Le
textile habillement compte 2267 entreprises dont 1769 exportatrices et
l’année 2003 affiche une légère régression avec un nombre de 2033
entreprises employant 205.911 personnes, soit une perte effective de 17
entreprises. Ce secteur représentait 49,4% de la production de l’industrie
manufacturière tunisienne. C’est dire son poids croissant dans l’économie
tunisienne. Et même si ce nombre d’entreprises et de marques étrangères
installées en Tunisie, est un bon signe de la vitalité du partenariat en
Tunisie, cela constitue aussi un talon d’Achille d’un secteur où le travail
à façon et la sous-traitance représenteraient presque 80% des entreprises où
la seule valeur ajoutée semble être le coût de la main d’œuvre. L’autre
talon d’Achille est constitué par la taille des entreprises.
Les
effets pervers des AMF
Le textile exporte, depuis une vingtaine d’années, 90% de sa production en
Europe. En 2002, la France occupait la première place des exportations
textiles tunisiennes (1.600 MDT en évolution de 6%), l’Italie la seconde
place (1024 MDT en progression de 7%) et l’Allemagne.
Outres les avantages comparatifs, en matière de coûts, ces résultats ont été
générés par des accords multifibres (AMF) qui accordent des privilèges
d’accès aux marchés européens à certains pays, dont la Tunisie. Pour
l’histoire, ces arrangements avaient pour but de freiner le déclin du
secteur textile habillement dans les pays développés de l’Union Européenne.
Ils ont été négociés dans le cadre de l’ancien système du GATT et leur
application s’était étendue de 1974 à 1994. Janvier 1995, les AMF ont été
remplacés par les ATV (Accords sur les textiles et les vêtements) qui
mettait au point, en même temps, un processus transitoire en vue de la
suppression définitive des contingents accordés à certains pays, dont la
Tunisie.
Un des points importants de ce processus de démantèlement progressif de ces
accords, consistait justement en un processus de libéralisation et
d’augmentation même des contingents. Le processus a eu pour effet immédiat
de booster nos exportations, mais un autre effet pervers a été d’oublier que
derrière la libéralisation, il y a l’abolition de la protection vis-à-vis de
ceux qui étaient nos concurrents. Le «démantèlement libéralisation»
comportait quatre listes. Les effets ne seront craints qu’à partir de la
dernière qui représente 50% des exportations tunisiennes en textile comme la
bonneterie et les vêtements en chaîne et trame tels que le sports wear, le
jean, les pantalons et autres pièces.
La
stratégie à mettre au point
Les professionnels s’y étaient-ils préparés ? Peu d’études ont été commandés
par les professionnels sur les incidences de ce démantèlement et les moyens
d’y faire face. Il y a eu certes l’étude Gherzie mais qui demande révision,
il y a eut surtout la mise à niveau qui a permis à certains grandes unités
de sauter du bas de gamme au moyen gamme, très peu, pour ne pas dire
personne, sont passés au stade du produit fini et de la collection propre
pour ne plus être dépendant des donneurs d’ordres.
A la veille du démantèlement de l’accord multifibres, la Tunisie réfléchit à
une stratégie pour le futur. Elle sera rendue publique prochainement. Selon
certaines sources, elle devrait s’orienter vers des actions offensives
s’articulant autour de quatre axes. La compétitivité globale, le partenariat
étranger, la valorisation et la promotion de l’offre. C’est en tous cas de
tout cela que discutera la journée d’étude sur le secteur du textile qui se
déroulera le 5 juin 2004 et qui aura pour intitulé «la transition de
l’après 2004» et qui se déroulera en cinq ateliers, le premier sur la
concurrence, le second sur la promotion, le troisième et certainement le
plus important sur le financement du passage de la sous-traitance au produit
fini. Les deux derniers traiteront de la mise à niveau et de la
compétitivité des coûts de production.