La Tunisie souffre d’un déficit d’investissement privé

Par : Autres

La Tunisie souffre d’un déficit d’investissement privé

Par Khaled BOUMIZA

 

iace_26112004.jpgOn ne le manquerait presque sous aucun prétexte, ce rendez-vous annuel de
tout ce que compte la Tunisie en gotha économique et financier, que sont les
journées de l’entreprise qui se déroulent actuellement, comme chaque année
en pareille période depuis presque deux décennies. Tant pour la qualité des
présents, en hommes d’affaires, décideurs économiques, argentiers,
responsables et hauts cadres de l’Etat et d’universitaires, que par la
pertinence des thèmes et leur caractère, parfois visionnaire, ce conclave de
l’IACE reste un rendez-vous incontournable.

Cette année et en l’absence du premier ministre chargé par le chef de l’Etat
de conduire la délégation Tunisienne au sommet de la francophonie,
c’est au tour du thème de «l’entreprise, l’investissement et la
compétitivité
» que les 19ème journées de l’IACE de Chakib Nouira
réunissent pas moins de deux ministres (Afif Chelbi dont ce sera le baptême
de feu ou le baroud d’honneur), le gouverneur de la BCT, le président du
patronat Tunisien et un aréopage d’universitaires.

C’est en baisse et ça continue de baisser

Doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) de Tunis,
Mohamed Haddar, présente le premier «papier» proposé à la discussion et
il est loin d’être inintéressant. Sous le titre évocateur de «l’investissement privé, source de richesse», ce papier de 16 pages, ne
manque pas de tendance didactique
(définitions et exemples n’en sont pas absents) si chère aux universitaires.
On y apprend tout de même (et le dire devant les plus connus du secteur
privé représente tout de même un bon signe de ces temps de changement), que
la Tunisie souffre d’un déficit d’investissement privé.

 

«L’investissement privé est relativement faible, par rapport aux normes
internationales et prive la Tunisie d’une croissance dynamique et d’une
création d’emplois plus rapide
», affirme M. Haddar. Et ce dernier
d’ajouter que «l’investissement privé ne représente plus que 13 à 13,5 %
du PIB alors qu’il dépasse les 25 % dans les pays à forte croissance
(…)
et la part de l’investissement privé augmente dans le temps, mais reste
en deçà des attentes
», avec un rapport entre privé et public de l’ordre
de 1,24 entre 2002 et 2003, toujours selon le même orateur.

 

Les responsables
de l’IACE, Chakib Nouira le président et Slim Zarrouk le responsable de la
cellule des jeunes promoteurs, tous deux représentants du secteur
privé, n’ont pas nié ce déficit dans leurs allocutions d’ouverture.

Ce qui est plus dangereux, dans ce constat de toutes les vérités, c’est que
le taux de l’investissement, en Tunisie, continue de baisser. De 26,3 en
2000, il passe à 26,2 une année plus tard et à 25,2 en 2002, puis à
seulement 23,3 en 2003. Mieux, «l’investissement manufacturier indique
une nette tendance à la baisse
». Il est en effet passé de 4% du PIB au
début des années 90, à environ 3,2 en 2002 et 2003 et «sera inférieur à
3%, si la tendance des 4 premiers mois 2004, se confirme
». Les
intentions d’investissements déclarés durant le premier trimestre 2004 dans
les secteurs des industries manufacturières et des services, nous informe
aussi le directeur de la FSEG, ont régressé de 22,1%» !

Parallèles, explications, peurs et attentisme

Tout au long des interventions qui seront présentées dans la première
matinée des journées, les orateurs tenterons de faire le lien entre
l’investissement et la compétitivité, ce qui donnera plus de poids à ce «triste constat» de la faiblesse de l’investissement privé.  Abdelfatteh
Ghorbal, autre universitaire de Sfax, égrènera les résultats d’une étude
originale sur les facteurs de la compétitivité et la relation croisée entre
l’investissement dans des secteurs de l’agriculture, l’industrie et des
services; l’investissement dans la formation, l’innovation et la
compétitivité. Il en ressort essentiellement une vision encore très
matérielle de l’investissement et partant d’une vision basique des facteurs
de la concurrence.

Nos chefs d’entreprises, investissent encore plus volontiers dans les
équipements (86 sur les 118 objets de l’étude) et les ressources humaines
(64 sur les 128 chefs d’entreprises), que dans la recherche et
le développement (30 sur 120 et seuls 18 sur les 126 questionnés déclarent
posséder une unité de recherche) ou dans la veille technologique (36 sur les
126). Des activités qui représentent pourtant les nouveaux paliers de la
compétitivité pour les économies émergentes telles que la Tunisie et où les
facteurs traditionnels de compétitivité par le salaire et la qualité de la
main d’œuvre ont de plus en plus tendance à s’estomper.

Les hommes d’affaires Tunisiens, préfèrent expliquer ce «délit» (le mot
est peut-être assez fort, mais il s’impose au vu des conséquences sur la
croissance et l’emploi) de rétention de l’investissement, par «les
incertitudes au niveau international, renforcées par la fragilité de
certains secteurs
», et aussi par le climat de l’investissement, non
suffisamment adapté aux exigences de l’économie mondiales».

De vieilles
peurs
de la libéralisation (encore !?) de la situation financières de certains
groupes (Un ange endetté passe par-dessus les têts comme dirait un romancier
Français de polars bien connu), seront évoqués.

 

Des demandes, à peines voilées, sont faites au sujet du coût du crédit,
de la nécessaire révision des conditions et des coûts des procédures
administratives, qui risqueraient de peser lourd sur les marges des
entreprises.
Les «carences» de l’administration et les «pouvoirs discrétionnaires» du
système douanier n’ont pas été du reste, ni d’ailleurs certains cadres
législatifs et réglementaires tels que ceux relatifs à la fermeture des
entreprise et au licenciement. Peut-être que de la discussion sortiront des
propositions et des réponses ! Inchallah !

 

 

26 – 11 – 2004 ::
12:00

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