Le
tourisme est l’un des piliers de l’économie Tunisienne. A fin 2003, les
crédits accordés par les banques avaient totalisé 1175 MDT, dont 157 MDT
pour le seul secteur touristique.
Depuis 2002, l’industrie touristique Tunisienne subissait de plein fouet
l’impact de la conjoncture Internationale très troublée qui a résulté des
attentats du 11 Septembre 2001 aux USA.
Conséquence, les arrivées de touristes ont baissé de 6% en 2002, les nuitées
de 17% et les recettes en devises de 13%. Avec la guerre en Irak, les
performances de l’industrie touristique Tunisienne ont été encore plus
mauvaises en 2003 avec un recul supplémentaire de 1,4% des nuitées réalisées
et de 4,6% des recettes en devises, selon une présentation de l’agence de
notation Maghreb Rating (MR). De son point de vue, ces problèmes
conjoncturels, aussi importants soient-ils, ne doivent cependant pas
occulter les problèmes structurels profonds dont souffre l’industrie
touristique Tunisienne et dont la résolution conditionne le retour à une
croissance durable.
L’agence évoque pèle mêle la concurrence méditerranéenne entraînant un
ralentissement du taux de croissance des entrées et la dégradation du revenu
moyen par touriste, la «monoculture intensive» du produit balnéaire, la
recherche désespérée de meilleurs taux de remplissage et le bradage des
prix. «Compte tenu de l’importance des investissements engagés pour la
construction de ces hôtels et du fort levier d’endettement autorisé pour
financer ces investissements, de nombreux hôtels éprouvent de grandes
difficultés à faire face aux remboursements de leurs dettes» estime MR.
Et l’agence de notation de conclure que «le tourisme Tunisien pourra
difficilement faire l’économie d’une révision radicale de sa stratégie de
développement dans le sens d’une croissance plus qualitative que
quantitative, de même qu’une vaste restructuration financière du secteur
semble inéluctable».
Les événements lui donneraient-ils raison ?
Odyssée SA
Dirigé par l’homme d’affaires Taoufik Chaïbi, le groupe UTIC est un
conglomérat de 24 entreprises regroupées autour des 6 pôles d’activité qui
sont l’agroalimentaire, la distribution, l’emballage, les services
financiers, l’électromécanique et le tourisme. Un groupe
dont seuls une vingtaine d’entreprises sont actives et qui réalise un
chiffre d’affaires de quelque 300 MDT.
Dirigé
par M. Mohamed Ayadi, le pôle touristique (UTIC tourisme) comprend 3 hôtels et
2 thalasso. A côté de l’Ithaque Palace ou l’ex Dar Midoun de Djerba, il y a
Ulysse Palace, premier vecteur de l’engagement du Groupe dans le secteur de
l’hôtellerie et du tourisme et propriété du Groupe depuis 1988. Avec 247
chambres et 17 suites de grand confort, la gestion de l’hôtel a été confiée
à la chaîne suisse de renommée internationale, Mövenpick Hotels & Resorts.
La Société «Odyssée SA» est l’entité juridique chargée de cette gestion.
L’entreprise vient récemment de publier ses états financiers tels qu’arrêtés
au 31 décembre 2003. D’un capital de 16,2 MDT et malgré des revenus en
hausse (9,2 MDT contre 7,5 MDT en 2002) elle creuse, depuis 2002 son déficit
qui passe de 4,2 MDT à 4,4 MDT. La situation de cette unité semble
préoccupante et le commissaire aux comptes ne le cache pas en soulignant dans
son rapport pour l’exercice 2003 qu’ «à la suite de la réalisation d’une
perte de 4,465 MDT au titre de l’exercice 2003, les fonds propres de la
société sont devenus en de ça de la moitié de son capital social».
Au 31 décembre 2003, les capitaux avant affectation totalisent un solde
négatif de 7,748 MDT contre un déficit de 12,333 MDT une année auparavant. A
coté de cela, on découvre dans ces états financiers que la société
enregistre un total concours bancaires et autres passifs financiers de plus
de 17 MDT d’un total de 24,5 MDT qui représentent le total emprunt à plus
d’un an de la société, dont un emprunt obligataire de 1,2 MDT et le reste
provenant de 5 banques (Biat, BT, UBCI, Amen Bank et ATB).
Odyssée est-elle
menacée ?
Troisième entreprise du groupe, dans le secteur touristique, «Odyssée
Tourisme» est l’instrument juridique de gestion de l’hôtel «Athénée Palace». Etablissement classé 5 étoiles de grand prestige, ouvert en 1997,
l’Athénée Palace est considéré, avec ses 277 chambres, ses 20 suites, ses
multiples restaurants, bars, piscines et installations sportives et de
divertissements comme «l’un des fleurons de l’hôtellerie Tunisienne» selon
le site web du groupe. «Odyssée Tourisme», propriétaire de l’Athénée
Palace et qui a confié sa gestion à la chaîne Robinson, filiale du groupe
World of TUI, vient elle aussi de rendre publics ses états financier pour
l’exercice 2003.
D’un capital de 34 MDT, cette société a aussi enregistrée des pertes et
ne semble pas avoir été en mesure de supporter les mauvaises années du
secteur touristique. De – 1,4 MDT en 2002, le déficit passe l’année
dernière à 4,799 MDT. Le chiffre d’affaires a, il faut dire diminué
de presque de moitié en une seule année, passant à 7,655 MDT en 2003, contre
12, 766 MDT en 2002. En face, l’entreprise avait un principal emprunts de 18,1 MDT dont 16,7 MDT a plus d’un an et
des charges financières nettes de 1,135 MDT sur les 4 principales banques
privées (Amen Bank, Biat, UBCI et ATB).
Des sources proches du groupe, nous apprennent cependant que le groupe n’a nullement
l’intention de cesser ses activités, qu’il rembourse régulièrement tous ses
prêts et qu’il a à ce titre remboursé la totalité de ses emprunts obligataires.
La formule utilisée (Au sujet de la perte de plus de la moitié du capital et
la nécéssité de convoquer une AGE) par les deux commissaires aux comptes est
donc plus une formule d’usage que l’expression d’une situation alarmante.
Si tel est le cas de ces deux entreprises, comme nous le confirme notre
source, n’aurait-il été pas plus juste, à l’image des agences de rating, que
les commissaires aux comptes tempèrent leurs jugements, par des informations
sur les évolutions récentes de l’entreprise auditée. Cela d’autant plus que
la publication des comptes intervient généralement après 6 mois de leurs
clôtures. Cela aurait certainement mieux ajusté leurs jugements et mettra
moins la puce à l’oreille à propos d’entreprises qui ne risqueraient rien !
Appliquer la loi, est une bonne chose. Le faire avec discernement et sans
créer la panique, c’est mieux !