UIB : Une banque à la croisée des chemins ! Par Khaled BOUMIZA
Après un premier exercice plein, puisque l’entrée de la Société Générale
dans le capital de l’UIB
s’est faite en novembre 2002, c’est dans un état de déstructuration (au
moins vis-à -vis des normes régissant l’activité bancaire) que la banque s’est
présenté le 29 juin 2004 à ses actionnaires. Déjà démotivés par l’absence de dividende, ces derniers n’ont pas manqué de le faire remarquer au DG Philippe Amestoy,
avec parfois des interventions assez vives et des mots parfois
déplacés mais qui dénotent un certain mécontentement pour ne pas dire de la
colère. Les résolutions ont été certes prises à la majorité, mais on a vu
peu de main se lever dans la salle au cours de cette assemblée générale
ordinaire.
Tous les ratios en
hors normes !
Dans son rapport général, non accompagné par les notes sur les états
financiers, sous le prétexte (exprimé par la direction de la banque) qu’ils
ont été déjà publiés par le CMF, le commissaire aux comptes n’y a pas été par
le dos de la cuillère. Sans détails, mais par deux phrases qui en disent long sur
l’état de la banque. Jugez-en !
«Les provisions pour dépréciation d’actifs et passifs, estimées à la
date du 31 décembre 2003, pour un montant global de 117,487 MDT, sont
demeurées non comptabilisées à cette date. Les capitaux propres, tels que
présentés au bilan sont en conséquence, surévaluées à hauteur de ce
montant». Dans le langage comptable, non simplifié hélas pour des
actionnaires qui s’y connaissent très peu, cela veut dire que la banque
souffre d’un manque de provision de plus de 117 MDT.
«Compte tenu du niveau des fonds réels de la banque, écrit toujours le
Commissaire aux comptes, les ratios exigés pour l’exercice de l’activité
bancaire sont, pour la plupart, en décalage par rapport aux normes prévues
par la réglementation». L’information est de taille et «fait froid dans le
dos» comme le remarquera un actionnaire au cours des discussion
de l’AGO. Cela veut dire que le montant réel des fonds propres de la banque
est de l’ordre de 9 MDT ! Cela veut dire aussi que l’UIB ne respecte pas, actuellement,
les ratios de l’activité bancaire, du Cook à celui
de la concentration des risques !
Contacté par nos soins, lors d’un papier antérieur sur les résultats de la
banque, le management de la banque avait expliqué les résultats par «une
politique de prudence de l’établissement, face à ce qu’il appelle le PNB
fictif et qu’il préfère passer en extra comptable, en attendant son
règlement définitif, même si cela influe sérieusement sur le résultat». Il
semble donc que la banque soit allée «trop loin» dans «la prudence».
Nous ne terminerons pas, sans revenir sur cette question des notes aux états
financiers et la différence entre le rapport, du commissaire aux
comptes, distribué aux actionnaire et celui fournit à l’organisme de
tutelle, un rapport plus
détaillé et plus éloquent ! La prochaine loi sur l’information financière
devrait, peut-être, en tenir compte et donner aux actionnaires le droit à une
information plus détaillée !
No Comment !
Tout ou presque, est à la baisse et quelque fois carrément négatif dans ce
bilan 2003. Le total bilan baisse de 3,7%, le RBE dégringole de 59%, les
produits d’exploitations (106,5 MDT contre 120,6 MDT en 2002), le PNB baisse
de 11% (-6,7 MDT en une année), le résultat d’exploitation (-5,2 MDT), les
flux de trésorerie net provenant des activités d’exploitation sont négatifs
(-84,4 MDT) et la liquidité et équivalents à -4,4 MDT en fin d’exercice.
Sans vouloir nous expliquer comment la banque a pu générer un si
petit résultat avec pourtant un PNB de plus de 58 MDT, M. Philippe Amestoy explique la baisse du PNB par la baisse des marges d’intermédiations, le
désengagement de certains clients et «on a arrêté de comptabiliser les
intérêts de tous ceux qui ne pouvaient plus payer». Mais il y a aussi le poids croissant des crédits non
performants et le renchérissement du coût des dépôts.
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Il sera,
également,
questionné sur l’augmentation de 5 MDT des frais du personnel. Il
l’expliquera par un provisionnement des congés payés étalés et le coût des
offres de départ d’une partie du personnel. Il n’en demeure pas moins vrai
que le salaire moyen d’un
employé de l’UIB atteint les 27 mille DT pour l’exercice 2003.
Créances
accrochées et insuffisance de provisions
Sans aucun détail, dans les documents distribués, sur le classement des
crédits accrochés, on apprendra que leur montant dépasse les 400 MDT et que
leur taux de couverture est de 39%, d’où l’insuffisance de provision de
117,5 MDT. Le rapport d’activité explique cela par une «réévaluation de
certaines garanties, un durcissement de la politique de gestion des impayés» et la
«conjoncture économique difficile» que tout le monde
évoque !
Le rapport signale, sans plus de détails, le «passage à contentieux
de quelques créances importantes et la prise en compte rigoureuse de
certains risques juridiques et opérationnels»; mais on n’en saura pas plus !
Finalement la nouvelle UIB,
semble avoir du mal à démarrer et n’aura, pour l’instant, rien apporté de la
culture d’information et de transparence de son nouvel acquéreur !
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16 – 08 – 2004 ::
07:00
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