Au 31 décembre 2002, la Société Tunisienne de Verreries (Sotuver), finissait
l’année avec un bilan enregistrant un résultat net en régression de 40%
(si l’on ne tient pas compte de cet élément exceptionnel qu’a été la vente
d’un terrain), par rapport à 2001. Mais aussi un bilan où le résultat
d’exploitation reculait de 52%, alors, que les charges d’exploitation sont en baisse
de 2% et des charges financières nettes en baisse aussi de 29%.
Six mois plus tard, le bilan provisoire pour les six premiers mois de
l’année 2003, fait apparaître un résultat avant impôt en baisse, de 11%, la
rubrique « emprunts » en augmentation de 5,4 MDT, la rubrique « fournisseurs
et comptes rattachés » en augmentation de 93%, le poste « concours
bancaires et autres passifs financiers » en forte progression et les charges
financières nettes en hausse de 34%.
De source boursière, on tient cependant à nous faire remarquer que la dette
ne dépasse pas les 52 % des fonds propres et que les capacités financières
de l’entreprise demeurent donc intactes. Il faudrait peut-être aussi
relativiser ces chiffres et rappeler qu’il s’agit là d’un très grand
investissement pour l’entreprise.
Notons cependant que l’agence de notation Maghreb Rating, avait le 6 juin
2003, abaissé les notes attribuées à la Société Tunisienne de Verrerie à BB-(tun)
pour la note long terme avec perspective d’évolution Stable et à B(tun) pour
la note court terme. Une décision principalement fondée sur « les
dépassements constatés dans les coûts et délais de réalisation du projet de
construction de la nouvelle usine à Djebel Oust et leur impact négatif sur
l’endettement déjà élevé de la Sotuver ». Et
l’agence d’ajouter que « du fait de l’endettement déjà élevé
de la Sotuver, par rapport à sa capacité de génération de cash flow, Maghreb
Rating considère que sa flexibilité financière est devenue limitée ».
Un mois plus tard, en juillet 2003, l’unique fabricant de bouteilles en
verre, enregistre l’incendie du four de son unité de Mégrine. Un four
vétuste dont la durée de vie avait par ailleurs été rallongée, avec un
investissement de 300 mille DT, pour donner le temps à l’entrée en
production de la nouvelle usine de Djebel Oust.
Au début du second semestre de l’année 2003 donc, la Sotuver subissait ainsi
une interruption de 2 mois de la production de sons site initial de Mégrine.
Arrêt auquel il faut ajouter le retard du démarrage du four de la nouvelle
unité de Djebel Oust. Des retards qui affectent les résultats, augmentent
les intérêts intercalaires et perturbent donc les plans de financement de
cette nouvelle unité dont le schéma de financement avait déjà subit une
augmentation de 44,8 à 52 MDT. La cause de ce dépassement est expliquée par
le glissement du change (Dinar/Euro), l’acquisition d’une nouvelle ligne de
production et les intérêts intercalaires dus au décalage de l’entrée en
production de la nouvelle usine.
L’année en cours devrait certainement aussi se terminer, sans que
l’entreprise de M.Khaled Chahed puisse réussir à trouver acquéreur au terrain
qu’elle possède à Mégrine et dont le prix de cession, évalué à 6 MDT, avait
pourtant été incorporé au schéma de financement. Entre-temps, le management
de la Sotuver aurait réussi à transformer la vocation de ce terrain,
d’industrielle, à usage d’habitation, pour en faciliter la vente à tiers.
Pour faire face à cette situation, s’assurer encore une fois un nouveau concours du système
bancaire et réussir à lever de nouveaux capitaux tout en gardant une bonne structure de
capital, la Sotuver proposera le 12 de ce mois à ses actionnaires une
seconde (la première avait eut lieu en janvier 2002) augmentation du
capital. De 8,150 MDT, le capital social de la société devrait ainsi passer
à 11,150 MDT par voie de souscription publique. Cette augmentation, selon
des sources boursières, devrait se faire en deux tranches et en numéraire.
Pour cette fin d’exercice 2003, et comme attendu, la direction de l’entreprise (le prospectus de 2002 prévoyait un RN positif de 734 MDT pour 2003),
devrait annoncer pour l’année en cours un résultat négatif de 1 MDT.
Il y a cependant une probabilité que cela change. On sait en effet que le
four incendié dont on parlait plus haut, est assuré. L’enquête faite, deux
cas d’indemnisation se présenteraient alors. La première, en cas de
destruction du four incendié ou de ce qui en reste, serait celui d’une
indemnisation proportionnelle à la perte de production. La seconde serait
celui d’une indemnisation, plus importante, mais uniquement en cas de
décision de la société de remettre en marche le four incendié.
Dans tous les cas, nous assure-t-on, le montant de cette indemnisation ne
devrait pas être en dessous de 2 MDT. Si cela s’avère le cas, le résultat 2003 pourrait
même devenir positif. Encore faut-t-il que l’indemnisation se fasse avant la
fin de l’année. « Wait and see » donc !!