“La variation du besoin en
fonds de roulement, s’est caractérisée par un rallongement des délais de
recouvrement des créances sur les clients, l’augmentation des stocks et le
raccourcissement des délais de règlement des fournisseurs. Cette situation a
engendré une dégradation de la situation financière, qui s’est traduite par
une aggravation de l’encours d’endettement bancaire et un accroissement des
charges financières“.
Voila en résumé ce que nous écrivions, il y a quelques jours, à propos des
résultats provisoires de la Somocer et sur la foi du rapport des deux
commissaires aux comptes de l’entreprise. «C’est vrai que nous avons
quelques difficultés de trésorerie, mais en ce qui concerne la santé
financière de la société, il est assez exagéré et qu’il n’y a pas lieu de
s’inquiéter là-dessus» réplique le management de l’entreprise. «Il
est vrai que le chiffre d’affaires a baissé de 9,2% par rapport à 2002 et
que ses engagements bancaires à court terme ont augmenté. Mais, il est
important de préciser qu’avec la conjoncture qu’a connu l’économie aussi
bien à l’échelle internationale que locale, et notamment le secteur du
bâtiment, Somocer a pu résister. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter»,
estime Mohamed Galaï, directeur général qui précise aussi que les capitaux
propres ont toujours représenté 38% du total bilan et restent donc assez
conséquents.
Dette : Consolidation en vue
Concernant l’endettement qui
inquiète les actionnaires, nous apprenons d’abord qu’il est de 34.8 MDT dont
24.5 MDT sont de court terme et 10.3 MDT de moyen terme. Pris au pied de la
lettre, ce chiffre aurait plutôt tendance à corroborer les craintes des
actionnaires et des analystes. Seconde information, celle-ci de nature plus
tranquillisante. La Somocer affirme avoir déposé un dossier pour un crédit
de consolidation de 5 à 7 MDT auprès de l’AFD (Agence Française de
Développement). «Notre demande est en processus d’acceptation assez
avancé maintenant, après le léger blocage qu’il a connu, au niveau de la
BCT, pour des causes relatives aux garanties», nous précise M. Galaï. Ce
nouveau crédit porterait certes le montant total de la dette à plus de 40
MDT. Il changerait cependant la structure de cette dette, en transformant le
court en long et moyen terme, et donnerait donc plus d’espace d’action et de
réaction à la société. Cela devrait aussi permettre une meilleure maîtrise
des charges financières qui ont légèrement augmenté et dont le ratio (8% des
revenus) semble quelque peu inquiétant.
Entre experts et
dirigeants
Quand à la remarque des commissaires aux comptes concernant le rallongement
des délais de recouvrement, le management de Somocer l’explique par la
conjoncture du marché du bâtiment qui impose de nouvelles règles et évoque
une différence de point de vue sur le délai moyen de recouvrement auprès de
certains clients, des délais que Somocer considère comme «un délai
commercialement viable», pas les commissaires aux comptes,«
On va fournir les arguments pour ne pas faire constater une telle provision»,
indique M.Mohamed Galaï.
Concernant encore le compte clients et comptes rattachés et la décision de
reclassement dans cette rubrique des valeurs à l’encaissement d’un montant
de 4,2 millions de Dinars, le management de la société assure que cette
somme que le commissaire aux comptes considère comme créance a bien été
payée. Le bilan définitif devrait donc ramener les créances clients à un
pourcentage raisonnable du chiffre d’affaires. Quant à la provision pour
dépréciation de participation, il s’agit en fait de la participation de
Somocer dans le capital d’une autre société du groupe et qui connaît une
baisse de résultat alourdie par un problème fiscal. «On attend le bilan,
mais on devrait pouvoir tomber d’accord avec les commissaires aux comptes,
pour lever ces réserves» conclut à ce sujet M. Galaï.
Le témoignage
italien !
Pour réponse à la remarque de la baisse du résultat, le directeur général
nous exhibe fièrement la lettre envoyée par le dirigeant de la Faenza,
partenaire commercial et financier italien de Somocer, qui trouve que «avoir
réalisé une performance similaire, représente sûrement un signal très
positif, en considération de la mauvaise situation du marché». Un marché
où «très peu d’entreprises ont pu maintenir leur chiffre d’affaires»,
selon M. Galaï, qui ajoute, en parlant de la conjoncture internationale dans
le secteur du bâtiment que «le secteur a connu en 2003, une baisse de 25%».
Il précise ensuite que Somocer a maintenu sa politique de prix malgré la
concurrence. Ceci explique peut-être la baisse du chiffre d’affaires où
l’exportation représente 40% et a connu une baisse de 10.15%,
essentiellement sur la France (-15%) et l’Irak (-100%) contre une baisse de
8.6% sur le marché local. L’entreprise a cependant consolidé ses postions
sur d’autres marchés, comme l’Italie (+236%) ou sur la Grèce (+16%). Un
résultat en tout cas, selon le management de la société et contrairement à
notre avis, qui ne devrait pas empêcher la distribution de dividende.
2004 sera meilleur ?
Pour
l’exercice en cours, ou l’exercice suivant, le management de Somocer annonce
qu’il a débuté 2004 avec un déstockage de 200 mille mètres carrés sur un
total de 800 mille à fin 2003. Il assure avoir «tiré les leçons de 2003»
et promet une augmentation de 15% du chiffre d’affaires qui devrait
atteindre les 52 MDT en HT, une hausse de 9% en résultat net qui devrait
ainsi atteindre les 5 MDT, une baisse des frais financiers qui ne devraient
plus représenter que 6% du chiffre d’affaires par la conversion attendue de
l’endettement court terme et une dette qui ne devrait pas dépasser son
volume actuel. «Une fois la conjoncture dépassée, tous les ratios
d’exploitations seront améliorés» promet encore M. Galaï en parlant des
délais clients qui devraient être ceux des fournisseurs, ainsi que de la
variation des stocks.
Mais l’avenir pour Somocer, c’est surtout cet investissement, dont le
montant (3 MDT, représentent sa participation) a été déjà bloqué. D’un
montant total de 4.5 MDT, il devrait se faire en partenariat avec l’italien
«Faenza». Le projet, pour la fabrication de l’équivalent annuel de 1.5
millions de mètres carrés de céramique, sera à 70% destiné à l’exportation
et élire domicile à Essouassi dans le gouvernorat de Mahdia. M. Galaï est
peut-être trop optimiste, mais il affirme que le projet devrait entrer cette
année en production. Somocer devrait en attendre une intégration, au moins
partielle, et qui devrait donc avoir quelques retombées sur ses finances