Netcom est, depuis 1992, l’un des premiers intégrateurs tunisiens. Il assure
une offre globale dans le domaine des technologies de l’information, pour
des clients aussi bien de Tunisie, d’Europe que d’Afrique ou du
Moyen-Orient. C’est aussi une entreprise qui, à l’ère de l’avarice en
matière de marchés nationaux, relève le défi de l’exportation dans le
domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
En 2002, par exemple, l’entreprise est choisie par Thales Identification,
pour participer à la conception, au développement et à la mise en place d’un
système d’automatisation et de production des titres d’identité, de
l’identification civile et biométrique du citoyen. Le projet était pour le
compte d’un pays africain et consistait en une nouvelle architecture multi
tiers et la solution proposée utilisait les dernières technologies en la
matière. En 2003 aussi, British Telecom, fournisseur mondial de services
réseaux, lui confie la mise en place, l’hébergement et la maintenance d’un
point de présence en Tunisie de l’un de ses clients.
Au-delà de ce que fait Netcom, ce sont là deux exemples de réussite d’une
SSII (société de services et d’ingénierie informatique) tunisienne dont ces
deux marchés concrétisent la capacité à porter le know-how tunisien au-delà de
nos frontières. En dehors du niveau de qualification de l’ingénieur tunisien
en matière de NTIC, l’un des critères d’appréciation de tout donneur d’ordre
ou partenaire pour le choix d’une SSII tunisienne, c’est certainement le
respect des dates de livraison.
Dans ce domaine, la Tunisie n’a pas cessé de faire l’apologie de l’un de ses
plus importants critères de concurrence par rapport à d’autres places
technologiques comme l’Inde, les pays d’Asie vers les pays européens : le
voisinage immédiat et la petite distance qui permet la réactivité
commerciale. C’est même l’un de ses chevaux de bataille pour l’attrait des
IDE (investissement direct étranger). Encore faut-il que les entreprises
tunisiennes puissent en profiter et compter sur cet atout de la proximité
pour remporter des marchés.
Pour ces deux marchés, Netcom (pour ne prendre que cet exemple) avait besoin
d’importer certains équipements. Et c’est là que le bât blesse, puisqu’elle
en vient à regretter l’ère du simple passage par la douane pour payer une
taxe dont le coût reste, de loin, plus supportable que la perte du bénéfice
des atouts qui sont la proximité et la réactivité pour le respect des délais
de livraison. Le fait est d’autant plus vrai qu’il nous est confirmé par
d’autres entreprises tunisiennes dans le secteur des NTIC.
La levée des restrictions douanières a en effet été remplacée, selon ces
différentes sources, par des procédures de vérification d’un ensemble d’organismes de
contrôle des produits importés, comme l’Agence tunisienne d’homologation et
de certification, l’ANCE, le CERT. Des structures dont ils ne remettent
certes pas en cause l’existence, mais dont elles dénoncent la complexité des
démarches nécessaires pour délivrer les autorisations de mise à la
consommation des équipements dont elles ont besoin pour honorer leurs
marchés.
«Avec la douane, c’était plus simple. On payait et on sortait la
marchandise », se plaint l’un de ces opérateurs. « Avec ces
institutions, c’est un labyrinthe d’examens, un amoncellement de documents
demandés, avec des tarifs pour chaque référence de produits». L’un de
ces organismes de contrôle, aurait même demandé à l’un des opérateurs le
schéma de fabrication d’une carte. Un documents pourtant classé secret par
le fabriquant qui l’exporte vers la Tunisie. Un autre exigerait, à chaque
arrivage du même produit de la même référence, le déplacement d’un ingénieur
pour la présentation du produit à ses contrôleurs. «A croire que
l’autofinancement par les prix de référence qu’on paie est plus important
chez eux que le souci d’aider l’entreprise à gagner le pari de l’exportation», renchérit un autre opérateur NTIC.
Notons que ces équipements, comme ceux dont l’intégrateur Netcom attend
encore la sortie de chez ces organismes de contrôle, étaient importés depuis
1997, avec des délais classiques de dédouanement. Ces organismes, pourtant
outillés d’ingénieurs du même secteur, seraient-ils entrain d’outrepasser la
simple mission de contrôle technique? Sont-ils faits pour aider les SSII
tunisiennes à s’imposer à l’international ou pour redevenir la bureaucratie
que combattent toutes les instances politiques et économiques du pays? Des
interrogations que se font actuellement certaines des SSII qui rencontrent
ces problèmes.
Cela fait plus de deux mois que la marchandise, nécessaire à la conclusion
de l’un des marchés de l’une de ces SSII, est bloquée chez l’une de ces
structures de contrôle. L’entreprise a même essayé de solliciter une
autorisation de dédouanement partiel, pour livrer ce qui n’est pas soumis à
autorisation spécifique. Elle attend encore !