l’Internationalisation
: le vide juridique !
Par Khaled Boumiza
Dans une démarche prospective et novatrice, le conclave annuel des «
atugiens » s’est penché cette année sur le thème de «
l’internationalisation des entreprises Tunisiennes ». Bien qu’en partie
monopolisées par les opportunités de rencontres personnelles entre
Atugiens
et Atugiennes (le Forum c’est aussi cela) par la foire aux job
qu’offraient les sponsors de cet événement, transformés pour l’occasion en
chasseurs de têtes avec des offres d’emploi à la pèle, les présents ont
eut quand même droit à un panel assez intéressant.
Notons d’abord que les expériences d’internationalisation (et non de
délocalisation comme on aurait tendance à le croire) d’entreprises
Tunisiennes, existent. Selon la BCT, il y aurait même eu … 360 projet !!!
237 sont passés par des autorisations de cette institution. La plus
connue est certainement celle du groupe Chakira des frères Elloumi qui se
trouve maintenant implantée, en plus de la Tunisie, au Maroc et au
Portugal. Dans ce premier pays, ses exportations constituent 54% du total
des exportations Tunisiennes vers ce pays et dans le second, c’est tout
simplement 100% du courants des échanges Tuniso – Portugais !
Les Tunisiens
investissent à l’étranger !
Les investissements réalisés par les Tunisiens, à l’étranger, sont ainsi
passés au cours des trois dernières années, de 2.9 MDT en 2001 à 2.1 MDT
et ont atteint les 7 MDT au terme de l’année 2003. Sur les dix dernières
années, l’internationalisation a représenté un montant d’argent sorti du
pays, de 50 MDT. Ces investissements ont surtout profité, selon les
chiffres de la BCT, à la France (3.5 MDT), la Libye (1.3 MDT) et le Maroc
(1 MDT). La répartition par secteur, laisse voire une domination des
investissements Tunisiens dans les secteurs, financier (2.7 MDT) et
industriel (2.1 MDT).
Cette internationalisation, pourtant devenue nécessaire pour faire face à
la concurrence en l’anticipant, contourner les barrières douanières de
protections que dressent de plus en plus les économies ouvertes pour
protéger leurs tissus industriels respectifs et se rapprocher aussi des
sources d’approvisionnement, c’est pourtant faite dans un vide juridique
total selon un des avocats présents au panel des conférenciers. Et notre
avocat de s’interroger « l’Etat Tunisien se désintéresserait-il de
l’internationalisation de ses entreprises ? ». Il y a certes les
règlements de contrôle du transfert des devises. Mais ce ne sont pas là
des textes spécifiques à l’internationalisation et tout ce qu’on pourrait
trouver comme mesures, viserait simplement à l’installation de simples
relais commerciaux à l’étranger et non d’unités de production Tunisiennes
à l’étranger.
Ouvrant le bal pour expliquer le non développement de cette nouvelle et
nécessaire culture du déploiement à l’étranger pour pérenniser ses parts
de marché, Hichem Elloumi met en cause les procédures de la BCT. Il ne
sera pas le seul à s’y attarder. D’autres demanderont à l’administration
et au systèmes bancaires Tunisiens, d’adopter une attitude d’accompagnement
à l’international, afin de doter l’entreprise Tunisienne des mêmes outils
que ses concurrents.
La BCT
appelle à la prudence !
Répondant aux critiques de ceux qui mettaient en cause ses procédures
d’octroi d’autorisation, le représentant de la BCT rejette la
responsabilité sur le manque de transparence des entreprises concernées et
la non fiabilité des données qu’elles transmettaient à l’institut
d’émission. Il prônera pour le reste et tout au long de son intervention
la prudence. Aux candidates à l’internationalisation, il conseille l’étude
de l’environnement économique, politique et légal du pays hôte,
l’évaluation des risques de change et l’appréciation des techniques de
couverture de risque. « Une PME ne peut se permettre des paris trop
risqués » cassandre-t-il et d’ajouter qu’ « il a fallu plus d’un demi
siècle à coca-cola pour conquérir le monde » ! Il conseillera ensuite de «
s’intéresser aux marchés de proximité, de la Libye au Maroc en passant par
l’Algérie, et à investir surtout dans l’agroalimentaire et le tourisme ».
Mais la vrai question est ailleurs. Elle est dans le contrôle du transfert
de l’argent et le représentant de la BCT la survolera en indiquant que «
la convertibilité totale du dinar tant attendue par les hommes d’affaires
Tunisiens, donnerait certainement une impulsion (à
l’internationalisation). Mais l’heure est plus que jamais à la vigilence
».
D’ici là, la solution pourrait venir de l’extérieur. Un des présents à
cette réunion où la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis était
partie prenante, a en effet évoqué le nombre important de reprises
d’entreprises en France par exemple et proposé que l’internationalisation
de l’entreprise et de l’économie Tunisienne, commence à travers la
reprise, par les Tunisiens et cadres Tunisiens vivant, étudiant ou opérant
dans ce pays, d’entreprises Françaises proposées à la vente ! L’idée est
alléchante, encore faut-il mobiliser nos T.R.E en faveur de cette
perspective d’un grand apport pour le pays !