Tourisme : 3292 MDT d’engagements et 807 MDT d’impayés

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Tourisme : 3292 MDT d’engagements et 807
MDT d’impayés

Par Khaled BOUMIZA

tunisie_120704.gifLa
Tunisie n’a pas encore célébrée la journée nationale du tourisme (26 juin) et le ministère du tourisme n’a pas encore annoncé les résultats
de la consultation nationale sur le secteur. En attendant, les chiffres
officiels du tourisme sont, selon la BCT, à la hausse; les nuitées globales
ont progressé de 31.2% au cours du mois de mai dernier et de 19.2% pour les
5 premiers mois de l’année 2004. Les recettes en devises du secteur se sont
accrues de 12,7% et de13% pour les cinq premiers mois 2004. De janvier à
mai, le nombre des non résidents entrés en Tunisie frôlait les 2 millions (1
890 702 pour être exact) et s’affichait en hausse de 23.5% par rapport à la
même période 2003. Au 30 juin 2004, les nuitées, plus de 12 millions 630
mille, est en augmentation de 20.3% par rapport à la même période 2003.

Endettement
et information


On entend pourtant encore parler de bradage des prix. Certains
professionnels évoquent le problème des prix par rapport au booking dont
tout le monde parle. Les difficultés financières se rappellent enfin trop
souvent à notre bon souvenir, chaque fois qu’une banque provisionne.
L’agence de notation estime le total des engagements du secteur touristique
envers le système bancaire tunisien à 3292 MDT. L’agence estime les dettes
échues et impayées à 807 MDT. Et pour mieux illustrer cette quadrature du
cercle du problème financier, le rapport de MR ajoute que «les charges
financières absorbaient quelques 30% en terme de chiffre d’affaires et 80%
en terme de résultat net d’exploitation
».

 

Décryptage, les
revenus resteront toujours insuffisants pour faire face aux remboursements.
Essayons de cerner cette problématique des revenus réels faces aux
obligations des dettes, est d’autant plus difficile qu’aucune partie ne
semble être en possession d’une information crédible, vérifiée et
vérifiable. «L’ONTT ne dispose d’aucune information sur la situation et
les performances financières de ces établissements, qu’elles soient
individuelles ou consolidées. L’association professionnelle des hôteliers ne
dispose pas plus d’informations à ce sujet et (…) la sincérité des comptes
de certains établissements hôteliers était questionnable
» assène
l’agence de notation !


La situation est en tout cas à l’étude. Un premier plan de redressement ou
de restructuration financière avait fait la une de la loi de finances pour
la gestion 2004. Où en sont les hôteliers en matière de remboursement ?
Aucune information n’a été donnée, aussi bien par les institutionnels, par
les banquiers que par les professionnels qui continuent à cultiver à ce
sujet la non transparence.


Pour cette année encore, un plan d’action, pour diversifier le produit
touristique et en promouvoir le rendement, a été identifié lors du conseil
ministériel du 23 juin 2004. Dans une des composantes de ce plan, 45 unités
hôtelières, d’une capacité de 20 mille lits, devraient bénéficier d’un
programme pilote de modernisation.


Procédant de toute cette mouvance nationale, pour identifier le malaise et
trouver les solutions adéquates à ce secteur, l’agence de notation Maghreb
Rating a réalisé une étude du secteur touristique.


Il existe en Tunisie 800 unités hôtelières, toutes catégories confondues,
totalisant 222.000 lits dont 183.000 en exploitation et qui ont accueilli en
2002, quelque 5 millions de touristes. L’agence de notation rappelle les
caractéristiques de l’industrie touristique et indique que cette industrie
capte 0.75% des flux touristiques mondiaux et 23% des flux du bassin
méditerranéen, hors France, Italie et Espagne.

Conjoncture
et problèmes structurels profonds

Un rappel historique, nous remet à l’esprit le début des crises qui ont
secoué le secteur touristique tunisien, depuis 2002, les premiers remèdes
des retombées de cette crise, des premiers rééchelonnements des dettes en
2002 aux abandons de pénalités en 2004. On en tire cependant la conclusion
que «la conjoncture négative, a occulté les problèmes structurels
profonds dont souffrait déjà ce secteur et qu’une croissance durable ne peut
être retrouvée que si ces problèmes reçoivent une réponse adéquate
».


L’enquête n’évoque certes pas des problématiques essentielles, telles que le
but initial de certains investissements non professionnels, la
multiplication des investisseurs non professionnels et qui se trouvent
obligés de céder leurs unités à des TO étrangers, le choix de ne pas arrêter
les encouragements malgré des taux de remplissages qui ne volent pas très
haut, le choix d’un tourisme de masse dont les nouvelles formules telles que
le low-cost et les last minute, ne feront que baisser les prix et le
bradage, érigé en politique de prix.


Il énumère cependant quelques talons d’Achille du tourisme tunisien et parle
tour à tour du déclin d’attractivité, du ralentissement du taux de
croissance des entrées et du revenu moyen par touriste, de la monoculture du
produit balnéaire. Le rapport sectoriel évoque ensuite les conséquences,
telles que la recherche désespérée du remplissage, l’importance des dettes
en liaison avec la lourdeur des investissements et finit par cette remarque
qui sonne tout autant une lapalissade que comme un ultimatum : « le
tourisme tunisien pourra difficilement faire l’économie d’une révision,
radicale, de sa stratégie de développement dans le sens d’une croissance
plus qualitative que quantitative, de même qu’une vaste restructuration
financière du secteur semble inéluctable
». Et comme pour conforter son
opinion, Maghreb Rating rappelle qu’une étude de la banque mondiale était
presque arrivée aux mêmes conclusions. Note importante, cette première étude
avait été mise en cause par les professionnels !

12-07- 2004 :: 07:00

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