Sotuver : Pour ceux qui cherchent le dégrèvement fiscal

Par : Autres

Sotuver : Pour ceux qui
cherchent le dégrèvement fiscal

Par
Khaled Boumiza

 

Les investissements réalisés par la Sotuver sont à la mesure du défi qu’elle
semble avoir relevé par le transfert de toutes ses activités sur le nouveau
site de Zaghouan. Il a cependant coûté et pris plus de temps que prévu. L’année 2004, devrait être pour l’entreprise,
celle de la reprise; même si elle enregistre un exercice déficitaire en 2003. Miroitant à ses
prospects le dégrèvement fiscal, elle vient de lancer une nouvelle
augmentation de capital en numéraire.

sotuver3.jpgLa société Tunisienne de verreries (Sotuver), vient de lancer sa troisième
émission, pour une augmentation du capital d’un montant de 2,037 MDT.

 

L’exercice 2003 est pourtant, selon les premiers résultats provisoires
distribués aux intermédiaires en bourse, déficitaire. Selon les chiffres de ce bilan, le résultat net
est déficitaire de 1,688 MDT contre un résultat positif de 0,946 MDT en
2002. Et si ce résultat net était attendu et annoncé epuis le mois de
janvier 2003, il n’en est pas moins plus élevé que prévu.

 

Au même moment (janvier 2003) la Sotuver prévoyait un chiffre d’affaire de
16 MDT. Une année plus tard, il en sera autrement. Le chiffre d’affaire est
en effet à la baisse de plus de 1 MDT (10,444, contre 11,580 MDT en 2002).
Pour 2003 aussi, charges financières (+0,968 MDT) et charges d’exploitations
(+0,626 MDT) sont à la hausse, alors que le résultat d’exploitation est
négatif (-0,905 MDT).

2003, l’année de tous les retards

Le 26 janvier l’entreprise, dont le capital venait juste de connaître une
légère restructuration par un mouvement d’échange d’un bloc de 150 mille
actions entre M.Khaled Chahed et l’une des entreprises de son groupe, recevait
les intermédiaires sur son nouveau site de Zaghouan. Un site, techniquement
au point, qui remplace définitivement celui de Mégrine désormais à l’arrêt.

Retards et dépassements, il y en a eu, et le DG M.Hemdane Ben Othmane ne l’a
pas caché. 6 mois pour la finalisation du projet (non fini à cause du second
four), dit le DG et 10 mois selon l’agence de notation. Plus important, le
second four n’entrera en production qu’après la vente du fameux terrain de
Mégrine. D’un coût de 9 MDT, selon le financier de l’entreprise, ce four ne
pourra être acheté qu’avec l’argent de la vente du terrain. Le DG assure
qu’il sera réalisé, dans tous les cas, cette année.

Côté dépassement au niveau du coût du projet, M.H. Ben Othmane
n’arrête pas de rappeler les témoignages assurant son bon prix, les chiffres
et les taux sont éloquents. Initialement prévu pour 45 MDT, ce second site
enregistre des dérapages de coûts de partout. On apprendra ainsi que le
terrain qui était prévu pour 1 MDT, coûtera en définitive 1,455 MDT et que le
volet équipements devrait enregistrer un dépassement de 2 MDT.


L’endettement
de tous les débats

Autre signe, de cet exercice mi-figue mi-raisin qu’a traversé l’entreprise,
son endettement. Le bilan provisoire pour l’exercice 2003, laisse en effet
apparaitre un accroissement de la rubrique « dotations aux amortissements
et provisions », qui passe de 0,870 à 2,101 MDT. D’après Maghreb Rating,
qui avait à l’occasion abaissé la note de Sotuver, l’endettement de
l’entreprise atteint les 10,471 MDT,

 

Maghreb Rating met, également, en avant l’endettement élevé de l’entreprise
et de ce fait, « considère que sa flexibilité financière est devenue
limitée. De nouveaux dérapages dans le coût ou les délais du projet ne
pouvant être exclus, Sotuver pourrait alors se trouver dans une situation
financière difficile
». A la clôture de l’exercice 2003, la trésorerie
de la société était négative de –3 032 mille DT ! A la même date aussi, la
valeur du patrimoine de l’entreprise, revue, corrigée et augmentée entre la
fin de l’année 2002 et la moitié de l’année 2003, était de plus de 27,6 MDT.

Les conclusions de l’agence de notation ne sont, cependant pas, partagés. Dans
certains milieux boursiers, on estime en effet que ces chiffres datent du
premier semestre de l’année 2003 et que le ratio d’endettement global de
l’entreprise reste dans des proportions correctes.

Les perspectives paraissent pourtant rassurantes. Selon le management de
l’entreprise, « le carnet de commande serait plein jusqu’au mois de
septembre 2004
». On nous évoque, à ce propos, les 10 millions de
bouteilles pour la SFBT, les 15 millions de bouteilles pour l’UCCV et le
contrat, en voie de signature, de 30 millions de bouteilles pour Coca Cola
international.

Les bilans prévisionnels, pour les années 2004 à 2007, évoquent aussi des
lendemains plus heureux. Dès cette année 2004, en effet, le chiffre d’affaires
devrait doubler à 20,877 MDT et atteindre les 35 MDT en 2007. Le résultat
net devrait passer à 7,3 MDT en 2004 et culminer trois
années plus tard à 10 MDT. « Ces projections ont été préparées sur la
base d’un ensemble d’éléments comprenant des hypothèses théoriques sur des
événements futurs et des actions de la direction qui ne se produiront
peut-être pas
» précise pourtant le commissaire aux comptes de
l’entreprise dans son avis sur les états financiers prévisionnels ! Il nous semble
important de noter, également, qu’il s’agit peut-être d’une formule consacrée
pour ce genre de rapport.


Souscrivez et
bénéficiez de l’avantage fiscal

En attendant, à la Sotuver on se concentre sur l’augmentation du capital.
Celle-ci devrait se faire en deux tranches. La première devrait renflouer
les caisses de l’entreprise de 2,037 MDT et la seconde de 1,010 MDT.
La première se fera cette année. La date de la seconde n’est pas encore
connue.

 

Chose importante, le prix proposé est de 10 DT. A la bourse de Tunis, le cours
de l’action SOTUVER, n’a pas cessé de
baisser depuis le second semestre 2002, il se situe à 8,2 DT (valeur au
31.12.2003). De ce côté, estiment certains, il serait peut-être plus
intéressant pour les mordus de l’action Sotuver, de l’acheter directement
sur la cote, d’autant que les nouvelles actions seront alignées sur les
anciennes.

L’intérêt de l’opération, car il y en a, concernerait essentiellement les
gros investisseurs. Le DG de l’entreprise en a cité quelques uns sans
les nommer devant les intermédiaires boursiers. Il a cependant et surtout
repris le slogan de toute l’opération, tel qu’affiché sur les visuels
rapidement projetés et vite cachés aux yeux des journalistes présents :
souscrivez et bénéficiez de l’avantage fiscal !

“Tel que défini par les articles 22 et 23 de la loi 93-120 du 27.12.1993
portant promulgation du code d’incitation aux investissements, la
souscription à l’augmentation du capital des entreprises établies dans les
zones d’encouragement au développement régional (…) donne lieu à la
déduction des revenus ou bénéfices nets soumis à l’impôt sur les personnes
physiques ou à l’impôt sur les sociétés.”

 

Le dégrèvement fiscal est ainsi
total et valable pour les revenus investis au titre de 2003. Investissez,
défiscalisez votre argent, c’est là l’un des principaux intérêts de cette
opération !
 

 

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