Siemens Tunisie compte élargir ses activités à l’énergie et au transport

Siemens Tunisie compte élargir ses activités à l’énergie et au transport

Interview réalisée par
Khaled BOUMIZA et R.B.H.

 

René Buchler, PDG de Siemens Tunisie est l’un des patrons étrangers les plus
dynamiques en Tunisie. Les 20 MDT de chiffre d’affaires de Siemens Tunisie,
pourraient en donner, si besoin est, la preuve. Avec son record de 12 années
passées en Tunisie, il est aussi, parmi ceux qui peuvent dire le mieux
connaître ce pays.

Avec le patron de la filiale Tunisienne de

l’équipementier

munichois, nous avons, bien sûr parlé des opérateurs télécoms, de l’UMTS
et des réseaux, de transport, d’énergie, d’électroménager, de l’aéroport d’Enfidha.

 


Il faut souligner que Siemens tient à consolider ses acquis avec ses
nombreux partenaires tunisiens

(notamment l’Etat)

et n’hésite pas à le dire et à faire tous les sacrifices nécessaires !

Interview


interview_29102004.jpgComment
va la vieille dame ?

Il est presque impossible de donner des chiffres exacts, vu que la clôture
de l’exercice vient de s’achever. Le plus important à dire est que le
chiffre d’affaires de Siemens est en croissance par rapport aux exercices
antérieurs. Le bénéfice est aussi en croissance par rapport aux exercices
précédents et nous continuons à gagner des parts de marché. La vieille dame
est donc bien en bonne santé.

Quelles sont les
branches en croissance ?

En principe, le mot d’ordre qui est donné aux 13 divisions de Siemens est
d’avoir une croissance annuelle de 10% en volume avec pour but avoué de se
positionner dans chacun des métiers en tant que numéro un mondial ou, au
pire, numéro deux. Notre management cite la coupe du Monde du Japon dont
tout le monde a encore à l’esprit . On se souvient du premier et du deuxième
gagnant de cette coupe, mais se souvient-on du troisième ?

Avec l’ancien management, l’objectif était de se positionner parmi les
quatre premiers ! Maintenant, on voudrait occuper soit la première soit la
seconde place dans chacun des métiers. Chacun est appelé à fournir les
efforts nécessaires pour y arriver . Nous avons des champions, mais nous avons
aussi des soucis. Les champions sont les branches médicales, la production
d’énergie, l’automatisme (en pleine expansion et d’excellentes prestations).
Les télécoms restent parmi les branches à problème, qui restent un domaine
encore difficile, ainsi que celui des transports. Deux divisions qui exigent
qu’on fournisse des efforts pour assurer la croissance et la rentabilité.
Nous y travaillons d’arrache pied pour les positionner là où il faut.

Comment va la petite
fille de la vieille dame en Tunisie ?

Nous consolidons nos chiffres. Nous sommes au-delà des exigences. Notre
croissance est supérieure à 10% et nos résultats sont supérieurs aux
exigences de notre maison mère. Nous faisons localement un chiffre
d’affaires de 20 millions de dinars, un résultat brut d’exploitation de 10%
et un résultat net après impôts qui tourne autour d’ un million de dinars.

Qu’est-ce la fusion
Siemens.com ?

C’est la fusion de la division Networks avec la division mobile. Ces deux
divisions représentent 25% du chiffre du groupe, donc 17 milliards d’euros
et un effectif de 60.000 personnes. L’intérêt de cette fusion est de mettre
ensemble les synergies du fixe et du mobile qui avaient leurs clientèles
propres et leurs métiers. Nous sommes aujourd’hui capables de construire sur
les trois piliers : les terminaux, les réseaux d’opérateurs et la
communication d’entreprise (téléphonie) , des modèles taillés sur mesure
pour notre clientèle que ce soit des opérateurs ou des entreprises.

Vous avez été les
premiers à mettre en place un réseau UMTS mobile dans le monde, mais on
remarque aujourd’hui l’absence de l’UMTS Siemens en Tunisie, ce qui a laissé
la place aux réseaux expérimentaux d’Alcatel, d’Ericsson, de Huaweï et de
ZTE. Pourquoi ?

Il n’y a pas d’ absence de Siemens dans l’UMTS en Tunisie. En la matière,
nous avons les réseaux qui ont le plus de succès dans le monde et nous
sommes classés en tête des entreprises. Nous sommes très intéressés par le
développement de l’UMTS en Tunisie où il y a à faire des études et une
veille technologique et tout un programme administratif à commencer par le
lancement de la licence. Nous verrons s’il y a un opérateur privé, un
troisième…

Nous parlons d’un
réseau expérimental pilote pour le prochain SMSI !

Amener encore de la quincaillerie supplémentaire ? A quoi cela sert ? Nous
pensons que Tunisie Télécom a déjà fort à faire avec quatre réseaux pilotes.
Nous tenons à la disposition des opérateurs, les applications et les
contenus nécessaires qui leur permettront de juger de la qualité de nos
équipements. Cela dit, tester techniquement la technologie n’est pas le
souci majeur des opérateurs qui pensent aux retours sur investissements
grâce au contenu et des services innovants que le client peut prendre. Nous
sommes aujourd’hui dans une situation de compétitivité et l’UMTS n’est pas
un jouet technologique, mais un produit de différenciation.

Etes-vous en bons
termes avec les opérateurs Tunisiens ?

Nous maintenons d’excellents rapports avec les trois opérateurs tunisiens
(Tunisie Télécom, Tunisiana et Divona NDLR) qui sont tous nos partenaires.
Avec eux, nous discutons des opportunités, de ce que nous pouvons leur
apporter pour avancer. Il y aura certainement des projets pilotes UMTS pour
le SMSI, mais ce qu’il faut savoir, c’est que les autorités doivent lancer
la licence et que cette licence doit intéresser les opérateurs si elle est
rentable. Il faudrait donc discuter, pour voir quelle est la formule qui
servirait à l’environnement Tunisien et qui intéresserait les consommateurs.

Quelles sont les
conditions pour que l’UMTS soit rentable et attractif ?

Nous attendons les premiers résultats de l’UMTS dans le monde. La première
application UMTS lancée par Vodafonce concerne l’internet vu que les
terminaux téléphoniques ne sont pas tout à fait prêts. La Tunisie
suivra-t-elle le même chemin ? Nul ne le sait encore . Peut-être que d’ici
là, il y aura d’autres applications qui intéresseraient les Tunisiens. L’UMTS
à lui seul, selon moi, ne sera pas le remède miracle pour tous les maux. Il
faut une combinaison entre toutes les technologies. Un jour, il ne sera plus
question de RTC, WIFI, UMTS, etc, il ne sera question que de services à haut
débit fonctionnant sur le mobile. Derrière cela , l’opérateur aura une
panoplie de technologies qu’il utilisera selon les besoins de ses clients.
Pour une application donnée, une technologie servira préférablement à une
autre et que l’opérateur devra combiner. L’utilisateur ne devra pas avoir à se soucier d’être dans un réseau UMTS,
WIFI ou WLAN. Il a commandé un service à son opérateur et celui-ci devra le
lui fournir sans interruption avec une excellente qualité de service.

Où en êtes-vous avec
Divona et pourquoi ne lui avez-vous pas vendu la liaison satellitaire ?

Nous sommes avec Divona dès le début et c’est notre partenaire pour la
réalisation de son réseau. Nous n’avons pas vendu de liaison satellitaire (ADSL
in the Sky) parce que nous n’en avons pas ! (Divona l’a acheté chez Alcatel
– NDLR). Ce que nous faisons avec Divona et ce que nous voulons faire dans
la mesure la plus large possible est le raccordement des abonnés. Pour
l’instant, nous avons deux liaisons expérimentales avec Divona, l’une avec
Siemens et l’autre aux Berges du Lac dans un cyberparc ouvert à l’occasion
des élections.

Siemens
a toujours été un fournisseur de rames de métro au ministère Tunisien du
Transport. Aujourd’hui, il a été supplanté par le Français Alstom qui lui a
été préféré. Pourquoi ce recul ?

Siemens a réalisé depuis près de 25 ans et pratiquement en monopole, le
réseau du métro-léger de Tunis que ce soit pour l’infrastructure ou pour le
parc roulant. Aujourd’hui, pour la première fois, il y a un concurrent qui
entre en jeu. Ce n’est pas parce que nous sommes sortis du jeu. Ce qu’il
faudrait savoir, c’est que le réseau du métro de Tunis est d’une longueur de
70 kilomètres et que l’appel d’offres que vous évoquez concerne 15
kilomètres seulement. Nous restons donc dans la course à 80%. En matière de
voitures, il y a deux cents rames circulant actuellement et la concurrence
ne touchera qu’une trentaine de rames, soit 15% seulement.

Pour l’appel d’offres, Siemens était incapable d’obtenir de libérer des
fonds publics subventionnés, alors qu’Alstom a pu libérer des crédits
gouvernementaux, ce qui l’a favorisé pour ce marché (ce qui n’est pas
contraire à la réglementation de l’Union Européenne – NDLR). Il faudrait
souligner aussi que le transport n’est pas un produit rentable. Avec le
transport scolaire et social, c’est un produit de développement et non un
produit profitable. Je crois que quand on allie un intérêt de développement
avec un intérêt de sauvegarde d’une entreprise, cela joue aussi dans les
contrats. Nous sommes bons joueurs et acceptons cette concurrence et
attendrons de voir si Siemens décroche le prochain contrat ou si elle
n’arrive pas à offrir une excellente prestation à la Société Tunisienne du
Transport (STT) qui reste un excellent client que nous allons continuer à
soigner . Nous voulons que ce partenariat débouche sur d’autres affaires,
mais si les affaires vont à d’autres, il faudrait sauvegarder ce qu’il y a
de fondamental entre nous. Nous avons un capital très important avec la STT
qu’on doit maintenir sur toute la durée de vie du métro (30 ans). Nous
voulons aider la STT à exploiter son capital sur toute sa durée de vie et
nous acceptons la concurrence.

On voit de plus en
plus de marchés échouer chez le Chinois Huaweï et maintenant ZTE. Que
pensez-vous de cette concurrence et ne pensez-vous pas la présence de cinq
équipementiers sur un petit marché comme la Tunisie, c’est beaucoup ?

Je ne peux pas répondre à la place des opérateurs sur cette question. Il
faut voir leur stratégie de développement de réseaux , leurs contraintes et
les règles des marchés publics. Pour la transparence, la Tunisie a opté dans
ses marchés publics aux moins-disants. Dans ce cadre, nos concurrents
chinois, qui sont dans une logique de pénétration de marché, ont une
politique de coût différente de la nôtre. Nous sommes sensibles à
la situation et observons la pénétration des Asiatiques sur le marché
Tunisien et agissons au-delà de ce qu’on peut faire en matière de réduction
des coûts pour maintenir nos relations avec nos partenaires Tunisiens. Il
n’y a rien à dire, nous connaissons le marché et nous essayons de les
concurrencer dans la mesure du possible. Nous ne pouvons que gagner avec
plus de sérieux et plus de stratégie de satisfaction client. Les clients
restent cependant libres de leurs choix.

Vous avez évoqué
l’élargissement des activités de Siemens Tunisie à l’énergie. Qu’en est-il ?

 
Comme partout dans le monde, l’activité de Siemens repose sur trois piliers
: communication, énergie et transport. Ensuite, il y a le reste : médical,
etc. Siemens est cruellement absente en Tunisie en matière d’énergie. Nous
avons gagné, il y a quelques années un appel d’offres de la STEG pour la
réalisation d’un réseau de distribution de tension avec un grand nombre
d’articles. Avant et pendant 25 ans, nous sommes restés absents. Notre
volonté est affichée : devenir des partenaires de la taille de nos
concurrents que sont Alstom et General Electric. Nous voulons être dans la
production (gagner des centrales) et dans la distribution (haute et moyenne
tension) et créer un flux d’affaires permanent qui permettra de construire
un deuxième pilier.

Vous avez été
présents à Nafta 3 et vous avez eu des discussions avec le ministre du
développement à propos d’un projet d’électroménager Siemens. Vous avez
évoqué quelques autres projets où Siemens voudrait se positionner. Qu’en
est-il ?

Le département électroménager de Siemens n’est pas une activité du corps
Siemens. C’est une filiale de Siemens, en joint-venture parfaite (50-50)
avec Bosch. Comme toutes les mères , il est de notre intérêt que nos filles
aient le plus de soutien possible quand elles travaillent. Nous avons
encouragé Bosch/ Siemens pour installer une unité de production en Tunisie.
Le projet avance bien du côté allemand (budgets nécessaires alloués). Notre
réflexion cible un certain nombre de produits dans chaque gamme sous le
label Bosch ou le label Siemens.

Il y aura un
partenaire Tunisien dans ce projet ?

On aimerait mettre à contribution nos partenaires Tunisiens pour l’accès au
marché (distribution). Bosch-Siemens aimerait cependant que la production
reste entre ses mains. L’usine serait destinée à alimenter tout le marché
maghrébin et ne devrait pas se situer loin de Tunis. Beaucoup de points
nécessitent encore des explications. Nous sommes par ailleurs ouverts à tout
partenaire qui pourrait nous donner un plus, nous sommes persuadés que la
distribution doit être faite avec un partenaire Tunisien, mais vu que nous
maîtrisons parfaitement la production, nous préférions être seuls.

Quels sont les autres
secteurs abordés à Nefta 3 ?


Transport, Energie. Nous avons brièvement abordé le sujet de l’aéroport d’Enfidha
où Siemens a de bonnes opportunités à offrir en tant qu’équipementier. Notre
apport potentiel consiste à attirer d’éventuels investisseurs. Siemens
voudrait être l’un des promoteurs de ces projets avec des investisseurs amis
et il a présenté des candidats sérieux.

Ce n’est pas ADP qui
aurait le plus de chances dans ce projet ?


Pour qu’il ait le plus de chances, il faudrait qu’il ait au moins un
challenger !

 

 

1er – 11 – 2004 ::
07:00

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