Entre
l’entreprise, récemment entrée en bourse, et le groupe dont elle est
l’entreprise phare, l’endettement semble être le facteur commun. Où en est
la réalité, des chiffres ? Qu’elle est l’explication du management de
l’entreprise ? La société l’avoue : elle est malade, mais elle se soigne.
C’est bon signe !
Comme la majorité des entreprises cotées, Somocer a
dernièrement publié ses résultats provisoires pour le premier semestre de
l’année en cours. Comme la majorité des entreprises cotées,
l’entreprise phare du groupe Abdennadher annonce un bilan en baisse de
croissance. Le résultat net enregistre, au terme du 1er semestre 2003, une
baisse de 17,4 %, passant de 2,3 MDT à 1,9 MDT seulement, un chiffre
d’affaires pratiquement stable (23,09 MDT contre 23,11 MDT une année
auparavant) et un résultat d’exploitation en baisse de 6,6 %. Pour la fin
de cette année chez Somocer, M.Chokri Ben Makhlouf, directeur de la
stratégie et du développement chez le groupe, évoque une conjoncture
difficile et pourtant un chiffre d’affaires qui devra atteindre 50 MDT
pour un résultat net en hausse de 5 à 10 % par rapport à l’exercice 2002. A
cette date, le RN était de 4,7 MDT, en baisse de plus de 12 % par rapport à
l’exercice 2001, malgré un chiffre d’affaires de plus de 48 MDT, il est vrai
dopé par la cession d’un fonds de commerce aux berges du Lac.
Plus tard, dans un communiqué de presse en date du 03 décembre 2003, Somocer
a publié un complément d’information étayant sa situation provisoire arrêtée
au 30/06/2003. On y lit notamment que les charges financières ont augmenté
de 50%.
30/06/2002
30/06/2003
Ecart
Evolution
Agios débiteurs
295 477
334 853
39 376
13,33%
Intérêts sur financements
à CT
575 619
748 313
172 694
30,00%
Intérêts sur financements
à MT
422 852
430 558
7 706
1,82%
Intérêts sur engagements à
CT
1 293 948
1 513 724
219 776
16,98%
Différence de change
115 798
366 816
251 018
216,77%
Total perte de change
115 798
601 911
486 113
419,79%
Charges financières
1 409 746
2 115 635
705 889
50,07%
Ce tableau appelle, selon le communiqué de Somocer, les principaux
commentaires suivants :
Il y a eu obtention de trois crédits à moyen terme destinés au financement
du troisième plan de mise à niveau. Ces crédits à moyen terme (BTKD pour
1.100mD, BTEI pour 1.000mD et STB pour 2.100mD) ont été débloqués fin 2002.
les intérêts générés au cours du 1er semestre atteignent la somme de 160 mD.
La SOMOCER a un emprunt financier en EURO contracté auprès de l’UTB. Cet
emprunt doit être comptabilisé en TND en tenant compte de sa contre-valeur
en TND. Etant donné l’évolution significative du cours EURO/TND durant le
premier semestre 2003, la comptabilisation de l’emprunt financier s’est
faite en tenant compte du cours EURO/TND au 30/06/2003. Cette réévaluation
(ou actualisation du cours de change sur emprunt en devises) a généré une
perte de change de 235.095 TND. En réalité, il ne s’agit pas d’une véritable
perte de change pour deux raisons, La première est que l’emprunt
financier sera réglé par des recettes en EURO; ainsi les échéances seront
réglés par le biais du compte professionnel. La seconde est qu’il est
impossible de procéder à une couverture de change à terme sur l’emprunt
financier puisque la durée de l’emprunt financier est supérieure à une
année. Et la direction de Somocer de conclure que « les véritables charges
financières ont évolué de 17% entre le 30/06/2002 et le 30/06/2003, et ce
malgré la baisse du TMM ».
Ces résultats sont certes provisoires, il est cependant toujours bon de
rappeler que le prospectus d’introduction en bourse, prévoyait pour
l’exercice 2003 un chiffre d’affaires de 57,2 MDT et un résultat prévisionnel net de 5,3 MDT.
A souligner, l’augmentation de 25% des dotations aux amortissements
au terme du 1er semestre 2003, totalisant un montant de 2 MDT. De la lecture de
certaines rubriques du bilan provisoire, on constate une hausse de 16,6 % de la rubrique
emprunts, qui sont en fait des engagements bancaires à long terme,
actuellement de 10,4 MDT. On notera, également, L’augmentation de 44,9 % de la
rubrique « concours bancaires & autres passifs financiers », représentant en
fait les découverts bancaires et les engagements à court terme, qui plafonnent
à 22,23 MDT.
Au 30 juin dernier, les engagements de Somocer s’élèvent à
50,3 MDT, dont plus de 25,4 MDT à court terme. Le dernier chiffre, revu et
corrigé par Chokri Ben Makhlouf, directeur de la stratégie du groupe, parle
lui d’un total engagements de 40 MDT. Le responsable du groupe
certifie cependant qu’aucune dette échue de la société n’est restée impayée.
Il rectifie encore que « l’endettement bancaire de la société ne dépasse pas
les 32 MDT et qu’avec des capitaux propres de 27 MDT, le rapport reste très
honnête et cela en plus d’un cash flow de 8 MDT qui permet un remboursement
ininterrompu des dettes ». Selon M. Ben Makhlouf l’entreprise va désormais
travailler sur le compte clients et en améliorer ainsi la rentabilité.
Somocer fait partie d’un groupe de 23 sociétés appartenant au groupe Abdennadher.
Parmi les sociétés le plus importantes on trouve ABC et ABC gros,
spécialisées en commerce d’articles et accessoires sanitaires, Agrimed et
Sodisco travaillant dans le conditionnement des produits agroalimentaires et
la Sotex qui fait de l’import-Export.
Avec un total d’engagements de 22 MDT au mois d’octobre 2003 (chiffre
corrigé par M. Ben Makhlouf), la Sotex qui travaille surtout sur la Libye, «
connaît des difficultés de trésorerie à cause notamment des besoins très
lourds en fonds de roulement et des délais de paiement de ses contrats de 20
MDT sur ce marché » explique le directeur de stratégie du groupe. Pour 2002,
cette société d’import-Export avait réalisé un chiffre d’affaires de 35 MDT et enregistrée un
résultat net de plus de 1,5 MDT.
Au 1er août de cette année, selon M. Ben Makhlouf, la société Agromed (autre
enseigne leader du groupe) opérant notamment dans le domaine des produits
laitiers et détenue à hauteur de 6,6 % par la SFBT (Le groupe Abdennadher
(45 %) et SFBT (55 %), ont racheté la marque Beldi), enregistre un total d’engagements de 42 MDT. Il
précise, cependant, que 15 MDT sont des
engagements hors bilan et qu’avec les 2 MDT en crédit chez Bonprix, il n’en
restera que 25 MDT. Un chiffre à comparer aux 36 MDT
d’actifs et aux 50 MDT de chiffre d’affaires d’Agromed. Depuis sa création en 1999,
l’entreprise continue, néanmoins, a enregistré des résultats négatifs. Elle espère
améliorer sa situation au terme de l’exercice en cours; grâce, notamment, à
un accord
de sous-traitance sur 5 ans avec la SFBT pour le lait Beldi.
A signaler, également, les « dommages collatéraux » de
l’affaire Batam. On ne nous les chiffrera pas, mais on nous affirmera par
contre, qu’un accord aurait été conclu avec une des banques
créditrices de la société Batam.
A rappeler que dorénavant, les sociétés et groupes de sociétés
tunisiennes devront se plier aux directives de la loi n° 2001-117,
complétant le code des sociétés commerciales obligeant les groupes à
présenter des comptes et des états financiers consolidés. L’article 471 du
code stipule désormais que « la société mère (…) doit établir, outre ses
propres états financiers annuels et son propre rapport de gestion, des états
financiers consolidés (…) ». L’article 473 stipule lui, que « le rapport de
gestion du groupe doit indiquer la situation de toutes les sociétés
concernées par la consolidation et l’évolution prévisible de la situation du
groupe » notamment.