dans le nombre
total d’entreprises Tunisiennes. Il suffirait aussi de voir le nombre
d’emplois qu’assurent ces entreprises, le montant d’impôts que récolte le
budget de l’Etat de ces entreprises, leur part dans le PIB et dans
l’exportation. Peut-on donc en vouloir aux banques de leur faire crédit ? A
qui donc d’autres doivent-elles le faire ? Qui est capable, plus que ces
entrepreneurs, de créer la richesse nécessaire au pays ?

Il est indéniablement établit que des abus ont été faits, tant du côté des
banques qui n’ont pas toujours su bien choisir à qui donner crédit, que du
côté des
hommes d’affaires qui n’ont pas toujours su gérer leurs investissements ou
de l’administration qui n’a pas toujours su, au temps et à l’endroit
opportuns, mettre les garde-fous nécessaires au contrôle de ces dérapages.
Il faut donc bien lire le contenu de cette liste, tant en noms qu’en
montants, et relativiser toutes ces informations.

Nous sommes désormais dans une démarche d’économie libérale, par tous les
partenaires sociaux admise et acceptée, et où le rôle du secteur privé doit
être prépondérant. Il y a longtemps aussi, depuis novembre 87, que la gente
des hommes d’affaire et le gain ont été réhabilités.

Mais nous sommes aussi et surtout dans un état de droit où l’arsenal
juridique existe, pour bien réguler et régler cette démarche. Il faut
seulement bien faire fonctionner, peut-être avec plus de fluidité et de
rigueur, cet arsenal juridique, tout en assurant à toutes les parties leurs
droits et en leur faisant respecter leurs devoirs.

 

Fluidité de la part des autorités judiciaires peut-être dans les procédures
de recouvrement des créances. Rigueur dans l’application des règles
régissant le remboursement des crédits. Comme les hommes, les entreprises
naissent et meurent naturellement. Le système doit pouvoir accepter cela
sans avoir peur de mettre en faillite, lorsque c’est nécessaire et favoriser
surtout la régénération et les nouvelles naissances.

 

 

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