BTEI : le dernier quart d’heure de l’universelle


BTEI : le dernier quart d’heure de
l’universelle


Par Khaled BOUMIZA

 

Le 27 juillet 2004 Fitch Ratings confirme les notes internationales
attribuées à la Banque de Tunisie et des Emirats d’Investissement (BTEI) à «
BBB-» pour la note long terme en devises , « F3 » la note court terme en
devises, « D » la note intrinsèque et 2 la note de soutien extérieur. Il
faut noter que sur les quatre banques en notation sollicitée chez Maghreb
Rating, la BTEI est la seconde à avoir recueilli une telle notation et la
direction de la banque ne cache pas sa satisfaction. «Cette notation nous
conforte dans notre volonté à maintenir le cap et continuer à en être digne
»,
nous confie M.Moncef Dakhli PDG de la banque.

Pour sa part, Maghreb Rating (MR) confirme les notes nationales attribuées à
la BTEI à : AA-(tun) et F1+(tun) respectivement pour les notes à long terme
et à court terme. La perspective d’évolution des notes à long terme reste
stable. Là aussi, le management de la banque ne semble pas mécontent. «Elle
n’est pas mauvaise» commente-t-il avec le sourire. Les notes à court et à
long terme, ainsi que la note de soutien extérieur attribuées par Fitch à la
BTEI sur l’échelle internationale sont fondées sur la conviction de l’agence
que l’Etat tunisien demeure un soutien fort des principales (ex) banques de
développement du pays. Elle bénéficie ainsi de la note souveraine dont elle
est juste en dessous. Pour tout cela, la banque est d’accord.

Crédits et qualité des actifs en question !

Là où elle ne l’est pas, c’est lorsque Maghreb Rating indique que «la
note intrinsèque de la BTEI (D), reflète sa position encore marginale sur le
marché bancaire tunisien, la faible qualité de ses actifs, sa rentabilité
réduite par référence aux standards internationaux
». Le management
retient de ce jugement que la comparaison leur est faite par rapport aux
standards internationaux. «Notre ratio des créances accrochées est en
effet de 15% que nous comptons d’ailleurs baisser à 10% à fin 2005, par
rapport aux 24% de la moyenne du secteur bancaire
» précise de son côté
le management de la banque. Ces créances accrochées sont de 26.3 MDT dont
26.6% (7 MDT) sont en classe 4, face à des engagements à 60% dans le secteur
touristique. On ne dira pas que l’agence se contredit, il est pourtant un
fait, que MR nuance son jugement sur les actifs de la BTEI dans le rapport
détaillé de la notation. Le «taux des créances classées, à fin 2003,
quoique assez élevé par comparaison aux normes internationales, s’avère
nettement meilleur que la moyenne affichée par les banques commerciales

» !

L’agence de notation relève néanmoins qu’«en 2003, le taux des créances
classées de la BTEI s’est à nouveau détérioré pour se situer à 15%
».
Elle explique cette « détérioration » par des « difficultés rencontrées
sur 3 projets hôteliers en démarrage, totalisant à eux seuls 8 MDT, soit 26%
du portefeuille des créances classées
». Les trois projets en question,
selon des sources professionnelles dans le domaine du tourisme sont pourtant
entre les mains d’hommes d’affaires, chevronnés et loin d’être
inexpérimentés, et leur seul tort serait d’être simplement en démarrage.
C’est aussi des projets en dehors de toutes les régions «à problèmes» telles
que Tabarka ou le Sahara. La banque admet la forte concentration de ses
engagements sur le secteur touristique, mais tient à rappeler que ces
engagements sont bien ciblés et que le portefeuille est sain.

Maghreb Rating estime que «la rentabilité nette de la BTEI s’est
améliorée en 2003 uniquement du fait d’une baisse importante des dotations
aux provisions, qui paradoxalement ne reflètent pas l’augmentation des
créances classées au cours de cet exercice. Au niveau opérationnel, les
revenus de la banque affichent une quasi-stagnation »,
ce que la banque
réfute et affirme que « si les provisions ont diminué, ce qui est normal
après l’assainissement de 2002 des finances de la banque, cela ne peut être
dû qu’à l’amélioration de la qualité des actifs
».

L’agence rappelle pourtant, que «la couverture des créances classées par
les provisions est faible (16,4% à fin 2003)
». A cela, la banque répond
que toutes les garanties ont fait l’objet d’une expertise externe, qu’elle
estimait les garanties fournies suffisantes pour faire face aux risques,
qu’avec des fonds propres de l’ordre de 127 MDT et un capital de 90 MDT, on
a des réserves suffisantes (37 MDT face aux 25 MDT de créances nettes) pour
y faire face «et de toutes les façons, nous ne sommes pas en situation
latente d’insuffisance de provision, le rapport du commissaire aux comptes
faisant foi et on fera le nécessaire pour améliorer ce ratio et nous mettre
à l’abri
» rétorque le management de la BTEI.

5 points de base, ce n’est pas cher !

La dernière des discordances entre la banque et son agence de notation, est
relative au coût du financement. L’agence de rating pense en effet que la
BTEI continuera à l’avenir de se refinancer dans une large mesure auprès des
institutions financières internationales et du marché des capitaux local, «ce
qui laisse présager que le coût de ses ressources restera plus élevé que
celui des banques commerciales concurrentes
», ce à quoi la banque répond
que c’est la nature de ses engagements, crédits long terme pour financer les
entreprises, qui imposent ce genre de financement. «Avec 5 points de
base, pour une maturité moyenne de 14 ans, nous considérons que ce coût
n’est pas excessif, même par rapport au TMM
».

Quand à la liquidité de la banque, Maghreb Rating indique que «tendue,
elle a été soulagée par les fonds levés début 2004 sur le marché obligataire
local, en outre la banque dispose de crédits confirmés non tirés qu’elle
pourrait mobiliser
». Il s’agit là de lignes de crédit BAD et BEI, d’un
montant de 63 MDT et dont la banque a préféré temporiser le tirage, pour ne
pas être en situation de liquidité excédentaire. Quand au ratio de
solvabilité de la BTEI (48% à fin 2003) et que Maghreb Rating qualifie de
«robuste», il devrait être, toujours selon l’agence, analysée en relation
avec la structure de son refinancement, ses problèmes de qualité d’actifs et
ses prévisions de forte croissance.

1er semestre 2005, banque universelle

Pour ce qui est «des incertitudes quant à sa capacité, en tant que banque
universelle, à affronter la concurrence directe des banques commerciales
tunisiennes
», cela semble normal et la banque se dit déterminée à gagner
sa place en affirmant que pour cela «on va rester une banque corporate,
une banque d’entreprise ou banque de siège plus qu’une banque à réseau
».
Maghreb Rating le confirme d’ailleurs en précisant que «la BTEI envisage
d’étendre son activité à tous les segments de la banque commerciale, tout en
maintenant les grandes entreprises comme cible privilégiée. Ces dernières
devraient représenter à moyen terme environ 57% des encours de prêts, contre
36% pour les PME- PMI, et 7% pour les particuliers et professionnels
».
La banque promet aussi une nouvelle approche multi-canal en termes de
circuits de distribution, une approche clients où des termes tels que
«packages» et «convention de compte» reviennent assez souvent, sans vouloir
déflorer la panoplie de nouveaux produits que la banque prépare fébrilement.
On croit en effet savoir que la mutation en banque universelle, de la BTEI
qui s’est vue octroyer la licence en Mai 2004, devrait se terminer au
premier semestre 2005. «Il ne nous reste que le renouvellement du système
d’information à finaliser et son appel d’offre international devrait être
lancé à la fin de l’année en cours
», indique le management de la banque.

2004 s’annonce plutôt bien

Pour l’instant, les premiers résultats provisoires du 1er semestre 2004,
s’annoncent plutôt encourageants et garants de la réussite du processus de
transformation. C’est ainsi que le total actif de ces premiers six mois,
s’est orienté à la hausse, passant de 215.5 MDT fin juin 2003 à 249.5 MDT à
fin juin 2004; contre 239.3 à la fin de l’année 2003. Le chiffre d’affaires,
passe de 6.522 MDT à 8.804 MDT à fin juin 2004. Il avait totalisé 14.975 à
la fin de l’année 2003. Le PNB passe, lui aussi, de 3.998 MDT à 5.399 à fin
juin 2004 et le résultat net doublait, totalisant à la fin de ce premier
semestre 2004, la somme de 2.636 MDT contre 1.402 MDT au cours de la même
période de l’exercice 2003.
 

 
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-07 – 2004 – 07 :00

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