Une insuffisance de provision de plus de 17 MDT
Par Khaled BOUMIZA
Amen Bank est une institution financière, contrôlée à hauteur de 63% par la
famille Ben Yedder au travers de sa holding PGI. La banque se classe au
cinquième rang des banques Tunisiennes avec une part de marché de 9% en
matière de distribution de crédits et de 10,1% en collecte de dépôts.
Dans une récente notation, non sollicitée, Maghreb Rating et Fitch Ratings
notent que les résultats opérationnels enregistrés par AB ont été au cours
des dernières années affectés par la faiblesse de la demande de crédit,
l’affaiblissement de la qualité de ses actifs, avec notamment une forte
exposition de près de 20 MD sur une grande entreprise Tunisienne de
distribution en grave difficulté (Electrokallel en fait), ainsi qu’un coût
de ressources plus élevé que la moyenne de ses pairs. Les marges de AB sont
parmi les plus faibles de son secteur, héritage de la stratégie d’expansion
vigoureuse qu’elle a mené dans le passé pour gagner des parts de marché.
Les dotations aux provisions ont été substantielles en 2003 (31,5 MD). Les
autorités monétaires Tunisiennes ont requis la constitution de provisions
additionnelles de 17,1 MD (et non de 11 MDT comme nous le précisait le
commissaire aux compte de la banque, suite à sa dernière AGIO) qui seront
progressivement réalisées au cours des cinq prochaines années par
prélèvement sur les réserves de la banque.
Les objectifs du management de AB sont de relever la couverture des risques
par les provisions de son niveau actuel de 43% à 75% d’ici à fin 2008, ce
qui ne manquera de contraindre les résultats de la banque au cours des
prochaines années. Il est également visé une réduction du ratio des créances
classées pour l’amener de son niveau actuel de 25% (proche de la moyenne du
secteur bancaire Tunisien) à 10%. Près de 15% du portefeuille de crédits de
la banque porte sur des clients individuels alors que le reste se répartit
également entre PME et grandes entreprises. Les 20 plus importants
engagements de AB représentent 12% du total de ses crédits. Le management de
AB vise à accroître la part de ses engagements sur la clientèle individuelle
pour la porter à 25% en développant son offre de crédits à la consommation
et de crédits immobiliers.
Le résultat de l’exercice 2003 a été positivement impacté par d’importants
profits exceptionnels (19,7 MD) dégagés de la cession d’une participation
dans une société du groupe. Son résultat opérationnel a été en revanche très
faible et n’a représenté que 0,53% des actifs moyens de AB.
Les dépôts de sa clientèle individuelle représentent l’épine dorsale du
financement de AB. Avec des crédits représentant 79% du total de ses actifs,
la liquidité de la banque est faible.
Le ratio de solvabilité de AB s’établissait à 9,5% à fin 2003, ce que
l’agence considère insuffisant eu égard à la faible qualité des actifs de la
banque. L’objectif du management de la banque est de porter ce ratio à 12%
au travers d’une plus importante rétention de ses bénéfices et d’injections
de fonds propres.
Faisant ensuite l’évaluation du soutien extérieur que la banque pourrait
trouver, en cas de crise, l’agence de notation indique que si AB venait à
connaître des difficultés, il est possible que PGI lui apporte son soutien.
Toutefois, l’agence ne note pas PGI et ne dispose d’aucune information sur
sa capacité à apporter un tel soutien. Par ailleurs, compte tenu de la
position de AB sur le marché Tunisien, l’agence estime qu’il existe une
probabilité modérée qu’elle bénéficie, si besoin est, d’un soutien des
autorités Tunisiennes !
( Source Maghreb Rating )
21 –
07 – 2004 :: 07:00
©webmanagercenter – Management & Nouvelles Technologies
|