Pollupostage : 25 milliards de perte et
personne ne bouge !
Par Khaled BOUMIZA
Une réunion avait été organisée le 9 juillet 2004 à Genève, pour amorcer un
effort mondialement concerté devant permettre, en temps utile, d’éradiquer
totalement le pollupostage. Ce fléau pandémique revêt de multiples formes,
des publicités commerciales aux activités illicites et criminelles, en
passant par les messages offensants. Il représente aujourd’hui, 80% du
trafic de courrier électronique et coûte à l’économie mondiale environ 25
milliards de dollars EU par an. Les coûts ne sont cependant pas simplement
financiers. En plus des pertes de productivité subies par les producteurs de
service, les entreprises, les utilisateurs finals aussi, le pollupostage
menace les bases mêmes de notre société de l’information. L’utilisation du
pollupostage se généralise à l’appui d’activités illicites ou criminelles :
Tentatives de détournement de données financières (numéros de compte, mots
de passe) par usurpation d’identité de sociétés établies (“usurpation de
marques” ou encore “phishing”), contamination par des virus et des “vers”
sur les réseaux mobiles, envois massifs de messages texte non sollicités
ayant pour effet de générer du trafic à destination de numéros à
tarification élevée, autant de phénomènes qui représentent des risques
réels.
Les solutions existent et ne sont pas appliquées !
De l’avis des participants à la réunion, il apparaît nécessaire d’adopter
une stratégie tous azimuts reposant sur des lois rigoureuses, des solutions
techniques, un effort d’information des consommateurs, une volonté d’autoréglementation
de l’industrie et un esprit de coopération internationale. Robert Horton,
Président par intérim de l’Autorité Australienne des communications et
Président de la réunion, se dit « convaincu que nous pourrons juguler cette
épidémie dans les deux années qui viennent si nous agissons simultanément
sur plusieurs fronts, si nous faisons en sorte que les polluposteurs ne
puissent être en sécurité nulle part dans le monde ». Une trentaine de pays
se sont déjà dotés d’une législation antipollupostage, et les
fournisseurs de services Internet, tout comme les utilisateurs finals,
disposent de solutions techniques face à ce problème et pourtant, on
n’observe aucune incidence sensible sur l’ampleur du phénomène.
Les participants se sont dits convaincus que tous les pays du monde
devraient se doter de lois adéquates, et prévoir spécifiquement en la
matière un régulateur et un point de contact. Une fois en place, un tel
réseau de réglementation pourrait être exploité pour élaborer un instrument
universel, par exemple un mémorandum d’accord qui serait ouvert à tous les
pays et qui permettrait de structurer un système de surveillance
transfrontières. Les participants ont aussi estimé nécessaire d’appliquer
des mesures techniques efficaces au niveau des fournisseurs de services
Internet, des exploitants, des opérateurs mobiles et des utilisateurs
finals. L’industrie et plusieurs organismes de normalisation ont récemment
annoncé que l’on pourra peut être disposer au cours de ces deux prochaines
années de moyens techniques renforcés susceptibles de faciliter la lutte
contre le pollupostage.
Le rôle des FSI
Il conviendrait, selon les organisateurs, que les fournisseurs de services
Internet, les exploitants et les opérateurs, les détaillants, les
associations de consommateurs et d’entreprises et enfin les gouvernements
fassent de l’éducation des consommateurs une composante essentielle de leurs
programmes. Des campagnes permettraient de porter à la connaissance des
consommateurs les mesures antipollupostage et les pratiques de sécurité
appliquées sur l’Internet qui peuvent les aider à ne pas être victimes
d’activités illicites ou frauduleuses. Il s’agirait aussi, d’élaborer des
codes de conduite internes qui auraient une fonction d’auto réglementation,
à l’appui des efforts déployés par les régulateurs et les consommateurs
eux-mêmes. On ne peut cependant espérer supprimer le problème du
pollupostage en l’absence d’une approche mondiale coordonnée. Il n’est
certes pas indispensable d’appliquer partout la même législation
antipollupostage, mais la nécessité d’une démarche placée sous le signe de
la collaboration dans l’application des lois instituées contre le
pollupostage a été estimée fondamentale par les participants. La nécessité
d’engager tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, est
également apparue essentielle. A cet égard, l’assistance fournie aux pays en
développement en la matière a été jugée capitale.
Qu’en est-il en Tunisie ?
Le phénomène, en Tunisie, commence à prendre les aspects du fléau, d’autant
qu’il commence à être utilisé pour des raisons commerciales. Le ministère du
commerce en a pris conscience et l’a dénoncé. Cela n’a cependant pas dépassé
ce stade ! Pourquoi les autorités concernées n’ont rien fait contre ces
violeurs de notre droit à l’inviolabilité du courrier ? De plus en plus
d’entreprises se créent pour vendre des bases de données mails. Elles le
font même savoir et profitent de leurs bases pour en faire le marketing.
Une
question se pose cependant. Comment ont-elles pu avoir ces bases, propriétés
des FSI qui sont les seuls habilités à vendre les boîtes mail dans le
package de la connexion Internet. Les vendraient-ils. Si c’est oui ont-ils
le droit de le faire ? Si ce n’est pas eux qui le font, n’ont-ils pas les
moyens de défendre leurs bases de données contre les hakers ?
Et cela ne concerne pas que les bases de données mail. Des entreprises
commerciales privées ont réussi à « avoir » des bases de données GSM et les
utilisent pour des objectifs de marketing, sans qu’aucun des opérateurs ne
bouge, ne se défende et ne défende l’intégrité communicative de ses clients
! Ne serait-il pas temps aux ministères concernés de légiférer et au FSI et
aux opérateurs d’utiliser leurs moyens techniques (et de s’en munir s’ils ne
les ont pas encore) pour défendre leurs clients ?
Une réunion avait été organisée le 9 juillet 2004 à Genève, pour amorcer un
