Quelques réflexions
stratégiques pour la promotion du secteur de l’Enseignement Supérieur Privé
Aujourd’hui, la société du savoir constitue le moteur essentiel de la
globalisation à travers toutes ses composantes fondatrices. L’enseignement
supérieur et la recherche scientifique et technologique représentent les
deux vecteurs mobilisateurs et formateurs de cette société du savoir.
Dans un futur proche, l’enjeu crucial se traduira par une accentuation
critique de l’opposition entre deux structures, respectivement, d’offre de
diplômes et de demande d’emploi. Force est de constater que cette situation
critique s’explique principalement par un phénomène d’explosion de
l’effectif de la population des étudiants dans le secteur de l’enseignement
supérieur.
En effet, cet effectif passerait de 270.000, en 2003, à 500.000 étudiants en
2010.
Dans ce contexte difficile se pose la problématique du positionnement
stratégique de l’enseignement supérieur, d’une manière globale, et de
l’enseignement supérieur privé en particulier.
La présente note de réflexions se propose d’inscrire certains choix
d’orientation stratégique de l’enseignement supérieur privé dans une
perspective globale et continue à court, moyen et long terme, ayant pour
finalité la réalisation de l’objectif présidentiel de 30.000 étudiants à
inscrire dans le privé.
Ladite perspective pourrait être envisagée dans un horizon de visibilité de
dix ans :
* à court terme (2004-2006) : un stade de démarrage nécessitant un
accompagnement effectif ;
* à moyen terme (2007-2010) : un stade de consolidation oeuvrant pour une
stabilisation optimale ;
* à long terme (2011-2014) : un stade de maturité finalisant l’autonomie
financière et logistique du secteur de l’enseignement supérieur privé.
L’objectif étant clair, il reste à identifier les moyens à mettre en œuvre,
sous forme d’axes stratégiques :
Axes stratégiques :
1- ARBITRAGE – COUTS
Tenir compte de la promotion de l’enseignement supérieur privé dans les
programmes de développement du secteur de l’enseignement supérieur dans sa
globalité
*Faire
un arbitrage effectif, en termes de coûts budgétaires, entre la création de
nouveaux établissements universitaires publics et une prise en charge
financière de la demande additionnelle par l’autorité de tutelle des frais
d’études dans le secteur de l’enseignement supérieur privé.
Le coût d’investissement nécessaire à la création d’un nouvel établissement
universitaire public, regroupant les charges de fonctionnement et
d’équipement, majorées de la rémunération du personnel administratif et
enseignant, mériterait d’être comparé à une prise en charge financière se
réduisant aux frais d’étude et d’inscription des étudiants dans le privé.
2- INTEGRATION DU PRIVE DANS LE SYSTEME D’ORIENTATION NATIONALE
*Intégrer totalement, pour les diplômes dispensés simultanément dans le
public et le privé, l’enseignement supérieur privé dans le système
d’orientation, reposant sur les critères de scores ; et ce, compte tenu des
capacités d’offre des établissements universitaires publics et privés,
confrontés aux demandes des bacheliers, souhaitant faire leurs propres choix
et les motivant à mieux réussir leurs études.
Ce choix est appelé à répondre à la double exigence de l’évolution des
besoins du marché d’emploi, quantitativement, et aux conditions
d’employabilité du système économique, sur le plan qualitatif.
Les expériences, entre autres, américaine, allemande et française, sont des
exemples de réussite assez illustratifs.
3- INSCRIPTION DES ETUDIANTS ETRANGERS
* Intégrer les établissements d’enseignement supérieur privé dans le système
d’inscription des étudiants étrangers.
Il serait souhaitable que l’autorité de tutelle supervise l’affectation et
l’inscription des étudiants étrangers en fonction de la capacité d’accueil
des établissements universitaires privés.
4- STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT
*Instituer un comité permanent composé de représentant de l’administration
de tutelle et des secteurs de l’enseignement supérieur privé et public,
ayant pour mission, essentiellement, la finalisation des choix stratégiques
et l’élaboration d’un cadre conventionnel-type de partenariat pédagogique
public –privé, reposant sur les principes de complémentarité et de
concurrence loyale.
*La mise en place de structures mixtes de surveillance et de contrôle des
engagements souscrits par les institutions d’enseignement public et privé.
5- EMPLOYABILITE
*Renforcer la réalisation de l’objectif présidentiel relatif à
l’employabilité, en faisant bénéficier le secteur de l’enseignement
supérieur privé du soutien de financement 21-21 aidant à la création, au
profit des jeunes diplômés, de formation de 3ème cycle sous forme de
Mastères Spécialisés.
Mesures d’accompagnement :
• Médiatiser la nouvelle orientation stratégique, confiant au secteur de
l’enseignement supérieur privé un statut similaire à celui du public en
matière d’orientation nationale des bacheliers.
• Fixer des quotas d’orientation en fonction des capacités d’accueil des
établissements d’enseignement supérieur privé ; et ce pour les diplômes
dispensés similairement dans les secteurs public et privé.
• Finaliser en conséquence la configuration du guide d’orientation,
mentionnant des scores similaires et précisant la prise en charge par l’Etat
des frais d’études pour la durée des cursus universitaires respectifs.
• Instituer une procédure de recrutement des étudiants étrangers, reposant
sur des critères sélectifs et prévoyant deux scénarios d’affectation privé
et public.
• Aider à la mise en place d’un cadre conventionnel commun impliquant, d’une
part, le fonds 21-21, et d’autre part, les établissements d’enseignement
supérieur privé et public.
• Faciliter la réalisation de partenariat pédagogique entre établissements
universitaires publics et privés.
• Elaborer un cadre juridique alignant la gestion de carrière des
enseignants du secteur privé à celle prévalant dans le secteur public.
• Instituer une mécanique coordinant les procédures de déblocage des
avantages fiscaux et financiers entre les autorités de tutelle concernées.
Finalités :
L’enjeu est donc de déployer les efforts d’investissement national, privés
et publics, dans la promotion du secteur de l’enseignement supérieur ; et
ce, par la mise en œuvre d’une combinaison optimale complémentaire publique
– privée, tenant compte d’un scénario de croissance de la population
estudiantine à trois vitesses : exponentielle, ( jusqu’à 2010) stationnaire
et décroissante (au delà de 2010).
En conséquence, les finalité ultimes consisteront à :
– alléger le financement public ;
– contribuer à former un capital humain de qualité pour le développement
futur de notre économie nationale.
M.D.
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