Il
y a dans le monde 1046,8 millions d’abonnés GSM. Ce nombre représente un
trafic en messages instantanés, de 45,6 milliards de SMS échangés chaque
mois et une moyenne de 44 SMS par abonné et par mois.
D’ici la fin de l’année, la Tunisie comptera 3 millions d’abonnés GSM qui
s’enverront 15 à 20 SMS par abonné et par mois. Partant de l’hypothèse,
élaborée par JP Roeland, DG de Tunisiana, invité lors de la journée sur les
investissements dans les NTIC, que l’écart de 25 à 30 SMS par mois et par
abonné représente pour une partie, le potentiel des services SMS à valeur
ajoutée, qu’en 2005 la Tunisie comptera 4 millions d’abonnés GSM et au prix
moyen de 300 millimes par SMS premium, le secteur des SMS devrait générer un
chiffre d’affaires (CA) potentiel de 8 à 20 millions de SMS par mois soit
entre 2.4 et 6 millions de DT.
SMS : Un CA de 28 à 72 MDT
Les deux opérateurs en téléphonie mobile, ne devraient pas être les seuls
gagnants, puisque ce CA annuel, qui devrait être de 28 à 72 millions de DT,
devrait aussi générer des recettes de TVA de 5.5 à 14 millions de DT.
Pour arriver à un tel volume d’affaires, devenir la poule aux œufs d’or que
décrivait le DG de Tunisiana et générer le trésor de guerre qui pourrait
faire l’affaire de la fiscalité Tunisienne, le secteur doit se développer
tous azimuts. Quatre types de services au moins ont été identifiés par
Tunisiana, lors de la présentation faite par JP Roeland. Des services à
caractère ludique (Les téléchargements de logos et sonneries, horoscope,
diffusion de blagues, proverbes, e-voting et les jeux) aux services basés
sur la localisation (localisation et gestion de mobiles/véhicules,
informations sur les facilités disponibles dans la zone géographique, ou
localisation des membres d’un groupe d’utilisateurs), les services
d’informations (programmes et résultats sportifs, culturels, informations sur
la circulation routière, la météo et horaires avions et de trains),en
passant par les services pour les professionnels(Gestion emploi du temps,
synchronisation des agendas, notification de réception d’e-mail, solution de
paiement électronique, achat de biens et services (ticketing) et même
gestion de stocks).
Nous assumons !
Ce secteur, avec ses fortes potentialités de développement, ses besoins en
investissements assez lourds, est laissé entre les seules mains d’une seule
et unique tranche de la population, par le lien ombilical créé par le cahier
des charges, entre l’ouverture du domaine des SMS à valeur ajoutée à
l’investissement privé et l’investisseur qui doit être un licencié tunisien,
« C’est un choix réfléchi et nous l’assumons», Le choix, comme l’expliquera
le ministre des technologies de la communication et du transport, est lié à
au souci du gouvernement d’assurer de l’emploi aux nouveaux diplômés du
supérieur, «Celui qui n’a pas les aptitudes n’a qu’à aller voir un diplômé», ajoute le ministre.
Cette précision du ministre n’a pas manqué de faire réagir certains
professionnels présents. «Pourquoi obliger les investisseurs qui ont de
l’argent et le désir d’investir, à passer par un maîtrisard ? Et est-ce que
ces maîtrisards sont capables d’avoir les fonds propres nécessaires pour
investir d’eux-mêmes ?» se demandait l’un d’eux. «Les banques ont toujours
manifesté de la frilosité face à ce genre de projets. Pourquoi alors limiter
l’investissement dans ce nouveau secteur à des investisseurs potentiels qui
n’ont pas, au moins sur le papier, les fonds nécessaires ? Que le ministère
veuille apporter sa contribution dans l’effort national d’emploi des
licenciés de l’enseignement supérieur, est une bonne chose; mais leur donner
l’exclusivité d’un secteur, nous semble restrictif et anticoncurrentiel»
s’interroge un autre professionnel du secteur des NTIC.
Quelqu’un qui n’a pas réussi ses études se trouve, malgré ses multiples
autres aptitudes, ses compétences, ses dons peut-être, empêché de profiter
de ces capacités à cause de la restriction du ministère.
Nous rappellerons, pour la petite histoire et pour l’exemple, que le
directeur informatique de l’opérateur public est un hydraulicien de
formation, un ancien directeur informatique du ministère de l’agriculture
aussi. On pourrait même ajouter qu’avec un argumentaire, comme celui du
ministère, Bill Gates ne serait pas le géant de l’informatique qu’il est et
les deux étudiants russes qui ont créé google, n’auraient jamais pu faire aboutir
leur projet !
Le patronat applaudit !
Dans tous les cas, la question demeure. Cela pourrait-il se faire en dépit de
toutes les lois sur la concurrence ? Mais pourquoi s’en soucier, puisque le
représentant de l’UTICA, présent à cette manifestation et qui a pris la
parole, n’a pas pris la peine de le faire remarquer aux autorités
concernées. «Cette loi est une bonne entrée en matière (une Fatiha selon le
mot utilisé en langue arabe), pour le développement du secteur» dira-t-il
en ajoutant qu’elle «ouvre de bonnes perspectives pour l’emploi ».
Le ministre a
par ailleurs annoncé qu’une commission, au sein du ministère, chargée de
l’étude des dossiers de candidatures pour la création de ces entreprises
spécialisés en SMS à valeur ajoutée, a déjà donné son accord pour 17 projets. Il
est pourtant prévu que ce secteur ne serait soumis qu’à la procédure du cahier des charges !
Pourquoi donc cette commission au sein du ministère de tutelle ? Le
représentant du patronat ne l’a en tout cas pas fait remarquer et ceux qui
nous en ont parlé, ont voulu le faire sous la couverture de l’anonymat,
pourquoi s’en faire alors ?