Somocer : Aggravation de l’endettement et
insuffisance de provisions !
Par Khaled BOUMIZA
Dette bancaire en
augmentation et insuffisance de provisions, telles sont les premières
conclusions des commissaires aux comptes de la société. Les résultats sont provisoires et appelleront certainement correction de la part du
management de l’entreprise. Ils ne permettront probablement pas la distribution
de dividende.
Pour une fois, on va commencer
cet article à l’envers. On ne va pas commencer par égrainer le résultat et
les différents ratios, mais débuter par l’avis du commissaire aux comptes
sur les états financiers de l’entreprise. Elle, c’est la Somocer du groupe
Lotfi Abdennadher.
D’abord cette première remarque « Nous avons
relevé, que certains actifs nécessitent la constatation d’une provision pour
dépréciation. Cette provision est estimée à 927 mille DT.» C’est certes peu
de chose pour un manque de provision. Mais c’est tout de même presque 1
million DT. Au détail, on apprend que ce manque de provision, que doit
corriger Somocer, est à hauteur de 252 mille DT dû à la dépréciation des
comptes clients et à la dépréciation des titres de
participation pour 675 mille DT. Dans la rubrique « clients et comptes rattachés », on
remarque, également, que le solde net s’est élevé à plus de 2 MDT et que plus de 354
MDT sont classés « clients douteux ou litigieux.».
Autre remarque complémentaire et signe d’une
évolution négative de la bonne santé financière de la société, celle
relative à l’endettement de l’entreprise. « La variation du besoin en fonds
de roulement, s’est caractérisé par un rallongement des délais de
recouvrement des créances sur les clients, l’augmentation des stocks et le
raccourcissement des délais de règlement des fournisseurs.» Et les deux
cabinets Pricewaterhouse et Zarrouk d’asséner que « cette situation a
engendré une dégradation de la situation financière, qui s’est traduite par
une aggravation de l’encours d’endettement bancaire et un accroissement des
charges financières.» Jugez-en : Les charges financières nettes ont atteint
les 3,787 MDT (en augmentation de plus de 200 MDT par rapport à 2002)
représentaient presque 8% des revenus ou Chiffre d’affaires et sont presque
égales au résultat net de l’année 2003.
Pour la dette, le bilan provisoire de la Somocer indique un montant de plus
de 24,5 MDT, en augmentation de plus de 7 MDT et
représentant plus de la moitié du total des produits d’exploitation et des
revenus qui se sont élevés à 44,2 MDT. A la fin de l’année, nous écrivions
déjà qu’au 30 juin dernier, les engagements de Somocer s’élevaient à 50,3 MDT, dont plus de 25,4 MDT en court terme. Revu et corrigé par un membre du
management de la société, il était alors estimé à 40 MDT. Le responsable du
groupe certifiait alors qu’aucune dette échue de la société n’est restée
impayée. Il rectifiait aussi que « l’endettement bancaire de la société ne
dépassait pas les 32 MDT et qu’avec des capitaux propres et le cash flow, le
rapport restait très honnête.» Ce ne semble pas être l’avis des deux
cabinets d’expertise !
Il faudra terminer par les principaux autres ratios de la société, où le
fonds étranger « Al Mal Kuwaiti » détient un peu plus de 11,6% du capital. D’abord le résultat net qui
baisse, de
4,704 à 3,8883 MDT. On rappelle à ce propos que le prospectus d’introduction
en bourse, prévoyait pour l’exercice 2003 un CA de 57,2 MDT et un résultat
prévisionnel net de 5,3 MDT. Les revenus 2003, n’ont été que de 44,2 MDT.
Même les ventes aux sociétés du groupe ont baissé, de 7,121 MDT à 5,397
MDT seulement.
Dernière remarque, le poste «
liquidités et équivalents de liquidités » s’est soldé à la fin de l’année
2003 par un peu plus de 856 MDT,
contre 2,126 MDT une année auparavant.
Le bilan est certes provisoire. il
ne permettrait probablement pas, pour cette année, la distribution de dividende.
Les deux cabinets de commissaires aux comptes, ont noté que leurs examens des
états financiers provisoires, préparés par la direction générale, est limité
et ne fournit qu’un niveau d’assurance moins élevé qu’une audit. La Somocer
est une entreprise qui fait appel public à l’épargne. Ne serait-il pas temps
de franchir ce pas ?