Les petits
magasins proposant la vente de CDs et DVDs ont augmenté d’une manière
importante ces dernières années
aussi bien à Tunis qu’à l’intérieur du pays.
Dans ces échoppes, ayant pignon sur rue, on propose tout ce qui peut être
gravé sur un CD ou un DVD : Tous types de logiciels informatiques, jeux,
utilitaires, films (tous formats), chansons (tous formats également), etc…
Derrière la
caisse se trouve généralement un jeune féru d’informatique plus passionné de
défis que de gagner de l’argent. Cette volonté manifeste de contourner les
blocages, de trouver le film ou la chanson rare sur Internet, le logiciel
répondant aux besoins des clients, a fini par donner à ces jeunes vendeurs une image sympathique extraordinaire. Voilà quelqu’un qui vous résout tous
les problèmes et ne reçoit que des pacotilles. On avait carrément envie de
lui donner plus que ce qu’il demande (et cela s’est vu à plusieurs reprises).
Du côté officiel, il est clair que ce genre d’agissements sont clairement
interdits par la loi Tunisienne, mais vu la valeur ajoutée, l’économie en
devises, l’emploi et différents autres facteurs économiques et sociaux, il
est probablement difficile d’y mettre, rapidement, de l’ordre.
Que le piratage se fait d’une manière artisanale au profit de quelques
jeunes étudiants ou fraîchement sortis de la fac cherchant à mettre à profit
un hobby, l’argument est à la limite du défendable. Mais que cela devienne
une véritable industrie, il nous semble que l’on doit tirer la sonnette
d’alarme.
Depuis quelques mois, en effet, quelques grandes surfaces (et parmi les plus
réputées) proposent des CDs piratés. Bien gravés, bien présentés (avec
jaquette en couleurs) le non averti jurera faire face à un original. Mieux
encore, on trouve les tout derniers albums dont la publicité foisonne encore
sur les chaînes Européennes et même Américaines. Les magasins de Tunis,
grâce au piratage, proposent les mêmes albums que la Fnac en France ou
Virgin aux Etats-Unis ! Ne serait-ce le prix variant entre 4 et 4,990 dinars
qui vous met la puce à l’oreille puisque ce genre d’article coûte au
minimum 30 dinars.
Après une
expérience réussie avec les CDs, on est passé aux DVDs gravés. Ici aussi, on
trouve les meilleurs films et les plus récents dans les rayons de nos
supermarchés. A un prix bien bas de moins de 18 dinars. Vu que les prix des
DVDs vierges ne cessent de baisser tout comme les graveurs de DVDs, tout
indique que d’ici une année, les DVDs piratés ne dépasseront pas les cinq
dinars.
Et puis, dernière nouvelle en date, depuis quelques semaines (pour ne pas
dire quelques jours), on propose des VCDs ! Le format VCD est, pour les
non-initiés, du pur produit pirate. Les lecteurs VCD sont d’ailleurs
interdits à la vente aux Etats-Unis et dans quelques pays Européens. Ce
format permet de mettre un film sur deux CDs au lieu d’un DVD. L’avantage
est qu’on peut lire ce format sur son lecteur DVD de salon sur un écran de
télévision au lieu d’un écran d’ordinateur.
Depuis quelques
mois, les prix des lecteurs DVD et VCD ne cessent de baisser pour être,
aujourd’hui, aux alentours de 80 dinars. Autre support bien répandu dans les
magasins : le DIVx. Ce format est encore meilleur que le VCD puisqu’il
permet d’enregistrer un film sur un seul CD et non deux. Quand on compare le
prix d’un DVD vierge (supérieur à cinq dinars) et d’un CD vierge (aux
alentours de 500 millimes) on comprend rapidement l’intérêt de ce format.
Son autre point fort, le téléchargement d’Internet et le temps de sa gravure
qui ne nécessitent quelques minutes seulement alors qu’il faut des heures
pour transformer un film téléchargé en DIVx en VCD. Et c’est en DIVx qu’on
peut trouver les films les plus récents. Un autre exemple : «la Passion du Christ» le film-événement de Mel Gibson était vendu à Tunis
à 1,5 dinar en même temps qu’aux Etats-Unis et avant même sa distribution
cinématographique en France ! Le film n’est d’ailleurs toujours pas proposé
en DVD en France et ne le sera certainement pas avant 2005 ! Seul hic avec le DIVx, il ne peut se lire que sur un ordinateur.
Mais les pirates et
ingénieurs asiatiques ne se découragent pas puisqu’ils proposent depuis
quelques mois un lecteur DIVx de salon. Son prix reste excessivement cher
pour le moment puisqu’il est proposé à Tunis à 1000 dinars. Mais d’ici
quelques mois, il ne tardera pas à baisser à 100 ! Et ce jour-là on pourra
également trouver des films neufs en DIVx dans nos grandes surfaces !
Que ce genre d’actes lèse les gros distributeurs et gros producteurs
hollywoodiens, c’est clair. Que cela lèse quelques jeunes férus
d’informatique Tunisiens, passe encore. Mais que cela nuit à l’image du pays
il faut, à notre sens, commencer à trouver une solution à cette industrialisation du piratage. Une
aussi grande transparence de l’illégalité dans les plus gros points de vente
du pays ne peut que nous nuire. L’intérêt de ces grandes surfaces étant
limité (le CA de la chanson et des films ne peut être aussi important que
cela d’autant plus que les prix pratiqués sont bien bas), elles peuvent donc
se passer de tels produits quand l’enjeu est tout simplement national !