La Star, une étoile qui ne brille plus !
Par Khaled BOUMIZA
Finalement, et
plusieurs mois après la clôture de l’exercice 2003, l’assureur et
réassureur public, la STAR tient son assemblée générale ordinaire.
On n’a pourtant pas entendu parler d’une sanction du CMF. Au contraire, l’un
des intermédiaires boursiers qui était présent nous demande même de
«faire un article positif» !
Conformément au règlement, M. Abdelkarim Merdassi PDG de la compagnie, ouvre la
réunion en attribuant la responsabilité de ce retard d’au moins 7 mois à
l’administration, en l’expliquant par le fait que le plan de restructuration n’a été
visé que le 3 juillet dernier. Rien ne sera donné pourtant aux actionnaires,
sur ce plan de restructuration et sur les perspectives de l’entreprise qui
court, théoriquement, un grand danger. En effet, pris dans l’absolu, le
chiffre ne voudrait peut-être pas dire grand-chose, il n’en est pas moins
vrai que le capital social de la STAR est de 15 MDT et que son déficit pour
l’exercice 2003 est à peu près égal à son capital et si l’on
considère que des insuffisances de provisions sont assimilés à des pertes,
les choses prendraient une autre tournure !
107,6 MDT d’insuffisances de
provisions …
en hors bilan !
Cet exercice s’est en effet soldé par un déficit de 14,030 MDT (contre 0,2 MDT en 2002 et 0,134 MDT en 2001), que l’entreprise explique par «un effort» de provisionnement de 7,5 MDT. Quand bien même cet effort n’existerait
pas, le résultat net restera toujours déficitaire ! A cela, il faudra bien
sûr ajouter le manque de provisions de 107,6 MDT en hors bilan. Cette
question a d’ailleurs été discutée au de l’AGO. Certains actionnaires et
intermédiaires ont en effet trouvé, pour le moins anormal qu’on mette une
somme
aussi importante de sous provisionnement, en hors bilan. Ce à
quoi le commissaire aux comptes répond en indiquant qu’il
s’agit là d’une interprétation du règlement en la matière.
Le même expert, se bornera à indiquer dans son rapport et sans aucune forme de
détail, que «nos travaux d’audit de l’exercice 2002, ont permis de
constater une insuffisance de provision pour sinistre automobile à payer (…)
L’impact de cette insuffisance sur les états financiers existe toujours».
Il y a pourtant des normes comptables qui déterminent le classement des
provisions et il semblerait, selon des sources professionnelles, que ces
normes n’auraient pas été respectées. Contacté, le commissaire aux comptes n’a
pas donné de réponse! Le management de la société a de son côté rappelé que
cette mise en hors bilan du manque de provisions, date de 2002 et a été fait
«par autorisation du ministère des finances». Les dirigeants de
l’entreprise ont ainsi décidé de continuer, sur la même voie, pour
l’exercice 2003 et
rappellent à cet égard qu’il s’agit d’une «interprétation» des normes
comptables.
Concernant le bilan 2003, le management de la Star n’y trouve que du bon et
du positif, «Ces résultats cachent une importante amélioration au niveau de
la gestion» soutient M. Merdassi qui cite à ce propos «l’effort de
provisionnement, la moyenne annuelle des pertes, de 1999 à 2003, qui n’est
plus que de 23 MD et l’amélioration des résultats techniques». Les
documents distribués lors de cette AGO, citent même 11 points positifs (ils
n’en citent pas un de négatif). On y trouve ainsi l’augmentation de 2,7 % du
chiffre d’affaires, la progression de 6,8% des produits nets financiers, une
baisse de 5% dans le règlement des sinistres et une maîtrise de
l’évolution du chiffre d’affaires de la branche automobile.
On y trouve
aussi que l’autre composante du capital, «autres capitaux propres», par
ailleurs en baisse constante depuis l’an 2000 et qui devient déficitaire de 2,5 MDT en 2003,
une trésorerie négative de
3,5 MDT et qui s’aggrave d’année en année (-2,4 MDT en 2002) et une
marge de solvabilité négative (-133 MDT), un ratio jugé «non respectueux des normes prudentielles» en la matière.
Un plan de
restructuration
Le reste, c’est une profusion de chiffres et de termes techniques que ne
comprendraient que très peu d’actionnaires et des chiffres noyés dans une
phraséologie, trop savante pour l’actionnaire ordinaire. N’est-il pas temps
d’exiger des sociétés cotées, des bilans lisibles et faciles à décrypter ?
L’actionnaire présent à cette AGO ne saura, par ailleurs, rien du plan de
restructuration. Cette restructuration sera-t-elle financière ou sociale ?
On laisse échapper qu’elle durerait 5 années, mais on ne donnera aucun des détails
de ce plan et des moyens à mettre en oeuvre pour résorber les 107,6 MDT de manque de
provisions. Ce plan de restructuration a pourtant déjà été approuvé en
juillet dernier, si l’on en croit M. Abdelkarim Merdassi ! Tout ce qu’on a pu
savoir, c’est la volonté de recourir, pour cela, à une prochaine
augmentation du capital.
Pour cette année donc, pas de dividendes à distribuer et si l’on extrapole,
en tenant compte du délai prévu pour la réalisation du plan de restructuration
(5ans), il devrait en être de même pour les dividendes pour les cinq prochaines années.
Ce n’est évidemment pas le commissaire aux comptes qui dirait le contraire;
M. Moncef Boussanouga a, en effet, annoncé que «l’année 2004 ne sera pas
bénéficiaire».
A la bourse, l’action Star a perdu de son éclat et ne brille
plus de mille feux. Après les 16 DT de l’année 2001, elle a plafonnée en
2003 à 9,4 DT et a même atteint un plancher proche des 5 DT.