Rapport annuel 2003 de la BCT : Entre image, lecture et diagnostic Par Khaled BOUMIZA
Aujourd’hui, lundi 6 septembre 2004, le gouverneur de la BCT M. Taoufik
Baccar, tiendra une conférence de presse pour parler du rapport annuel 2003.
L’institut d’émission fait un diagnostic complet de la situation économique
pour l’année en question. Voici l’année 2003, en quelques chiffres. Une
croissance de 5,6%, un revenu national par habitant de 3300 DT (+7,3% par
rapport à 2002), un déficit courant qui revient à 2,9% du PIB (contre 3,5%),
une dette extérieure ramenée à 13%, un déficit budgétaire hors privatisation
de 3,2% du PIB et une inflation de 2,7%. Des résultats positifs si l’on
considère l’environnement international dans lequel a évolué l’économie
Tunisienne. Un bilan qui reflète aussi la réactivité et la résistance de
notre économie aux chocs extérieurs, comme l’a notamment signalé le FMI,
grâce surtout à la diversification de l’appareil de production. Cela
n’empêche pas l’existence d’un certain nombre de points d’ombres.
Décélération de
l’industrie et évolution positive de l’investissement dans le commerce
L’année dernière, la croissance du secteur industriel et donc sa valeur
ajoutée dans l’économie, s’est située à 0,9% contre 3,2% en 2002 et 5,7% en
2000. Toutes les activités industrielles ont connu des baisses, sauf les
mines (3,1% contre une baisse de 2% une année auparavant). Parallèlement,
les investissements industriels ont baissé de 3,5%, une baisse que le
rapport de la BCT attribue à la contraction enregistrée dans les
hydrocarbures. Tous les chiffres de la participation des différentes
activités industrielles, hors énergie et à l’exception des IME et des MCCV,
dans le PIB (à prix courants), indiquent une nette décélération de l’intérêt
pour l’industrie dont la part au PIB revient de 29,3 à 28,1%. L’industrie
agroalimentaire et la chimie perdent 0,1 % et le textile cuir et chaussure
baisse de 0,5%. L’évolution de la valeur ajoutée du secteur des industries
manufacturières a ainsi baissé de 1,9 à 0,7%. La chute est plus importante
en comparaison avec 2001 où elle plafonnait à 6,9%.
En face, et même si l’on n’a pas d’informations détaillées sur l’évolution
de l’investissement dans le commerce, on remarque que son taux de croissance
réelle a gagné un point et s’est situé à 5,5% contre 4,5% en 2002. On sait
aussi, à ce propos, que la formation brute de capital fixe (FBCF), dans le
secteur du commerce et des services, ont évolué de 19,1% en 2003 pour
totaliser 763 MDT, contre 735 MDT en 2002 et 716 MDT une année auparavant.
Les hommes d’affaires Tunisiens seraient-ils entrain de privilégier le
commerce à l’industrie ? Les chiffres démontrent pourtant le contraire. Les
investissements consacrés aux industries manufacturières, ont en effet
progressé de 4,6% en 2003, pour s’établir à 1020 MDT. La progression a
surtout concerné les industries agroalimentaires, les matériaux de
construction, la céramique et les industries mécaniques et électriques. Par
investissement, s’entendent ici, aussi bien les investissements publics que
privés. Les privés y ont participé à hauteur de 56%.
On lit, dans le rapport de la BCT, qu’«après une quasi stagnation l’année
précédente, la FBCF a enregistré une décélération de 0,3% en 2003. (…) Ce
repli s’explique, principalement par la baisse des investissements dans les
secteurs de l’agriculture et de la pêche, de l’énergie, des transports et du
tourisme. Le taux d’investissement a ainsi continué à baisser pour revenir,
d’une année à une autre, de 25,2% à 23,3% du PIB». Petit baume au cœur, le
taux de financement intérieur des investissements, s’est amélioré pour
passer de 85,8 à 94,5% et ce notamment grâce à l’accroissement de 10% de
l’épargne nationale qui a totalisé 7109 MDT l’année dernière (contre un
total besoin en investissements de 8088,1 MDT).
Endettement des
particuliers : 3073 MDT en 2003 (+8,4%)
Plusieurs pages de ce rapport annuel de la BCT, ont été consacrés à la
distribution du crédit. L’instantané fait de l’état des crédits servis par
le système financier aux entreprises et aux particuliers est presque
exhaustif, s’il ne manquait la question de l’endettement des entreprises et
des grands groupes. On trouve, dans ce rapport, des iformations sur
l’endettement global des particuliers auprès des banques. Il a été évalué à
3073 MDT, en croissance de 8,4% par rapport à 2002. Il a représenté 14% du
total des crédits accordés par le système financier et a été principalement
dépensé dans l’acquisition et l’aménagement de logements, avec une baisse de
2,6% des dépenses pour les équipements ménagers et les véhicules.
L’ensemble des encours et crédits, servis par les banques s’est élevé en
2003, à 21,7 Milliards DT. Le chiffre est en augmentation de 5,7%. Les
entreprises faisant partie des grands groupes, continuent de bénéficier des
faveurs du secteur bancaire. Elles ont reçu l’année dernière 10,8 Milliards
DT. Peur du risque ou sagesse dans l’octroi du crédit, la part des crédits
accordés à ces entreprises, s’est certes accrue de 3,8%, mais elle ne
représente plus que 49,8% du total des encours, contre 50,7% en 2002 et
51,7% en 2001.
Est-ce l’effet des difficultés que rencontre le secteur bancaire ? Les
banques semblent en tout cas avoir «serré les boulons» côté crédits pour les
entreprises industrielles et de service. Les crédits relatifs à ces secteurs
ont enregistré un recul de 0,3% et les banquiers semblent privilégier
l’agriculture, peut-être moins risquée car couverte par l’Etat et liée à des
pratiques où le banquier a une plus grande maîtrise du recouvrement. Signe
des temps (difficiles que rencontrent les entreprises tunisiennes),
l’augmentation de 8% des crédits court terme et une décélération des crédits
moyens et long terme.
05 – 09 – 2004 ::
08:00
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