Entreprises
Le
malentendu de l’innovation
Dans une enquête toute récente menée par le Pr Abdelfattah Ghorbal (FSEG-Sfax)
entre avril et octobre 2004 sur un échantillon de 130 entreprises, il
apparaît que les entrepreneurs tunisiens n’ont pas encore une idée assez
claire du statut de l’innovation dans leur propre survivance.
Ce malentendu de statut est d’autant plus étonnant que toute la littérature
circulant partout dans le monde sur le sujet est catégorique : «Point de
salut sans innovation». Non pas que les entreprises interrogées par
l’enquêteur ne croient pas aux vertus de l’innovation, mais c’est au détour
de l’action qui doit en être colorée que le bât blesse. Nous constatons
ainsi que 106 entreprises sur les 130 (c’est-à-dire la grande majorité)
pensent que l’innovation a un impact incontestable sur la compétitivité de
l’entreprise. C’est excellent mais, déjà, on se demande pourquoi les 24
restantes pensent le contraire.
Venons en à l’action. Et là, on se rend compte que seulement 10 entreprises
(donc une très faible minorité) se considèrent comme fortement innovantes.
Ce n’est pourtant pas ce que l’on pourrait penser car, dans le détail, on
découvre que seule une fraction de ces entreprises sont innovantes dans le
produit. Quant aux autres, elles se considèrent innovantes soit par
l’acquisition de nouvelles techniques de commercialisation, soit par la
maîtrise de nouveaux procédés de fabrication et une meilleure organisation.
Le malentendu semble tout à fait clair car nos entreprises semblent ne pas
avoir compris que l’innovation est simplement ce qui vous donne une longueur
d’avance sur le marché, un produit matériel ou immatériel qui s’impose parce
qu’il est, pour un certain temps, unique ou possédant au moins un côté
unique. C’est le fruit de la recherche et développement, le produit d’un
investissement souvent lourd consenti, justement, pour tenir le haut du
pavé.
Quant aux «innovations» dans la commercialisation et les processus de
production, elle sont certainement déterminantes puisqu’elles facilitent la
vie du chef d’entreprise et compriment ses dépenses. Pourtant, elles
relèvent plus de la gestion moderne de l’entreprise où le but est de mieux
fonctionner que de l’innovation où l’ambition est de tenir une pole
position.
Maryam OMAR
18- 12 – 2004 ::
07:00
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