Nous avions, il y a quelques jours, le 13 décembre 2004,
publié un article sur une société faisant appel public à l’épargne et
cotée en bourse, la Sotetel. Le même jour, le management de l’entreprise
tient, dans ses murs, une réunion avec les intermédiaires en bourse. Au
contraire de toutes les séances de communications financière, au siège de
l’AIB, on n’y a pas été invité. Nous avions quand même cherché à rencontrer
le management de l’entreprise, pour essayer de trouver des réponses aux questions
évoquées par notre articles et qui résumerait les craintes et attentes de
l’actionnariat de cette entreprise.
Ce dernier nous reçu. «Tendancieux» (Qui est motivé par un parti pris, une
intention secrète ou une arrière pensée selon le dictionnaire) a été
l’adjectif par lequel, le management sortant de la Sotetel a qualifié notre
article, mais aussi de «non professionnel» et essayant de cacher certaines
vérités, telle la baisse de 35% du résultat au premier semestre 2004.
L’effet du retard de 2 marchés de Siemens et de Huwaei !
Aucune remise en question des chiffres et des informations qui sont contenus
dans l’article ne nous a pourtant été signalée, avant que le dirigeant
sortant ne
nous signifie brusquement que l’entrevue prenait fin. Nous parvenons
néanmoins à nous faire remettre une photocopie des visuels projetés lors de
la réunion avec les intermédiaires.
Selon ce document, qui essai d’expliquer ainsi les mauvais résultats de
2004, «progressivement, mais d’une manière plus accélérée, l’environnement,
les conditions d’attribution des marchés et la taille du réseau et de son
niveau d’équipement ont aboutit à la baisse conjoncturelle de l’activité des
réseaux publics, à l’augmentation des prix des matières premières (le cuivre
essentiellement croyons-nous savoir), à l’intensification de la concurrence
directe sur le segment des communications d’entreprises et des RLA, agissant
sur les prix ».
Cela a aussi aboutit, selon le même document, que le management sortant ne
nous décodera pas, à «l’apparition d’une concurrence indirecte, suite à
l’intégration par des fournisseurs, d’une partie des travaux de mise en
œuvre de commutation et de réseaux mobiles et à l’introduction croissante de
nouvelles technologies entraînant une baisse de volume de travail et du coût
de déploiement». On
réussira à comprendre que le résultat de 2004 portera fortement l’empreinte
du retard des deux marchés, en commutation, de l’allemand Siemens et du
Chinois Huwaei.
Le document annonce ensuite une situation, qui reprend en fait l’essence du
communiqué du 25 novembre 2004, bâtie sur les réalisations au 30 septembre.
Des réalisations dont il ne dira mot et il a complètement raison puisqu’ils
s’agit de chiffres non certifiés. Mais des réalisations qui permettent déjà
d’annoncer «une baisse des produits d’exploitation prévisionnels, une
baisse de 7% pour le chiffre d’affaires, un accroissement de 80% des charges
financières (leasing) et une baisse du résultat avant impôt prévisionnel de
55%, malgré une maîtrise des charges d’exploitation prévisionnelles de 6%”.
Notre hôte répétera que cette situation, décriée dans le communiqué du 25
novembre, n’est que conjoncturelle et que les fondamentaux de l’entreprise
sont bons et qu’elle va donc bien !
De la théorie du «Profit Warning»
Pour toute réponse, le management sortant de l’entreprise prendra appui sur
le concept du «profit warning» qui obligerait les entreprises cotées
d’informer de tous les événements qui risqueraient d’influencer le cours de
l’action de l’entreprise et
se drapera dans le satisfecit qui lui aurait été accordé, à ce propos, par le
CMF qui aurait, à cette occasion, plébiscité le souci de transparence du
management de l’entreprise. Quand au caractère soudain et brusque du
communiqué dont l’incidence a été immédiate sur l’action Sotetel (Voir
graphique ci-dessous), le management sortant l’a expliqué par son soucie «d’aller plus
vite que les indiscrétions qui pourrait sortir du conseil d’administration»
et de sortir une information (plutôt des prévisions) officielle.”
Cette
communication a-t-elle été bonne pour l’action de l’entreprise. Son cours,
jusqu’au 15 décembre 2004, donne la réponse et ni l’entreprise, ni le marché
de la bourse n’avaient, peut-être, besoin de cela. Que serait devenu
l’action de Tunisair, si son
management avait appliqué cette théorie du Profit warning ?
Aurait-elle assez résisté à la bourse pour profiter du redressement
spectaculaire de sa situation financière ? Que seraient devenues d’autres
valeurs, passées par de pareilles conjonctures et en sont sorties pour avoir
préféré d’autres méthodes de communication et d’autres manières, plus
calmes, d’appliquer le concept du «Profit warning» ?